Racisme en Israël: Un député veut séparer les mères juives des mères arabes à la maternité

Bezalel Smotrich, député au parlement israélien du parti d’extrême-droite «Le Foyer juif» (HaBayit HaYehudi), veut séparer les mères juives des mères arabes dans les maternités des hôpitaux israéliens, révèle le site internet «The Times of Israel». Tollé dans une partie de l’opinion publique israélienne.

Smotrich  a déclaré sur Twitter qu’il n’appréciait pas d’être à côté des Arabes parce qu’ils sont des «ennemis». Le «gazouilli» de ce député extrémiste faisait suite à une information diffusée par des médias israéliens indiquant que des hôpitaux séparaient les mères arabes et juives dans les maternités quand la demande en était faite.

Haine anti-arabe

Suite aux réactions négatives provoquées par sa prose sur internet, Smotrich est allé plus loin, en écrivant qu’il était naturel que sa femme ne veuille pas se coucher dans un lit à côté d’une femme qui vient de donner naissance à un bébé «qui pourrait vouloir l’assassiner dans vingt ans».

En juillet 2015, Smotrich, dans une interview accordée à la chaîne tv de la Knesset, s’était proposé comme bourreau si Israël adoptait la peine de mort pour les terroristes palestiniens. Récemment encore, il s’était fait remarquer en écrivant que les assassins de la famille palestinienne Dawabshe, brûlée vive avec son bébé de 18 mois dans le village cisjordanien de Douma, n’étaient pas des terroristes. Les meurtres commis par des extrémistes juifs ne doivent pas, à ses yeux, être assimilés à des attaques terroristes menées par des Palestiniens.

Le meurtrier acclamé comme un héros

Suivant la même idéologie que son mari, sa femme Revital a mis un obstétricien arabe à la porte de la salle d’accouchement. Elle a affirmé aux médias qu’elle refusait d’avoir une sage-femme arabe, «parce que pour moi l’accouchement est un moment juif et pur».

Aida Touma-Sliman, députée de la Liste arabe unie, a relevé que la «tendance raciste dangereuse» de Smotrich ne se limitait pas à la culture arabe, mais qu’elle visait aussi les communautés juives séfarades, éthiopiennes, russes, et juives non-religieuses en Israël.

Une partie non négligeable de l’opinion publique israélienne ne cache plus ses sentiments racistes, déplore pour sa part le journaliste israélien Gideon Levy, qui travaille au quotidien Haaretz.

Il écrit que le racisme en Israël a atteint un nouveau sommet, en faisant notamment allusion aux manifestations de soutien au soldat israélien qui a abattu à bout portant à Hébron Abed al-Fattah Yusri al-Sharif, un assaillant palestinien de 21 ans, qui gisait à terre, grièvement blessé. Le soldat meurtrier est célébré comme un héros par une grande partie de l’opinion publique israélienne.

Gideon Levy estime que le racisme en Israël a des racines profondes dans le cœur de la population, comme résultat de décennies de lavage de cerveau et d’incitation à la haine. Il dénonce à ce propos un racisme basé sur «l’arrogance du ‘peuple élu’, auquel tout est permis, qui est le meilleur et sait tout mieux que les autres, sur la manipulation du sentiment d’être sans fin victimes de persécution, sur la démonisation des Arabes, qui veulent seulement nous détruire, sur leur déshumanisation, comme si leurs vies n’avaient aucune valeur…»

Les leaders religieux sont également responsables

Cette attitude est alimentée par des prises de position de leaders religieux, comme celle du grand rabbin sépharade Yitzhak Yosef, qui a affirmé, samedi 2 avril dernier, que la loi juive interdit aux non-juifs de vivre en Israël, à moins qu’ils aient accepté les «lois noahides», ajoutant que certains non-juifs vivent en Israël pour servir la population juive.

Ces lois juives sont «les sept lois de Noé», une liste de sept impératifs moraux qui auraient été données, d’après la tradition juive, par Dieu à Noé comme une alliance éternelle avec toute l’humanité.

«Selon la loi juive, les ‘gentils’ (non-Juifs, ndlr) ne devraient pas vivre en Israël. Si un non-juif n’accepte pas de respecter les lois noahides, nous devrions l’envoyer en Arabie saoudite. Lorsque qu’arrivera la véritable et complète rédemption, c’est ce que nous ferons», a déclaré le grand rabbin séfarade.

Et de poursuivre: «La seule raison pour laquelle les non-juifs ont été autorisés à vivre dans l’Etat juif a été le fait que le Messie doit encore arriver. Si nous étions fermes, si nous avions le pouvoir de régir, c’est ce que nous devrions faire. Mais le fait est que nous ne sommes pas fermes et que nous attendons l’arrivée du Messie». (cath.ch-apic/haaretz/be)

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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