L’Evangile de ce dimanche présente une succession de scènes sur le chemin de Jésus. Une constante unit ces scènes, c’est l’impuissance des hommes à guérir et sauver ce qui est perdu.
On voit d’abord un homme très inquiet qui se jette aux pieds de Jésus et le supplie de guérir sa fille mourante. C’est la première scène. La deuxième montre une femme craintive et tremblante touchant le manteau de Jésus et se retrouvant guérie après 12 années de maladie. La troisième scène est capitale : dans la maison de Jaïre, une très grande agitation, des gens pleurent, d’autres hurlent, comme il est compréhensible face à la mort d’une adolescente. Jésus établit le silence, puis, avec des paroles et des gestes tout simples, éveille la fillette de la mort.
Que mettent en évidence ces récits? Quelle constante unit ces trois évènements? Dans ces trois scènes, le sentiment présent est celui de la peur opposé à celui de la foi. La peur de la maladie et de la mort. Or la foi en Jésus peut sauver ce qui est perdu. La peur, nous le savons, paralyse devant le danger. Elle empêche d’agir. Elle aveugle l’intelligence. Celui qui a peur a la quasi-certitude d’être perdu. Il vit comme un avant-goût amer de la mort.
Disons entre parenthèses ceci: l’ordre premier de la création excluait la peur de la mort. Rappelez-vous l’affirmation de la première lecture: «Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants» (Sg 1).
La méditation d’un poète dit ce qu’aurait pu être la mort à l’origine du monde:
« Ce qui depuis ce jour est devenu la mort
N’était qu’un naturel et tranquille départ.
Le bonheur écrasait l’homme de toute part.
Le jour de s’en aller était comme un beau port. »
(Péguy, EVE, str. 26).
La mort comme un beau port vers la joie.
La mort, comme l’embarquement vers l’océan du bonheur.
La mort comme un départ paisible du fini vers l’infini.
C’est l’évidence : Nous ne connaissons plus ce passage paisible. Le péché nous a exilés dans un monde blessé où la mort règne et la peur tourmente. Celle des déchéances progressives de notre corps, destruction de tout ce que nous sommes. Et pourtant, au plus intime de chacun, un germe d’éternité habite, le désir invincible d’une vie éternelle et de la joie d’un amour infini. Là Jésus est notre secours, là est sa place. Son message répond à nos désirs d’infini. Sa Parole reçue détruit les peurs qui nous rongent. Toute la Bonne Nouvelle est là: N’ayez pas peur! Ne craignez pas la mort corporelle – elle n’est qu’un sommeil. Craignez au contraire de vous séparer du Vivant, du Dieu source de plénitude, du Père très aimant. Ayez peur surtout de vous séparer du Dieu vivant, le Père.
La Bonne Nouvelle de ce jour est que Jésus vient nous proposer la foi, qui est comme une anti-peur. La confiance qui est une anti-crainte. La foi est l’adhésion du cœur et de l’esprit qui l’emporte sur les certitudes scientifiques. Pascal disait: «la foi, c’est Dieu sensible au cœur, non à la raison». Ou encore l’Abbé Pierre: «la foi, c’est la certitude que chacun peut aimer son prochain et être aimer en retour».
Ainsi, Blaise Pascal et l’Abbé Pierre ont bien compris ce que l’Evangile de ce jour enseigne: la foi libère de la peur. Méditer les récits des guérisons de l’Evangile pourrait libérer tous les malades qui craignent les souffrances et bien sûr la mort. En effet, c’est à la foi que sont liées chacune des guérisons présentées dans les Evangiles. Disons simplement que parce que ces hommes et ces femmes ont eu foi en la divinité de Jésus que notre Seigneur a pu apporter la guérison.
La foi est l’instrument de la guérison. Jésus guérit, sauve, relève, ressuscite celui qui a la foi. Celui qui n’a pas la foi, celui-là empêche Dieu de se donner à lui. La foi dispose à l’action de Dieu. Jésus le dit: «ta foi t’a sauvée». C’est ta foi qui t’a sauvé. Jésus ne dit pas «Je t’ai sauvé!» mais «ta foi t’a sauvé!»
Ainsi la vraie guérison n’est pas le résultat d’un procédé magique, très compliqué, mais elle est le simple fruit de la foi «toute-puissante». Elle est signe du salut déjà présent. Ainsi est-elle une réalité plus nécessaire que la guérison, plus importante que la santé, plus vitale que la vie du corps. Cette réalité, c’est la foi, pour nous en cette vie croire en Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur.
Seigneur Jésus, tu nous enseignes que la foi doit dépasser notre peur.
Aide-nous à avoir confiance au-delà de nos peurs.
Préserve-nous de l’angoisse, du découragement ou d’une tristesse chronique.
Merci Seigneur, de nous donner des signes concrets pour nourrir notre foi.
Pour vaincre l’hostilité de notre univers: tristesse, pessimisme, absence d’envie de vivre.
Tu es avec nous, toi dont l’amour est plus fort que nos peurs.
Tu es avec nous, toi dont l’amour est plus fort que la mort elle-même.
« Talitha koum » : lève-toi ! Recommence à vivre.
Amen.
Père Jérôme Jean
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