Jean 19, 20 -31
Thomas était déjà absent le soir de Pâques, lorsque le Seigneur sans ouvrir les portes vint conforter ses disciples apeurés, emmurés dans leur cénacle. Lorsque ces derniers s’avisent de raconter à leur collègue cette surprenante rencontre qui les avait comblés de joie, Thomas ne se laisse pas démonter. Esprit positif et même positiviste, il ne se fie qu’à ses mains et ses yeux. Surtout pas aux racontars, fussent-ils émis par ses meilleurs amis. Goguenard, il leur dit vouloir expérimenter lui-même cet étrange phénomène et en tirer les conclusions qui s’imposent. Rationnelles, évidemment, et non pas fumeuses comme les propos de cette poignée de femmes passablement hystériques qui depuis la Galilée courent derrière Jésus.
Huit jours plus tard, notre homme doit se rendre à l’évidence. Plus question pour Thomas de faire passer ce mort vivant par les éprouvettes de son laboratoire. Plus question de jouer au médecin légiste ou à l’exégète historico-critique. Est pris qui croyait prendre. Le corps de Thomas est invité à ne faire qu’un avec le corps meurtri mais ressuscité de celui qu’il appelle son Seigneur et son Dieu. En un clin d’œil, notre apôtre comprend pour l’avoir éprouvé dans sa propre chair que Jésus ne survit qu’à travers ses plaies désormais guéries. Autrement dit, c’est en passant la mort qu’on perçoit la vie. L’aube de Pâques survient nécessairement quand s’estompent les ténèbres du vendredi.
Cette conviction intérieure est si forte que notre Thomas laisse tomber sa trousse de vieux sceptique attardé et entêté. Et de courir le monde pour repérer ou faire naître les traces de vie dans les sombres décors où la mort semble triompher. Une tradition vénérable conduit Thomas jusque dans ce sous-continent indien, proche de ce Pakistan où on assassinait lors des dernières Pâques des enfants innocents sous prétexte que, comme leurs parents, ils mettaient leur foi et leur joie en Jésus. Un long et pénible chemin vers la lumière reste à tracer à travers cette jungle inhumaine. Thomas didyme, notre jumeau, est notre éclaireur. Par vents et marées, il nous ouvre un chemin…de résurrection.
Guy Musy 3 avril 2016
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