Seule l’attente est génératrice de joie authentique!

Messe du 3e dimanche de l’Avent (Lc 3, 10 -18).
(L’attente : c’est la vraie joie !)
Le troisième dimanche de l’Avent est entièrement imprégné du thème de la joie.
On l’appelle traditionnellement le dimanche « laetare », le dimanche « réjouissez-vous », le dimanche de l’exultation, la vraie la joie.

Dans la première lecture nous avons entendu les paroles du prophète : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem ! ».

Et les paroles de saint Paul dans la deuxième lecture : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous ».

Et encore dans le psaume, cet extraordinaire vocabulaire de la joie s’enrichit d’autres termes : « Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ; il est pour moi le salut. Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut. Jubilez, criez de joie, habitants de Sion ».

Vous entendez à travers toutes ses paroles comme la joie est une magnifique réalité.
Mais interrogeons nous : Qu’est ce que la joie authentique et pourquoi donc se réjouir ?

La joie pour nous les chrétiens, caractérise la proximité du Royaume. Celui qui est dans la joie, c’est celui qui est proche de Dieu. Seul celui qui est proche de Dieu peut se réjouir. Car la joie est un don de l’Esprit. Elle est un fruit de l’Esprit Saint.

En somme, la vraie joie, c’est quand on réalise que Dieu est tout proche !

Et réaliser cette proximité de Dieu nous transforme au-dedans : comme un mouvement agréable et profond qui fait vibrer l’âme, comme une exaltation ressentie par toute la conscience.

Oui, ce qui est de beau avec la joie, c’est qu’elle touche l’âme au plus profond.
« Elle est une agréable émotion de l’âme ». Disait Descartes.

Ici il est bon de s’arrêter et de distinguer la joie du plaisir. Le plaisir est d’avantage lié au sens, à ce qui est sensible. La joie est liée à ce qui est intérieur, profond, spirituel, à l’âme de notre personne.

Peut-être que l’on peut dire que la joie est à l’âme ce que le plaisir est au corps.

La joie touche et réjouit ce qui est au-dedans, alors que le plaisir est sensible et lié à ce qui vient du dehors.

L’écrivain Duhamel disait quelque chose de très beau : «si posséder est un plaisir, donner est une joie!».

C’est vraiment beau et bien dit : « si posséder est un plaisir, donner est une joie ! ».

Manger du pain frais et un vrai plaisir, ce n’est pas une joie. Au contraire, donner du pain à celui qui a faim, ce n’est pas un plaisir, mais une vraie joie !
Encore une belle citation : « Le plaisir est le bonheur des fous, le bonheur est le plaisir des sages ». Jules Barbey d’Aurevilly

Mais revenons à L’Avent, ce temps de l’attente dans lequel nous sommes.
Un poète italien (Leopardi) disait que dans la vie présente, la seule joie possible et vraiment authentique est la joie de l’attente !

Cela donc dire que ce qui réjouit l’âme, c’est ce qui va venir et qui nous apparait comme un bien !

Entendez bien : la joie n’est pas dans la possession, mais elle est dans l’attente !
Elle est dans cette espérance que le meilleur est encore à venir. Au devant.

Pour le dire autrement : L’attente de la fête est plus belle que la fête elle-même.

Nous avons tous faits cette expérience : La possession d’un bien ne fait qu’engendrer la désillusion et l’ennui. On se lasse si vite de ce que l’on possède, alors que l’attente avive le désir.

Dans le fond, seule l’attente est génératrice de joie authentique !

Saint Paul a une très belle formule : il dit que les chrétiens doivent être dans « la joie de l’espérance » (Rm 12, 12).

Cette parole ne signifie pas qu’ils doivent seulement « espérer être heureux » (après la mort), ce qui est déjà pas mal ! Mais encore qu’ils doivent « être heureux d’espérer », heureux dès maintenant pour le simple fait d’espérer.

Non seulement espérer être heureux, mais encore être heureux d’espérer !

Oui, notre joie, c’est d’espérer ! Notre joie, c’est d’attendre ce qui doit venir, qui n’est pas encore là, mais qui est certain. Concrètement, notre joie, c’est d’attendre Celui qui vient nous rejoindre. Voilà notre joie. Fondée sur notre attente. Voilà notre espérance et notre bonheur !

Et elle a un nom. Un visage. C’est une personne. Personne divine. Le fils de Dieu : Jésus-Christ, le Verbe fait chair. La révélation de l’amour vrai !

Seigneur, tu veux plus que notre plaisir, tu veux notre joie.
Et notre joie est d’attendre celui qui va venir pour nous combler.
Seigneur, que cette attente soit l’espace de ma conversion.

SEIGNEUR,  JE CROIS QUE L’ESSENTIEL DE MA VIE EST DANS CETTE ATTENTE.
Notre vie est attente. Et l’attente est vie !

Seigneur, je le crois : mystérieusement, c’est déjà te posséder que de t’attendre !
Seigneur, j’espère être heureux…
aides-moi à être heureux d’espérer.

Amen.
Père Jérôme Jean.

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