Nos amis, les robots?

«Le jour où mon robot m’aimera» [1]. C’est le titre choc du dernier livre du philosophe français Serge Tisseron. Il y met en garde contre certaines avancées de la robotique qui tendraient à effacer la différenciation entre humain et machine. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres des discussions que provoque la présence de plus en plus visible de ces machines dans notre environnement.

Certains robots sont déjà capables d’identifier les états émotionnels humains et de s’y adapter. Dans un futur pas très lointain, on trouvera des robots «de compagnie», programmés pour satisfaire les besoins relationnels de leurs propriétaires, dans les rayons des supermarchés.

Dans certains pays, des robots utilisés pour distraire ou s’occuper des résidents ont déjà intégré des maisons de retraite. Le phénomène est notamment bien développé au Danemark. Près de 300 peluches en forme de phoques, dénommées «Paro» et destinées à tenir compagnie aux résidents sont répandues dans le pays. Si la machine a suscité des effet positifs, notamment un regain d’intérêt chez les retraités, des aspects plus inquiétants ont été observés. Des personnes âgées ont développé un attachement exagéré au phoque robotique. Ces dérives sont relatées, en particulier, dans un documentaire réalisé en 2009, intitulé «Mechanical Love», dans lequel on voit un couple de retraités s’occuper d’un «Paro» comme s’il s’agissait de leur enfant.

Si l’arrivée des robots dans notre quotidien semble inéluctable, il est normal et sain que l’on se questionne sur les enjeux de ce phénomène. En se demandant notamment quelles seront les conséquences d’une frontière entre vivant et non-vivant devenue beaucoup plus floue.

Une nombreuse littérature s’est déjà emparée de ce thème, sur lequel on peut certainement gloser à l’infini. Mais parmi tous les aspects que nous amènera «l’invasion robotique», l’un des plus préoccupants sera sans doute les conséquences de «l’affection virtuelle» qu’elle provoquera.

Car le «robot de compagnie» ne fera que s’ajouter aux autres moyens dont nous disposons pour combler nos déficits émotionnels. Le monde est déjà saturé de ce genre d’artifices, entre addictions en tous genres, drogues et œuvres de fiction qui ne masquent que temporairement nos vides intérieurs. L’augmentation continue, dans notre société, des succédanés aux véritables relations humaines, non seulement ne résoudra pas les problèmes à l’origine de ces manques, mais nous éloignera encore des solutions.

 

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