«Nous devons prendre soin de cet hospice»

«Nous devons prendre soin de cet hospice, lui qui prend soin de nous», lance le chanoine José Mittaz, futur ex-prieur de l’hospice du Grand-Saint-Bernard. Lui et Christophe Darbellay, président du comité de patronage, accueillaient la presse à l’hospice, le 3 juin 2016. Ils ont annoncé la fin de «l’immense projet» de rénovation des bâtiments et le lancement de la restauration de la promenade des chanoines.

«Tout le projet a été réalisé!», lance ravi, le chanoine José Mittaz. Ambiance et accueil pour le moins chaleureux sous la voûte «étoilée» de spots led de la «salle du poêle» de l’hospice du Grand-Saint-Bernard. José Mittaz, rayonnant, et Christophe Darbellay, en communiquant avisé et plutôt fier, ont dressé le bilan de la campagne de rénovation de l’auberge et de l’hospice qui touche à sa fin avec l’ouverture de l’auberge, au soir du 3 juin. Le chanoine, tout à sa joie, remercie  les journalistes de la visibilité qu’il ont donnée à ces «travaux exceptionnels». Christophe Darbellay a pour sa part rappelé les phases successives des rénovations «d’une nécessité absolue sans lesquelles l’hospice fermait».

Trois ans de chantier

Les rénovations du bâtiment principal sont achevées. Un chantier de trois ans durant lequel les 130 fenêtres de la bâtisse ont été remplacées, le câble électrique reliant le tunnel de l’hospice par la cheminée du Tronchet a été remplacé, les façades ainsi que la passerelle qui relie l’auberge à l’hospice ont été restaurées. La muséographie du trésor de l’hospice a été renouvelée. «Il s’agissait autant de sauvegarder un bâtiment qui avait vieilli que d’effectuer une mise aux normes devenue urgente», rappelle Christophe Darbellay qui fait allusion aux «autorités peu regardantes jusque-là, sur les normes de sécurité à respecter». «Nous avons avec l’ouverture de l’auberge refaite, un superbe outil mis à la disposition des futures générations», relève le président du comité de patronage.

Y a t-il eu durant ces rénovations, une préoccupation de l’environnement? «Impossible d’isoler extérieurement un tel bâtiment», tranche Christophe Darbellay. L’hospice est en effet classé monument historique, difficile donc de toucher aux façades librement et «il était techniquement impossible d’isoler des murs épais comme ça! – il ouvre grand les bras». Il n’était pas question de changer la chaudière à mazout. Les nouvelles fenêtres posées et ajustées au millimètre permettront, en revanche, de réaliser de belles économies d’énergie. L’éclairage qui datait des années 80, a été repensé avec l’installation d’ampoules à led, induisant une baisse de la consommation d’électricité.

L’auberge refaite à neuf

On enjambe la route grâce à la passerelle qui relie l’hospice à l’auberge, «la première partie de l’hospice qui a été rénovée», précise Annick Monod Boisseaux, la gérante de l’établissement, guide pour l’occasion. A quelques heures de son ouverture, l’auberge – hôtel, restaurant et magasin – est en ébullition. Les visiteurs se fraient un passage entre des pièces de mobilier encore emballées, de l’outillage, les bâches de chantier et frôlent les ouvriers qui s’activent aux ultimes finitions. L’essentiel est terminé. les 30 chambres de l’établissement avec leur salle de bain privée, ont été refaites. C’est une réussite. Bois, teintes lumineuses et chaleureuses et sobriété de la décoration s’harmonisent parfaitement.

Une chambre a été aménagée pour les personnes à mobilité réduite. «L’accueil et l’hospitalité ont été notre priorité, relève Annick Monod Boisseaux, mais nous n’avons pas fait du luxe. Nous avons réutilisé tout ce qui pouvait l’être et nous avons tenu le budget». La gérante rend hommage au travail des équipes qui se sont relayées tout au long du chantier. Elle souligne que la rénovation a été aussi technique «avec le renouvellement des installations, en bout de course, liées au service et à la restauration».

«Pas d’eau, pas d’hospice»

«Il n’est pas question de dépenser 1,6 million pour la seule promenade des chanoines!», lance malicieux José Mittaz. Il fait allusion à la réfection du mur en pierres sèches qui abrite la canalisation qui amène l’eau, captée d’une source située en amont, jusqu’à l’hospice. «Pas d’eau, pas d’hospice», résume Christophe Darbellay. L’édifice qui date de l’époque romaine a beaucoup souffert des avalanches et des conditions climatiques très rudes. En témoignent les «taches de béton», autant de «réparations» qui émaillent l’ouvrage.

«Nous devons prendre soin de cet hospice, lui qui prend soin de nous».

Grâce au Fonds suisse pour le paysage, à la commune de Bourg Saint-Pierre et à la collecte de dons, 800’000 des 1,6 million de francs devisés pour la rénovation de l’ouvrage ont déjà été rassemblés. Les travaux, prévus en quatre ans, vont débuter cet été. «Des spécialistes de ce type de restauration travailleront main dans la main avec des requérants d’asile», annonce le chanoine qui met en équation la tradition d’accueil de l’hospice et sa situation sur la frontière, «un lieu qui a tendance à se fermer de nos jours». La collaboration entre la congrégation et l’Office de l’asile du Canton de Valais permettra à ces requérants de venir travailler deux mois. Ils seront logés sur place. Reste à trouver 800’000 francs.

7, 2 millions de francs de dons

«A ce jour, la collecte de fonds lancée en 2013 a permis de récolter 7,2 millions de francs», relève Christophe Darbellay. 3’000 donateurs, institutions et anonymes, y ont participé, de 5 à 1,1 million de francs, pour la Loterie Romande. «Nous avons dépensé l’argent au fur et à mesure des travaux… et des surprises que nous a réservé le chantier. Il n’était pas question de thésauriser», ajoute le chanoine. Il n’en revient pas des sommes reçues et de la générosité des gens. Il espérait tout au plus quatre millions.

Sur le départ

«Je continuerai à porter l’hospice dans mes prières», confie, ému, José Mittaz qui quittera le lieu cet été pour les paroisses de Bagnes, Verbier et de Vollèges, formant le secteur de Bagnes dont il a été nommé curé. Il cède la place au chanoine Jean-Michel Lonfat. A l’hospice depuis 2007, il n’a aucun regret au moment de partir. Il dit devoir faire son deuil d’une maison dans laquelle il a tant aimé travailler. «J’ai initié tous ces travaux qui auraient pu continuer mais il faut un début et une fin pour ne pas s’épuiser. Nous devons prendre soin de cet hospice, lui qui prend soin de nous». (cath.ch-apic/bh)

Bernard Hallet

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