Egypte: Ecrivaine condamnée à trois ans fermes pour «mépris de l’islam»

Cible depuis longtemps des islamistes salafistes et des Frères Musulmans, la jeune écrivaine égyptienne Fatma Naout n’a pas été épargnée par la Cour correctionnelle du Caire. Cette dernière a confirmé la condamnation de l’intellectuelle libérale, infligée lors d’un premier jugement, à trois ans de prison ferme pour «mépris de l’islam».

Fatma Naout avait dénoncé sur sa page Facebook la cruauté représentée par l’égorgement en public d’animaux lors de la fête du sacrifice, l’Aïd al-Adha, qualifiant cette façon de faire de «vraie boucherie».  Elle peut encore faire un dernier appel de cette sentence, mais si cette demande est rejetée, elle pourra alors être arrêtée dès son arrivée à l’aéroport du Caire.  L’écrivaine se trouve actuellement au Canada où elle participe à une conférence contre le racisme.

Une justice influencée par l’islamisme

Dans l’Egypte du président Abdel Fattah al-Sissi, les condamnations pour «mépris de l’islam», en vertu de l’article 98 du code pénal égyptien qui incrimine les atteintes à la religion, se multiplient depuis quelques temps.

En mars dernier,  trois adolescents coptes avaient été condamnés par le tribunal correctionnel de Minya, en Moyenne-Egypte, à cinq ans de prison en vertu de l’article 98 du code pénal égyptien qui incrimine les atteintes à la religion. Ils ont été accusés du crime d'»outrage à l’islam» pour avoir parodié, dans une vidéo, une scène de prière musulmane, en voulant se moquer des terroristes de  Daech, le soi-disant «Etat islamique».

Un islam dévoyé

L’an dernier, un tribunal correctionnel du Caire avait condamné par contumace le chercheur et présentateur de télévision Islam el-Béheiry à cinq années de prison ferme. Cet islamologue rénovateur purge actuellement une peine d’une année de prison. Il appelait à un renouveau de l’islam qui, selon lui, a été dévoyé par les exégèses des premiers oulémas. Ces interprétations de l’islam, avait-il estimé, ont posé les bases de l’intolérance religieuse servant de lit à l’extrémisme du groupe «Etat islamique».

Des députés égyptiens ont vainement tenté de faire abroger cette loi sur le mépris des religions adoptée en 1982.

«La loi sur le mépris des religions est une violation de la Constitution égyptienne qui garantit la liberté de pensée», a dénoncé Fatma Naout. La nouvelle de sa condamnation a provoqué de vives réactions en Egypte, notamment sur les médias sociaux. (cath.ch-apic/ibc/be)

 

Jacques Berset

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