APIC/Edith Castel
Paris: un ex-scientologue entre en guerre contre la secte (260492)
Paris, 26avril(APIC) Eric Dumas, un ex-scientologue de 27 ans a déclaré
la guerre à la secte qui pendant trois ans l’a tenu en son pouvoir. Depuis
le 13 avril il a entamé une grève de la faim devant le siège de la secte à
Paris. Il réclame justice et demande le remboursement des quelque 100’000
francs qu’il a investis dans les divers programmes offerts par la Scientologie. Il veut aussi éviter à d’autres de se faire prendre au piège. La
correspondante de l’agence APIC l’a rencontré.
APIC: Comment êtes-vous entré en contact avec la Scientologie?
Eric Dumas: « J’ai passé trois ans en Scientologie, de 1988 à 1991. J’y
ai perdu 120’000 francs. J’étais en 6e année de médecine à une époque où je
devais préparer le concours de spécialité. Je suis tombé sur un tract vantant l’ouvrage de Ron Hubbard « La dianétique ». Il disait que nous n’utilisons que le 10% de nos capacités intellectuelles et il présentait une certaine forme de psychothérapie. Pour aller plus loin, je me suis lancé dans
le programme de « purification » à base de vitamines et de sauna. Bien qu’en
6e année de médecine, je n’ai pas porté cas au fait que cela représentait
un exercice illégal de la médecine. Pour voir si cela fonctionnait, je suis
parti pendant trois mois aux Etats-Unis. C’est en fait un véritable lavage
de cerveau à l’insu des gens. Très rapidement on devient ainsi scientologue. C’est ce qui s’est passé au bout de trois mois. J’ai dû trouver de
l’argent pour continuer. J’ai emprunté 25’000 francs à mes parents, et j’ai
pris des crédits dans des banques tenues par des scientologues. »
« De la psychothérapie, on passe ensuite à des choses beaucoup plus spirituelles pour soi-disant « libérer l’être qui est en vous ». J’ai fait un
second séjour aux Etats-Unis pour faire un « service » qui devait changer ma
vie. Mais je n’ai pas pu terminer, car je manquais d’argent. J’ai commencé
à avoir des troubles psychologiques assez sérieux. Je suis rentré en France
et pendant un an et demi bien que n’ayant plus de contacts directs avec la
Scientologie, j’étais toujours scientologue dans ma tête et j’ai encore
versé 35’000 francs à la secte. »
APIC: Comment en êtes-vous sorti?
E.D. « En juillet 1991, mes parents ont appris que j’étais dans la Scientologie. Ils ont pris contact avec l’Association de défense de la famille
et de l’individu (ADFI). A partir de là, j’ai pu rencontrer des ex-scientologues, faire le point, vérifier toutes les informations quant à l’escroquerie et à la manipulation mentale de la Scientologie. »
APIC:Quel est le but de votre action aujourd’hui?
E.D. « J’ai porté plainte à Paris pour « escroquerie, viol psychique et
autres préjudices ». Depuis le 13 avril, j’ai entamé une grève de la faim,
car je pense que ce moyen les gêne énormément. Je demande le remboursement
de ce que j’ai perdu comme condition à mon départ. C’est une action symbolique pour qu’on fasse une campagne d’information. D’autres gens tombent,
que ce soit dans la Scientologie ou d’autres sectes, il faut les aider à en
parler et à porter plainte. »
APIC: Avez-vous le sentiment d’avoir trouvé audience auprès des pouvoirs
publics?
E.D. « Nous sommes une douzaine à Paris à avoir suivi ce même parcours et
à déposer plainte. A partir de ces plaintes la justice fait son travail:
dossiers en cours, inculaptions, perquisitions… »
APIC: Depuis que vous êtes ici, les scientologues se sont-ils manifestés?
E.D. « Oui, ils ont essayer de m’intimider, ils ont tenté de m’influencer. Ils m’ont injurié, arraché les affiches, envoyé de pseudo-journalistes
et un médecin scientologue. Ils m’ont aussi dénoncé à la police pour trouble de l’ordre public. »
APIC: Qu’en est-il de la législation française concernant ces problèmes?
E.D. « Pour l’instant, il y a un vide juridique concernant le viol psychique. A mon avis, c’est le vrai mal des sectes qui par là parviennent à dépersonnaliser les gens. Pour l’instant on ne peut les attaquer que pour escroquerie financière. La Scientologie est une association au sens de la loi
de 1901. Elle brasse des millions de francs et baigne dans des tas de choses illégales. » (apic/ecl/mp)
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