L’automne est une saison qui incite à méditer sur les choses humaines: nous avons devant nous le spectacle annuel des feuilles qui tombent. A travers ces feuilles mortes, on peut penser au destin de l’homme. L’homme n’est-il pas un peu comme en automne – les feuilles – sur les arbres ? Une génération vient, une génération passe, puis tombe en poussière.
Mais est-ce vraiment cela notre destin final? Sommes-nous rien de plus qu’une feuille d’arbre qui tombe en automne? Le destin de l’homme serait-il rien de plus que celui de l’arbre et de la feuille?
Nous le savons par expérience, l’arbre, après s’être dépouillé, refleurit au printemps: de nouvelles feuilles à chaque printemps! Mais une fois tombé à terre, l’homme, au contraire, ne voit plus la lumière. Au moins, la lumière de ce monde… son corps est dans la nuit. Enfermé dans la nuit du tombeau.
Le premier dimanche de l’Avent marque le début d’une nouvelle année liturgique. L’Eglise saisit l’occasion de ces moments forts, ces moments de transition, d’une année à l’autre, d’une saison à l’autre, pour nous inviter à nous arrêter un instant, à faire le point sur notre route, à nous poser les questions essentielles: «Qui sommes-nous? D’où venons-nous? Et surtout, où allons-nous?».
Les lectures de la messe de ce dimanche nous aident à donner une réponse à cette question, la plus angoissante et la plus humaine des questions. Tous les verbes sont au futur. Dans la première lecture nous entendons ces paroles de Jérémie: «Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda: En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai naître chez David un Germe de justice…».
A cette attente, qui sera comblée par la venue du Messie, l’Evangile que nous avons entendu donne un horizon nouveau, qui est le retour glorieux du Christ à la fin des temps. «Les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire».
Ce sont des couleurs et des images apocalyptiques, de catastrophes. Et pourtant, paradoxalement, il s’agit d’un message de réconfort et d’espérance. Ce message nous dit que nous n’allons pas vers un vide et un silence éternel mais vers une rencontre, la rencontre avec celui qui nous a créés, la rencontre avec celui qui nous aime plus encore que notre père et notre mère.
Du point de vue chrétien, toute l’histoire humaine est comme une longue attente: avant le Christ, on attendait sa venue, après le Christ, on attend son retour glorieux à la fin des temps.
Précisément pour cette raison, le temps de l’Avent a quelque chose de très important à nous dire pour notre vie. Qu’est-ce à dire? Eh bien, justement que la vie est une attente! C’est fondamental.
Vous avez remarqué, les bureaux des personnes importantes ont tous des «salles d’attente». Tout bien réfléchi la vie elle-même est une salle d’attente.
Souvent, nous nous impatientons lorsque nous sommes obligés d’attendre. Il nous faut toujours tout, tout de suite, avoir tout, tout de suite à notre disposition. Notre monde et notre vie sont remplis d’impatience. Alors que St Paul disait que l’amour prend patience.
Sommes-nous seulement capable d’attendre le bon moment?
Connaissons-nous encore la joie d’attendre quelque chose?
Fondamentalement pour un chrétien l’attente est un bien. Pour deux raisons. D’abord elle purifie le désir dans ce qu’il a de superficiel et ensuite elle avive le désir dans le temps et rend ainsi la joie finale encore plus grande.
Oui, malheur à nous si nous cessons d’attendre quelque chose. Une personne qui n’attend plus rien de la vie est morte. C’est l’attente qui fait de nous des vivants !
Ainsi nous pouvons dire que la vie est une attente. Mais le contraire est également vrai: l’attente est vie!
L’Avent qui commence, c’est le temps de l’attente. Nous avons tous le choix d’attendre ou de ne pas attendre.
Le Chrétien est celui qui choisit volontairement d’attendre.
Et accrochez-vous, nous attendons celui qui est venu, celui qui est présent au milieu de nous, et nous attendons celui qui viendra.
Et celui-là est toujours le même.
Toujours fidèle à Lui-même. Il est Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.
Entendez comme notre attente englobe tous les temps. Elle est attente de quelqu’un qui est déjà venu dans le passé, elle est attente de quelqu’un qui marche à nos côtés dans le présent, qui est présent au milieu de nous, qui se donne présentement dans l’Eucharistie, la Parole, L’Eglise, dans les pauvres et qui par grâce habite dans nos cœurs. Enfin elle est attente de celui qui reviendra à la fin des temps.
Alors, très concrètement, que faut-il faire?
L’attente du chrétien n’est pas une attente vide, elle ne signifie surtout pas laisser passer le temps. Dans l’Evangile de ce dimanche Jésus dit également comment doit être l’attente des disciples, comment doivent-ils se comporter en attendant, pour ne pas être pris par surprise: «Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie… Restez éveillés et priez en tout temps».
En somme, la disposition de celui qui attend c’est la confiance. Il peut y avoir des signes terrifiants, des guerres, des famines, des persécutions, des réchauffements climatiques, des grippes H1N1, des pandémies, toutes sortes de catastrophes, des annonces de fin du monde, tout cela n’est pas si important.
Car lorsque nous voyons notre propre vie s’ébranlée, quand nos fondements sont ébranlés, lorsque tout vacille, c’est alors que quelque chose de nouveau peut se produire. Peut-être faut-il passer par toute sorte de bouleversements pour rester éveillé, pour garder intact le désir d’une rencontre.
C’est assez étonnant, mais ce n’est que si mon propre monde se disloque, que le monde de Dieu peut s’ouvrir à moi.
Seigneur, de même que les feuilles tombent des arbres, un jour nous allons mourir.
Ce jour-là sera le grand jour de la rencontre.
En attendant ce jour… nous sommes dans l’attente.
Notre vie est attente de ce jour. La vie est une attente.
Une attente qui purifie et avive notre désir.
Attente de Celui qui est, qui était et qui vient.
Aides-nous Seigneur à rester éveillés et prier durant cette attente,
même et surtout si nous sommes bouleversés.
En signe de cette attente confiante,
nous allumons la première bougie de l’Avent, la bougie de l’attente confiante!
Amen.
Père Jérôme Jean
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