Pierre m’aimes-tu vraiment? Amoris Laetitia

Pierre, m’aimes-tu plus que tout? Oui! Alors sois le berger de mes brebis.

L’Evangile de ce dimanche nous introduit si magnifiquement à la méditation du document post-synodal du Pape François intitulé Amoris Laetitia. L’amour passe avant tout. Si tu aimes en vérité, alors tu seras un bon pasteur.

François place au centre de son document l’amour au cœur de la famille, un amour qui se développe et confère à la famille toute sa dynamique.

Il y a l’idéal, magnifique, comme un phare qui nous attire à lui. Mais il y a les contours, les détours, les fausses routes, les irrégularités, comme le désigne la doctrine. Mais à force de voir les fautes, on finit par ne plus voir ce qui est beau. A force de parler d’ombre, on oublie le soleil.

Le Pape parle d’intégration, d’inclusion plutôt que d’exclusion. Il rejoint la périphérie de nos cœurs blessés, il rejoint nos pas, si souvent trébuchants. Il nous rejoint dans la finitude de nos fragilités pour jeter des passerelles entre l’idéal et le concret de nos quotidiens.

Et là intervient le cas par cas. Chacun a sa conscience, grand juge devant Dieu. Mais cette conscience doit être accompagnée, éclairée, orientée. Il n’y a plus une seule réponse définitivement ancrée qui vaut pour tous, indépendamment de nos réalités individuelles. C’est comme une grande décentralisation du pouvoir pastoral qui devient ministère de service. Le grand idéal est à la portée de tous, car il s’incarne, sans perdre de sa substance. Miracle de la foi!

Il faut apprécier chaque cas, dans sa vérité propre, à la lumière de la conscience.

Les pasteurs sont concernés! Ils doivent éveiller les consciences, les accompagner, tout en sauvegardant toujours cette liberté de conscience, si importante aux yeux du Seigneur.

Un exemple: les divorcés remariés. Le Pape rappelle, à l’instar des Papes Benoit XVI et Jean-Paul II: il y a une réponse absolue, globale. Mais il faut aussi apprécier chaque cas, dans sa vérité propre, à la lumière de la conscience: quelle place a été laissée à la réconciliation du couple en difficulté, quelle réponse a été donnée aux enfants, quelle certitude morale a chaque conjoint de la validité du premier mariage? Quelle fidélité anime la nouvelle union?

Voilà des amorces de critères que les pasteurs auront à cœur de vérifier dans un dialogue, au for interne, avec le pénitent qui reconnait le poids de son échec. Et là, beaucoup devient possible: même le sacrement de l’Eucharistie devient possible, car il n’est pas une récompense, mais bien plus un moyen de salut, un lieu de grâces.

Le Pape n’en dit pas plus. Il ne donne pas de critères précis, car ces derniers risqueraient de trop limiter l’amour de Dieu pour nous tous. Et Dieu n’aime pas cela, il se donne complètement, sans détours, sans contours.

Le chemin que propose le Pape François n’est pas simple. Il est exigeant comme l’est aussi l’amour de Dieu pour nous. Mais qui s’en remet à Dieu fait l’expérience de l’exigence de l’amour sans limite et plein de joie.

Pierre, m’aimes-tu vraiment? Oui, Seigneur. Alors va accompagner tes frères et sœurs sur le chemin du véritable amour offert à chacun, individuellement, selon ce qu’il peut et veut recevoir.

N’est-pas cela la vraie Miséricorde?

Abbé Nicolas Betticher | 11.04.2016

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