Les Français croient encore au rôle social de l'Eglise

Les Français considèrent que l’Eglise catholique a un véritable rôle à jouer auprès des «périphéries». C’est ce qui ressort du premier rapport, rendu public le 27 juin 2016 par la Conférence des évêques de France (CEF), sur les attentes de la population vis-à-vis de l’Eglise.

L’enquête de terrain et le sondage révèlent que, tout en étant très attachés à la laïcité, les habitants de l’Hexagone attendent encore beaucoup de l’Institution, particulièrement sur le plan social. La CEF a présenté la première édition d’un rapport destiné à être annuel.

Selon les résultats du sondage «OpinionWay pour l’Église catholique» réalisés sur 1’002 personnes, 61% des Français considèrent que l’Eglise a un rôle à jouer auprès des personnes en souffrance. 54% pensent qu’elle doit être présente dans les milieux populaires, 51% auprès des personnes non croyantes et éloignées d’elle et 41% dans les campagnes. Les Français attendent de l’Eglise qu’elle assure prioritairement une mission sociale. Une très large majorité (86,5%) estiment qu’en tant qu’acteur social, l’Eglise devrait être plus présente aux périphéries et qu’elle devrait davantage s’y investir. Cette attente est cependant moins forte dans les plus jeunes générations.

La grande créativité des catholiques sur le terrain

Selon les résultats d’un questionnaire envoyé aux diocèses et mouvements dans toute la France, l’Eglise est active principalement dans les villes (30% des lieux d’action recensés) et en cités (28%), mais aussi dans les zones rurales (17%). L’enquête de terrain publiée par la CEF en complément du sondage révèle la grande créativité des catholiques aux «périphéries». «On se doutait que les catholiques étaient engagés auprès des plus fragiles mais on n’imaginait pas ce fourmillement», souligne au quotidien français La Croix Marie Herrault, coordinatrice du projet «Eglise en périphérie», lancé il y a deux ans.

Plus de 50% des activités de l’Eglise auprès des plus fragiles se déroulent, de fait, en dehors des paroisses : hôpitaux, prisons, lieux publics, etc. La première population concernée par l’action sociale de l’Eglise est celle des migrants (32 %), devant les personnes seules ou isolées (26 %) et les chômeurs (14,4 %).

Une Eglise loin d’être moribonde

Si cette enquête témoigne de la volonté de l’Eglise de France de rendre «plus visible et plus lisible» son action de terrain, elle reflète bien la réalité des choses, remarque à La Croix le sociologue Philippe Portier, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études.

«Le diagnostic selon lequel l’Eglise serait moribonde dans une société sécularisée, trop affaiblie pour susciter encore un engagement, n’est pas juste», assure-t-il. «L’Eglise a encore une grande capacité d’irrigation de la société française, dans une période de crise de l’Etat, marquée par une déshérence militante des organisations laïques». Pour le sociologue, cette enquête semble montrer que «les liens entre les Français et l’Eglise demeurent plus forts qu’on ne le croit». (cath.ch-apic/cef/cx/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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