Des ONG dénoncent la persécution de réfugiés chrétiens par des musulmans en Allemagne

Selon les médias allemands, des dizaines de milliers de réfugiés chrétiens ou appartenant à d’autres minorités non-musulmanes souffrent de discriminations, de menaces voire d’actes violents ou d’agressions sexuelles dans les centres d’accueil des migrants, partout en Allemagne. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont dénoncé le harcèlement de ces minorités par des requérants d’asile ou des gardiens musulmans.

Accompagné de plusieurs organisations de défense des droits humains, dont «Aide à l’Eglise en Détresse» (AED), Markus Rode, de l’organisation «Portes Ouvertes», dénonce cette réalité dont quasiment personne ne parle, pour ne pas susciter de réactions xénophobes. «Portes Ouvertes» fait partie de la Coordination des Chrétiens d’Orient en danger (CHREDO), une organisation qui regroupe des représentants des Eglises d’Orient, des organisations religieuses et laïques originaires de pays de la région.

Un climat de «peur et de panique»

Présentant le lundi 9 mai 2016, à Berlin, l’enquête «Persécution des chrétiens en Allemagne», effectuée auprès des minorités non musulmanes hébergées dans les centres d’accueil, Markus Rode a déclaré que ces dernières vivaient dans un climat de «peur et de panique». Le responsable de «Portes Ouvertes» dénonce les discriminations dont souffrent jusqu’à 40’000 réfugiés chrétiens et non-musulmans actuellement entassés dans ces centres. Ils se font harceler par les nouveaux arrivants, ainsi que par les gardiens – nombre d’entre eux étant de confession sunnite – en raison de leur religion, révèlent plusieurs groupes de défense des droits de l’homme.

Ces organisations ont publié les résultats d’un sondage effectué auprès de 231 migrants chrétiens, venus principalement d’Irak, de Syrie et d’Afghanistan. Ce ne serait que «la pointe de l’iceberg», affirme Markus Rode, qui demande aux responsables politiques d’agir. Au moins 88 % de ces réfugiés interrogés disent avoir été harcelés par des musulmans à cause de leur religion. De plus, la moitié d’entre eux disent avoir eu maille à partir avec les gardiens des centres de réfugiés, qui sont en majorité des musulmans, selon les médias allemands.

Des bourreaux parmi les réfugiés…

42 % des migrants interrogés ont subi des injures, tandis que 37 % ont reçu des coups et blessures et 43 % ont reçu des menaces de mort. Des femmes ayant réussi à fuir l’esclavage sexuel pratiqué par Daech, le soi-disant Etat islamique, dans la ville syrienne de Raqqa, ont fait part de leurs craintes. Elles auraient rencontré plusieurs de leurs anciens tortionnaires dans les camps de réfugiés, affirme Karl Hafen, président de la Société internationale pour les droits de l’Homme (IGFM), basée à Francfort. L’IGFM se préoccupe notamment du sort de la minorité des Yézidis victime d’une persécution particulièrement sanglante en Irak de la part des terroristes de Daech.

«J’ai vu des familles chrétiennes quitter volontairement l’Allemagne en raison des menaces», déclare pour sa part Paulus Kurt, du Conseil central des chrétiens d’Orient en Allemagne. Un réfugié syrien, du nom de Fadi S., a déclaré à la presse que lorsqu’il était arrivé dans un camp de réfugiés en Allemagne, il avait été choqué d’y rencontrer les mêmes fondamentalistes musulmans qu’il avait fuis.

Ne pas traiter ces agressions comme des cas isolés

Ramin F., un réfugié chiite iranien, a lui aussi témoigné de provocations, de chicanes et  de menaces de mort dans un centre situé dans le Brandebourg. La Conférence épiscopale allemande avait déjà attiré l’attention sur cette réalité lors de son assemblée générale de printemps.

