L’archevêque « banquier de Dieu » vicaire d’une paroisse de banlieue
Rome, 6avril(APIC) Qu’est devenu Mgr Paul Marcinkus, le très puissant directeur de l’Institut pour les oeuvres de religion (IOR), la banque du Vatican, après son retrait, sur son propre désir en automne 1990? Les journalistes qui avaient perdu sa trace parmi les gratte-ciel de Chicago ont retrouvé celui qui a voulu redevenir un simple prêtre, dans l’Etat américain
de l’Arizona. Mgr Marcinkus est en effet auxiliaire dans la paroisse Saint
Clément à Sun City dans la banlieue de Phoenix.
Le dimanche, il dit la messe pour la petite communauté lituanienne de
l’endroit. Il visite les malades, distribue les sacrements. Entretemps il
voyage pour les confirmations. Sa vie presque monastique n’est interrompue
que par le sport: deux fois par semaine il va jouer au golf, comme autrefois à Rome.
Comment cet homme qui fut un certain temps le deuxième personnage du Vatican, avant d’être impliqué dans la faillite du « Banco Ambrosiano », estil arrivé à Phoenix? Après avoir quitté le Vatican où il était en quelque
sorte enfermé à cause d’un mandat d’arrêt de la justice italienne, il s’est
rendu d’abord dans son diocèse d’origine Chicago. On l’a rencontré quelques
fois à Cicero, son lieu de naissance. Mais là-bas trop de gens le connaissaient, et par rapport au climat romain, Chicago était trop froide. C’est
pourquoi il s’est rendu en Arizona.
De temps à autre, il garde la nostalgie de Rome et de ses anciens amis,
mais pas précisément de son travail à l’IOR. Il a tracé une croix sur son
passé de « banquier de Dieu ». Deux fois par année cependant, il retourne
voir Jean Paul II. En octobre dernier, le pape l’a invité à dîner.
La conscience tranquille
Le « banquier de Dieu » a la conscience nette: « J’ai conduit les affaires
avec le Banco Ambrosiano en toute bonne foi. Calvi a utilisé mon nom pour
ses affaires, mais je n’ai eu que très peu de rapports avec lui. » Mgr Marcinkus ne comprend toujours pas comment les diverses sociétés luxembourgeoises et pananméennes sont arrivées en possession de la banque du Vatican. Il relève qu’il n’a jamais signé les fameuses « lettres de patronage »
pour Roberto Calvi, le chef du Banco Ambrosiano, lettres qui avaient
impliqué l’IOR dans le Krach bancaire. Pour lui, l’effondrement du Banco
Ambrosiano est un coup monté politique. Pour un autre institut bancaire
italien, dans une situation semblable, des solutions auraient été trouvées,
affirme-t-il. Il ne croit pas non plus au suicide de Calvi, retrouvé pendu
sous un pont de la Tamise: « Pourquoi aller pour cela à Londres? Il aurait
pu aussi se jeter dans le Tibre. »
A propos du soutien financier du Vatican à Lech Walesa et au syndicat
« Solidarité », l’archevêque, agé de 70 ans, déclare: « Si je l’avais vraiment
fait, je mériterais, au vu des événements une médaille en or. »
Mgr Marcinkus paraît heureux dans son exil, il a encore un seul désir.
Il aimerait, avant sa mort, se rendre une fois en Lituanie, la patrie de
ses parents. (apic/cic/mp)
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