Le pape invite le diocèse de Rome à éviter une «pastorale de ghettos»

Pas de «pastorale de ghettos», de «logique séparatiste» ni de «déclarations de principe» qui manquent «de vie». A recommandé le pape François, lors de l’inauguration du Congrès ecclésial du diocèse de Rome, dans la soirée du 16 juin 2016.

Depuis la basilique Saint-Jean-de-Latran, le pape a assuré que le chrétien n’était pas hors de l’histoire et qu’il lui fallait éviter les jugements qui ne prennent pas en compte «la complexité de la vie».

A l’ouverture de ce congrès annuel dédié à l’Exhortation apostolique Amoris laetitia sur la famille, l’évêque de Rome a demandé à ses fidèles de ne pas parler dans l’abstrait mais de s’engager pour des personnes concrètes. Il s’agit, a-t-il insisté, d’éviter «des conclusions bien formulées mais manquant souvent de vie ou des systèmes bien conçus mais qui ignorent la grâce».

Le pontife argentin a ainsi encouragé à sortir des déclarations de principe pour pénétrer dans le cœur palpitant des quartiers romains. «Gardons-nous de mettre en œuvre une pastorale de ghettos et pour des ghettos», a-t-il averti. Et le pape de dénoncer la «logique séparatiste» de celui qui cherche l’identité et la sécurité en se différenciant ou s’isolant «de ceux qui vivent dans une situation différente» afin de ne pas être «contaminé». Une logique erronée puisque «nous ne pouvons pas analyser, réfléchir et encore moins prier sur la réalité comme si nous étions sur des rives ou des sentiers différents, comme si nous étions hors de l’histoire».

Réalisme évangélique

Au fil de son discours dans la cathédrale romaine remplie de prêtres, religieux et laïcs, le pape François a recommandé de «ne donner rien ni personne pour perdu», et de «n’abandonner personne parce qu’il n’est pas à la hauteur de ce qu’on demande de lui». «La vie de chaque personne, la vie de chaque famille, doit être traitée avec beaucoup de respect», a soutenu le pontife qui a prôné «le réalisme évangélique, qui ne s’arrête pas à la description des situations, des problématiques – encore moins du péché – mais qui va toujours au-delà et réussit à voir derrière chaque visage, chaque histoire, chaque situation (…), une possibilité».

Cette attitude ne consiste pas à taire l’idéal évangélique, à ne pas être clairs dans la doctrine, ou à être politiquement correct, s’est défendu le pape François qui souhaitait faire comprendre à l’assemblée l’esprit d’Amoris laetitia. Il s’agit, a-t-il ainsi expliqué, d’»éviter de tomber dans des jugements (…) qui n’assument pas la complexité de la vie».

Le temps des personnes âgées

Le pape a également déploré que la société ait privé nos personnes âgées de leur voix. «Nous les avons privées (…) de l’opportunité de nous raconter leur vie, leurs histoires, leurs expériences, a-t-il regretté. Nous les avons mises à l’écart et ainsi nous avons perdu la richesse de leur sagesse». A cause de ce manque «de modèles (…) de grands-parents, de pères» capables de témoigner «qu’il a été possible de lutter pour quelque chose qui en valait la peine», a encore constaté le pontife, les jeunes ne peuvent plus avoir une vision, ni faire des projets face à un avenir qui génère insécurité, méfiance et peur.

Improvisant largement, le pape François a alors exhorté à encourager les personnes âgées à rêver et à les pousser à nous dire quelque chose. «Dans les programmes pastoraux, c’est l’heure des grands-parents», a-t-il insisté. Répondant ensuite sur le vif à des questions de Romains, le pontife a fustigé la «cruauté pastorale», mais aussi la culture du «maudit bien-être» qui «fait tant de mal». Il a aussi assuré qu’Amoris laetitia était la doctrine sûre, qui n’est pas une doctrine mathématique. Et le pape de renvoyer dos à dos rigorisme et laxisme car le pasteur doit «accompagner, intégrer, discerner sans mettre le nez dans la vie morale des gens». (cath.ch-apic/imedia/ak/bh)

Bernard Hallet

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