La fille de Desmond Tutu quitte la prêtrise, après avoir épousé une femme

Mpho Tutu-van-Furth, la fille de l’archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu, a été forcée de quitter la prêtrise après s’être mariée avec une femme. L’affaire reflète la grande disparité de positions au sein de la communion anglicane au sujet de l’homosexualité.

La fille du Prix Nobel de la paix 1984 a épousé civilement la professeur d’Université néerlandaise Marceline van-Furth, en décembre dernier, aux Pays-Bas. Les deux femmes sont divorcées d’un précédent mariage hétérosexuel et ont des enfants.

Mpho Tutu-van-Furth a récemment annoncé qu’elle avait été forcée de quitter son ministère sacerdotal, en Afrique du Sud, du fait que l’Eglise anglicane dans le pays ne reconnaît pas son mariage, rapporte le 24 mai 2016 le quotidien britannique The Guardian. La loi canonique de l’Eglise dans le pays stipule en effet que le mariage est l’union entre un homme et une femme. Apprenant que l’on avait conseillé à l’évêque local de lui retirer son ministère, Mphu Tutu-van-Furth a préféré quitter d’elle-même son poste.

Bénédiction de Desmond Tutu

Desmond Tutu, qui est un ardent défenseur de l’acceptation des homosexuels, a donné en tant que père sa bénédiction à son union. L’archevêque, qui a été un des principaux héros de la lutte contre l’apartheid, a déclaré, il y a quelques années, qu’il refuserait d’aller dans un paradis homophobe.

L’évêque anglican du Cap, Mgr Raphael Hess, a regretté le fait que Mpho Tutu-van-Furth ait dû renoncer à la prêtrise. Il a espéré que ce ne serait qu’une situation temporaire. «Il est temps pour nous de faire preuve de compréhension pastorale, de faire preuve d’un réel changement dans ce domaine, qui soit concrétisé dans la loi», a-t-il commenté.

L’Eglise sud-africaine est en fait profondément divisée sur la question de l’homosexualité, note The Guardian. Les anglicans de ce pays où le mariage entre personnes de même sexe a été autorisé en 2006 doivent se réunir cette année encore pour adopter des lignes de conduite sur le traitement de ses membres ayant intégré ce type d’union.

Clivage Nord-Sud

La fracture existe également au niveau de la communion anglicane mondiale. Le synode de la communion a ainsi imposé, en janvier dernier, des sanctions contre l’Eglise épiscopalienne des Etats-Unis (la branche américaine de l’Eglise anglicane) après qu’elle ait reconnu officiellement le mariage homosexuel.

Le clivage le plus important sur ces questions se situe entre les Eglises «du Sud» et «du Nord». A ce niveau, l’Eglise sud-africaine n’est pas aussi intransigeante que certaines autres du continent, totalement opposées à l’évolution des doctrines sur l’homosexualité.

En 2003, l’évêque Peter Akinola, primat de l’importante communauté anglicane du Nigeria (18 millions de fidèles), avait ainsi violemment fustigé l’élection, la même année, de Gene Robinson, un évêque américain ouvertement gay.

S’exprimant au nom des «primats du Sud», Mgr Akinola avait affirmé que cette consécration «violait les préceptes clairs et cohérents de la Bible». L’Eglise anglicane du Kenya avait également annoncé sa volonté de couper les ponts avec l’Eglise épiscopalienne. (cath.ch-apic/guar/arch/rz)

Raphaël Zbinden

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