Traduction du Missel romain: bisbilles autour de la version francophone

Objet de dissensions entre le Vatican et les évêques francophones, la traduction officielle du Missel romain en français est bloquée, révèle La Croix du 27 mai 2016. Un conflit qui dure et qui concerne également d’autres langues.

«Ne nous laisse pas entrer en tentation»: le changement de la finale du Notre Père avait été annoncé. Son entrée en application, prévue au printemps 2017, à la place de «Ne nous soumets pas à la tentation» risque d’être différée. En effet, les évêques francophones (France, Canada, Suisse, Belgique) chargés de la liturgie s’opposent toujours à la volonté inflexible de la Congrégation pour le culte divin. Selon le quotidien La Croix du 27 mai, les autorités romaines veulent imposer une traduction intégrale du texte latin, sans ajout ni omission. Or les évêques de langue française demandent des adaptations guère prisées en haut lieu.

Le conflit n’est pas nouveau. Depuis 2001 et l’instruction Liturgiam autenticam, une version francophone du Missel est en chantier. Premier refus de Rome en 2007. Une nouvelle commission a remis l’ouvrage sur le métier et a rendu sa copie récemment. Mais Rome la refuse: pas question d’adaptations, mais une traduction du texte latin. Or, argumentent les Canadiens, pourquoi nous imposer par exemple le mot «calice» – un juron au Canada – plutôt que le mot «coupe»?

Autres pays, autres difficultés

Selon La Croix, Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours et président de la commission liturgique de l’épiscopat français, tient à faire avancer le dossier. Mais le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin, insiste: «Les nouvelles traductions du Missel romain doivent impérativement respecter le texte latin», a-t-il confié à l’hebdomadaire Famille chrétienne.

Les difficultés des traductions liturgiques du Missel ne sont pas propres aux pays francophones. La version anglaise du Missel, adoptée en 2011, passe mal: la moitié des fidèles et 71% des prêtres la rejettent, car trop formelle et pompeuse, indique La Croix. En Allemagne, la commission instaurée par Benoît XVI a essuyé un refus de la part des évêques en 2013. Du côté hispanophone, le travail n’a pas commencé et les Italiens renâclent également.

Les francophones espèrent pourtant que les choses se débloquent du côté de la recognitio officielle. Mais rien n’est certain pour le moment. L’entrée en vigueur de la nouvelle traduction du Missel, prévue pour le carême 2017, pourrait être reportée à l’Avent 2017. (cath.ch-apic/lc/bl)

Bernard Hallet

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