Avec les restes de marbre de la carrière, il a sculpté des dizaines d’hommes en chemin: les restes des peuples qui se pressent aux frontières de l’Europe, en fuyant les guerres, à la recherche d’un avenir. Un fil barbelé les bloque, parce que malheureusement le chemin de ces fugitifs se confronte aux sentiments de peur et aux intérêts économiques qui empêchent des politiques courageuses et novatrices, nécessaires pour ouvrir des routes nouvelles et remplies d’humanité.
Mais l’Ascension est la fête du chemin, d’un chemin ouvert, et même si nous ne savons pas atteindre immédiatement le but idéal, la chose importante – rappelez-vous les paroles du Pape – c’est précisément d’être sur le chemin.
« l’Ascension est la fête d’un chemin ouvert »
La fête de l’Ascension est très mystérieuse. Les narrateurs de la Bible l’expliquent avec des mots hésitants et symboliques: monter, ciel, élevé, nuage.
Ils suggèrent l’idée d’un Dieu qui tient ensemble la terre et le ciel, l’humain et le divin, devenant lui-même le pont, le lien, le chemin d’accès.
La lettre aux Hébreux parle de Jésus comme d’un «chemin nouveau et vivant» et son «corps» est justement ce chemin. Le corps est Jésus, c’est tout ce qu’il a fait et ce qu’il a dit, et c’est un corps donné.
Parce que Jésus résume tout en lui-même et nous montre comment être en chemin. L’Ascension n’est donc pas un mythe, un départ en ascenseur vers les nuages.
« Jésus abat le mur entre le sacré et le profane »
L’Ascension montre le cœur de l’Evangile: Jésus qui unit la terre au ciel. Et en cela, il détruit l’une des croyances les plus profondément enracinée dans la religion naturelle: la séparation entre l’humain et le divin. Jésus abat le mur entre le sacré et le profane, et enseigne aux humains à se mettre en chemin l’un vers l’autre, et ensemble vers Dieu.
Mais alors, si le chemin vers Dieu est ouvert, comment est-ce possible que l’homme crée tant de barrières? Pour être cohérent, il faut percevoir les frontières et les murs comme un scandale, un péché mortel, une insulte énorme au projet de Dieu!
Ce n’est pas seulement le drame des réfugiés: ces hommes en chemin représentés par Fabio Masdonati, ce sont aussi nous-mêmes.
Comme il est parfois difficile d’être ensemble, de s’écouter, de se comprendre. Et comme il est résistant le mur qui nous empêche d’estimer l’autre, d’avoir de la compassion les uns pour les autres.
En même temps, ces obstacles sont compréhensibles, parce qu’ils sont une solution facile, un raccourci. Se mettre en chemin, en fait, exige beaucoup plus d’énergie et d’imagination. Et la peur nous arrête. Sans oublier que de nombreux points de vue politiques, religieux, économiques et culturels barrent la route tout en se considérant justes et sacrés.
« Retrouver l’innocence de l’Ascension, ce monde sans barrière »
Mais Jésus est la voie nouvelle et vivante qui unit, et en tant que chrétiens, nous avons la responsabilité de nous convertir à cette vision de communion. Comment retrouver l’innocence de l’Ascension, ce monde sans barrières qui est l’unique réponse au rêve de la paix des cœurs?
Une fois, avec quelques familles, nous avons regardé un film. A la fin, un garçon de six ans a dit: «Mais je ne comprends pas pourquoi ils en veulent tellement à ces gens». C’était la première fois qu’il découvrait le thème du racisme, et jamais personne ne lui avait dit que la couleur de la peau est, pour beaucoup dans le monde, une frontière infranchissable.
Mais nous par contre, nous avons besoin de retrouver l’innocence de cet enfant, l’innocence d’un monde en chemin, et Jésus qui devient le chemin vers Dieu veut nous apprendre à nous rapprocher les uns les autres.
Amen.
Fête de l’Ascension du Seigneur
Lectures bibliques : Actes 1, 1-11; Psaume 46; Hébreux 9, 24-28 ; 10, 19-23; Luc 24, 46-53