La conseillère d'Etat A.-C. Demierre fière de l'accueil des requérants d'asile à Fribourg

«Je me suis pendant longtemps trouvée assez seule dans le dossier de l’asile… Mais aujourd’hui, je peux dire que Fribourg fait preuve d’une grande ouverture face aux requérants d’asile!», confie à cath.ch la conseillère d’Etat Anne-Claude Demierre, directrice de la santé et des affaires sociales du canton de Fribourg (DSAS).

L’atmosphère, dans le canton, a totalement changé, en particulier depuis le lancement de l’initiative citoyenne «Osons l’accueil» qui promeut l’hébergement des réfugiés à la maison par des privés, et l’appel des Eglises catholique et réformée fribourgeoises, lancé en septembre dernier.

La magistrate socialiste très touchée par l’engagement des Eglises

«Je suis très fière de voir la solidarité dont font montre les Fribourgeois…», a-t-elle lancé vendredi 22 avril, lors de la conférence de presse des Eglises catholique et réformée du canton de Fribourg. Sur les 2049 requérants d’asile enregistrés dans le canton fin 2015, déjà 10% sont accueillis dans le cadre de l’action «Osons l’accueil» et de l’initiative des Eglises «Don de Dieu, don de l’autre».

«Tout s’est passé d’emblée en coordination avec la DSAS et ORS Service AG, chargé par le canton de l’accueil, de l’encadrement et de l’hébergement des requérants d’asile», a lancé la ministre socialiste, très touchée par l’engagement des Eglises dans ce dossier brûlant. L’an dernier, la conseillère d’Etat avait été violemment chahutée par quelques excités à propos du Centre fédéral pour requérants d’asile de la Gouglera, à Chevrilles, en Singine. Des citoyens avaient également lancé une pétition contre l’accueil de requérants d’asile au château de Rosière, à Grolley, propriété d’une fondation dépendant de l’évêché de Lausanne, Genève et Fribourg.

«Le drame des réfugiés se joue aussi à nos portes»

«Le drame des réfugiés se joue aussi à nos portes. Quand je rencontre les communes, l’accueil est bon, car il y a désormais une vraie prise de conscience de ce qui se passe non loin de chez nous!», constate-t-elle. Et de relever que l’accompagnement des requérants d’asile dépasse la question de l’accueil dans les familles. Grâce aux groupes d’accompagnement qui naissent un peu partout dans le canton, des liens se tissent.

«Des réseaux de solidarité se créent, tout plein de graines sont semées, et l’on en récoltera les fruits ces prochaines années. Grâce notamment à l’appel des Eglises, qui a provoqué un grand mouvement de solidarité. Chaque goutte d’eau compte, et contribue à rendre le monde meilleur!»

Un grand pas en matière d’œcuménisme

Mgr Rémy Berchier, vicaire épiscopal pour la partie francophone du canton de Fribourg, tout comme le pasteur Pierre-Philippe Blaser, président du Conseil synodal de l’Eglise réformée fribourgeoise, ont détaillé les actions menées par les paroisses et les communautés des deux confessions. Ces dernières répondaient à l’appel commun lancé en septembre dernier les invitant à accueillir les réfugiés et les requérants d’asile. «C’est une des premières fois que nous menons ensemble une opération de cette envergure… Cette initiative commune est un grand pas en matière d’œcuménisme!», a souligné Mgr Berchier.

Des paroisses tant catholiques que réformées se portent notamment garantes auprès de certains propriétaires hésitant à louer des appartements à des requérants d’asile. Dans les paroisses, des groupes d’accompagnement se sont mis en route pour soutenir les requérants, avec le Service Solidarité de l’Eglise catholique (Réseau Solidarités).

Communautés religieuses solidaires

Un grand travail se fait là où se trouvent des centres pour requérants, comme à Enney, Grandvillard ou Grolley. Une dizaine de paroisses ont répondu à l’appel, et autant d’autres se sont proposées pour apporter une aide, mais sont dans l’impossibilité d’accueillir des réfugiés. En raison de l’âge avancé de leurs membres ou des lieux (par ex. des monastères), des communautés religieuses sont dans l’impossibilité de recevoir des requérants, mais elles se sont montrées généreuses financièrement. Des religieuses s’investissent dans l’accompagnement, donnant notamment des cours de français.