A Berlin, Gottfried Martens, pasteur de l’Eglise évangélique luthérienne indépendante (SELK), une petite Eglise confessante qui n’est pas membre de l’Eglise évangélique en Allemagne (EKD), s’étonne que l’on traite ces agressions comme des cas isolés. Afghans, Iraniens, mais aussi Irakiens et Syriens convertis se pressent dans l’église luthérienne de la Trinité, dans le quartier de Berlin-Steglitz, au sud-ouest de la capitale allemande.

Pour davantage de traducteurs et de gardiens non musulmans

Depuis 2011, avec l’arrivée des premiers Iraniens, ce sont les requérants d’asile venus des pays musulmans qui forment la masse des 1’200 réfugiés dont il s’occupe. Près de 700 sont d’origine afghane ou iranienne. Dans les camps de réfugiés, ils sont souvent menacés de mort par leurs compatriotes musulmans, qui veulent leur imposer la charia, même en Allemagne, affirme le pasteur.

Karl Hafen, de l’IGFM, réclame davantage de traducteurs non musulmans, ainsi qu’une plus grande proportion de personnel de garde non musulman dans les centres pour réfugiés, car il arrive souvent que réfugiés musulmans et gardiens fassent cause commune contre les minorités. Il demande également que des personnes de confiance de confession chrétienne puissent  permettre aux réfugiés chrétiens de s’adresser à elles en cas de problèmes. Il dénonce le fait que des réfugiés menacent ceux qui appartiennent à des minorités en leur montrant, par exemple, des vidéos de décapitation.

Vidéos de décapitation

Paulus Kurt estime que les réfugiés qui en menacent d’autres en raison de leur religion, parce qu’ils pensent différemment ou parce que ce sont des femmes, devraient être expulsés immédiatement et renvoyés dans leur pays d’origine. Pour lui, de telles personnes ne peuvent pas être intégrées dans une société ouverte et démocratique.

Des immigrés provenant de pays arabes et de Turquie, insiste-t-il, n’ont pas réussi et surtout pas voulu s’intégrer dans leur pays d’accueil, après deux ou trois générations, «ce qui n’a pas été le cas avec les travailleurs immigrés italiens, grecs ou d’ex-Yougoslavie».

Il relève que bien plus de la moitié des Turcs vivant en Allemagne ont voté aux dernières élections parlementaires en Turquie pour le parti islamiste AKP «de l’autocrate Erdogan»: «Celui qui pense que l’islam ne joue aucun rôle dans tout cela vit dans un pays imaginaire!» Et de regretter qu’en raison du «politiquement correct» en vigueur dans le pays, l’opinion publique allemande ferme les yeux sur la réalité et l’ampleur de la persécution des chrétiens, qui sont dans le monde le groupe de population le plus exposé «avec quelque 100 millions de victimes».


Pour le BKA, le danger terroriste en Europe reste élevé

La presse allemande soupçonne qu’avec le flux de réfugiés arrivés en Allemagne, des terroristes musulmans ont pu s’infiltrer. D’après les dernières données fournies par le BKA (Bundeskriminalamt), depuis le début des arrivées massives, des informations ont été menées dans 369 cas de terroristes potentiels parmi les réfugiés. Dans 40 cas, une procédure préliminaire formelle a été ouverte, notamment pour appartenance à une organisation terroriste ou pour préparation d’un acte criminel grave. Selon le BKA, le danger terroriste en Europe reste élevé, et de nouveaux attentats de cellules terroristes islamistes ne sont pas à exclure, relève le quotidien régional «Neue Osnabrücker Zeitung».

Pour Hans-Georg Maassen, chef de l’Office de protection de la Constitution (Verfassungsschutz), plus de 800 djihadistes en provenance d’Allemagne sont engagés sur des lieux de guerre en Syrie. Certains sont déjà revenus au pays et présentent un danger à ne pas sous-estimer. De plus, l’opinion publique allemande, dans sa majorité, dit désormais clairement non à la culture de «bienvenue aux réfugiés» chère à la chancelière Angela Merkel, en particulier dans les rangs des chrétiens-sociaux bavarois de la CSU du ministre-président de Bavière Horst Seehofer. (cath.ch-apic/kna/noz/com/be)

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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