Mise en garde contre le « prosélytisme » catholique et protestant
Istanbul/Rome, 16 mars(APIC) Les participants à la rencontre des chefs des
Eglises orthodoxes du monde entier (neuf patriarches et cinq métropolites
et archevêques) qui s’est tenue à Istanbul sous la présidence du « primus
inter pares » de l’Eglise orthodoxe, le patriarche oecuménique de Constantinople Bartholomée Ier, ont dénoncé dimanche le « prosélytisme » de certains
« milieux à l’intérieur de l’Eglise catholique romaine » et de certains courants « protestants fondamentalistes ». Malgré ces reproches, à l’instar du
Patriarche Bartholomée, le patriarche Alexis II de Moscou, présent à la
rencontre, a plaidé pour la poursuite du dialogue avec le Vatican.
Les 14 primats orthodoxes, dans un message de 7 pages portant la date du
15 mars, Dimanche de l’Orthodoxie, dénoncent le fait qu’après la chute du
communisme athée en Europe de l’Est – une époque durant laquelle de « nombreuses Eglises orthodoxes ont été terriblement persécutées » – les pays
traditionnellement orthodoxes ont été considérés comme des « territoires de
mission ». « Nous avions attendu un soutien fraternel, ou du moins de la compréhension face à la difficile situation créée après 50 voire 70 ans de
persécutions sans pitié », écrivent-ils. Cette situation, sous de nombreux
aspects, est tragique pour les Eglises orthodoxes concernées, tant du point
de vue des ressources économiques que des ressources pastorales.
Les uniates dans la ligne de mire
Au lieu de cheminer, comme souhaité, vers l’unité des chrétiens, déplorent les responsables orthodoxes réunis trois jours durant au Phanar, siège
du Patriarcat oecuménique à Istanbul, des réseaux missionnaires sont mis
sur pied dans les pays traditionnellement orthodoxes et le prosélytisme y
est pratiqué avec toutes les méthodes qui ont été condamnées et rejetées
depuis des décennies par l’ensemble des chrétiens. Le message fait mention
et condamne « en particulier les activités des uniates rattachés à l’Eglise
de Rome en Ukraine, en Roumanie, en Slovaquie orientale, au Moyen-Orient et
ailleurs dirigées contre notre Eglise ».
Cela, poursuivent les responsables orthodoxes, a créé une situation incompatible avec l’esprit du dialogue dans l’amour et la vérité qui a été
lancé par les responsables chrétiens, le pape Jean XXIII et le Patriarche
oecuménique Athénagoras Ier. A propos de certains fondamentalistes protestants qui considèrent les pays orthodoxes qui sortent du joug communiste
comme « terra missionis », le message du Phanar considère cette attitude comme inacceptable, étant donné que l’Evangile y est déjà prêché depuis de
nombreux siècles.
« C’est à cause de leur foi dans le Christ que les fidèles de ces pays
ont souvent sacrifié jusqu’à leur propre vie ». Les orthodoxes condamnent
donc absolument le prosélytisme dans les nations déjà christianisées,
qu’ils distinguent clairement de l’évangélisation et de la mission dans les
pays et parmi les peuples non-chrétiens, considérées comme un devoir sacré
de l’Eglise. Durant leur rencontre de la fin de la semaine dernière, les
primats orthodoxes ont également appelé les fidèles orthodoxes à une spiritualité plus profonde ainsi qu’à l’unité canonique.
Appel à l’unité et à la solidarité entre Eglises orthodoxes
« Malheureusement, notent-ils, cette unité est souvent menacée par des
groupes schismatiques qui font concurrence à la structure canonique de
l’Eglise orthodoxe », dans une claire allusion entre autres à l’Eglise
ukrainienne autocéphale, qui fait une dure concurrence à l’Eglise ukrainienne autonome dépendant du Patriarcat de Moscou, et à l’Eglise russe
hors-frontières, qui ouvre des paroisses dans la juridiction du Patriarcat
de Moscou. Le message du Phanar dénonce ces groupes schismatiques et demande aux autres Eglises orthodoxes de s’abstenir de toute communion avec eux
où qu’ils soient « jusqu’à qu’ils retournent ».
A propos du mouvement oecuménique, les responsables orthodoxes soulignent qu’ils désapprouvent fortement certains développements récents dans
des Eglises membres du Conseil oecuménique des Eglises (COE), comme l’ordination sacerdotale des femmes, « qui créent de sérieux obstacles à la restauration de l’unité des chrétiens ». Evoquant la « confrontation fratricide »
entre Serbes et Croates en Yougoslavie, les responsables orthodoxes
demandent que l’on évite l’exploitation des sentiments religieux dans des
buts politiques et nationalistes.
Dans un premier commentaire, Radio Vatican a relevé les « dures accusations » du communiqué final du Phanar et remarqué que les chefs orthodoxes
n’avaient pas dit un mot à propos d’une éventuelle co-responsabilité de
leur Eglise dans les tensions interreligieuses qui secouent l’Ukraine.
(apic/cic/com/be)
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