Du côté protestant, plus de la moitié des 16 paroisses réformées ont répondu à l’appel: des cours sont offerts, des salles sont mises à disposition, la paroisse réformée de Fribourg finance le séjour de quatre jeunes non accompagnés vivant dans le Foyer St-Etienne (ils sont plus d’une centaine dans le canton!), des groupes sont à disposition pour accompagner les requérants pour les courses ou les visites chez le médecin.

Tisser des liens entre collégiens et jeunes requérants d’asile

La collaboration s’est développée avec des paroisses catholiques, des services sociaux des communes et des clubs philanthropiques, ainsi qu’avec les œuvres d’entraide, les foyers d’accueil et l’ORS. De tels groupes se sont également formés au sein des paroisses catholiques et des unités pastorales (UP) dans tout le canton.

Animateur en pastorale de la jeunesse, actif dans les collèges, Reto Dörig s’emploie à ce que des liens se tissent entre étudiants et jeunes requérants d’asile mineurs non accompagnés venant principalement de Syrie, d’Afghanistan, de Somalie, d’Erythrée, du Congo, du Pakistan, de Mongolie et du Tibet. Il s’agit notamment du partage d’un repas avec des collégiens de St-Michel et de Ste-Croix lors de la «Pause de Midi» au Centre Ste-Ursule, ou de la préparation de la «Soupe de Solidarité» avec l’équipe de Gambach. L’argent récolté lors de cette «Soupe de Solidarité» permet de financer des activités pour les jeunes du Foyer des Remparts, comme des sorties hors de Fribourg avec des jeunes de leur âge. «Malgré la barrière des langues et des cultures, les jeunes partagent souvent les mêmes préoccupations», souligne-t-il.

«Le Christ est entré dans nos paroisses»

Adjointe du vicaire épiscopal pour la partie alémanique du canton de Fribourg, Marianne Pohl relève qu’avec les réfugiés, «le Christ est entré dans nos paroisses», reprenant l’expression du pasteur réformé de Riggisberg lors d’une intervention dans  l’unité pastorale singinoise de Sense Mitte.

L’appel des Eglises a été entendu et nombre de paroisses alémaniques se sont mises en route: ainsi, celle d’Ueberstorf a mis une ferme, la «Kurschür», à disposition depuis le 22 mars dernier, pour accueillir une famille afghane avec trois enfants. Outre un enfant de six mois, la fille de 6 ans fréquente le jardin d’enfants, et le frère de 7 ans va à l’école et joue au foot dans le club local. Un enseignant retraité, ancien directeur de CO, leur donne des cours de langue à domicile. La commune soutient la famille, et un groupe d’accompagnement de 13 personnes s’est formé pour l’assister dans ses besoins quotidiens.

A Bösingen, un centre d’accueil s’étant ouvert, un groupe d’accompagnement œcuménique formé de 13 bénévoles du village s’est immédiatement mis sur pied. Un gros travail d’information a été effectué dans la partie alémanique du canton, et «l’acceptation des requérants est très bonne!»

«Ces rencontres, effectivement, nous transforment!»

Trois personnes de ce groupe d’accompagnement – Andreas Nägelin, Gabriela Hofer et Verena Hirschi – ont expliqué l’enrichissement mutuel que procure la rencontre avec les requérants, qui leur racontent des pans de leur vie à certaines occasions. «Ils nous apportent beaucoup et nous font comprendre qu’ils sont reconnaissants que nous nous intéressions à eux». Et Mgr Berchier de conclure: «Ces rencontres, effectivement, nous transforment!» (cath.ch-apic/be)

 

Pour plus d’informations sur l’accueil des requérants d’asile dans le canton de Fribourg, voir le numéro d’avril 2016 de Caritas.mag, le journal des Caritas romandes. L’entièreté du dossier «Le défi des nouveaux exils – Les engagements de Caritas. Dans le canton de Fribourg, l’accueil n’est pas un vain mot !» est  disponible sur: www.caritas-fribourg.ch.

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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