Jésus, un enfant rebelle?

La page de Luc que nous venons d’entendre est le dernier épisode des récits de l’enfance. Nous sommes exactement entre la narration des origines et celle du début du ministère. Ce récit nous montre LA SAGESSE DE JÉSUS et LA RELATION particulière qu’il entretient AVEC SON PÈRE.

Les parents de Jésus, comme tous bons juifs, faisaient le pèlerinage à Jérusalem trois fois par année (Pâque, Pentecôte et la Fête des cabanes). C’est donc une famille pieuse observant la Loi et les commandements, une famille en marche avec la communauté vers le Temple et vers Dieu. Or voilà que ces bons parents perdent leur enfant! La scène nous paraît choquante. Comment la comprendre? Et comment se fait-il que Jésus ne soit retrouvé que le troisième jour? N’auraient-ils pas pu s’en rendre compte un peu plus tôt?

Le pape répond dans son dernier livre que la communauté se déplaçait en groupe. Les enfants étaient libres d’être d’un côté ou de l’autre. Entendez comme obéissance et liberté se conciliaient bien l’une avec l’autre. Ce n’est que le soir du premier jour que les parents réalisent l’absence de leur fils. Commencent alors pour eux ce que tous les parents du monde connaissent bien, l’angoisse et la préoccupation pour leur enfant.

Un jour de marche pour le retour et voilà le deuxième jour qui finit. Puis un temps pour le retrouver dans Jérusalem et nous voici au troisième jour. Ces trois jours sont donc très réalistes. Une indication temporelle précise et historique. Mais plus profondément, ces trois jours renvoient aux trois jours qui séparent la Croix de la Résurrection. Trois jours de souffrance et d’absence de Jésus. L’épée de souffrance prophétisée par Siméon devient alors, bien sûr, très concrète pour Marie.

Dans ce contexte de disparition, la parole de Jésus  est impressionnante.

– Comment cela vous m’avez cherché? Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père?

– Marie réplique, ton père est moi t’avons cherché, angoissés.

– Jésus répond, je suis chez mon Père!

En clair, ce n’est pas Joseph le Père, mais un Autre, Dieu lui-même. Entendez comme la filiation divine de Jésus est affirmée sans détour. Oui, Jésus est vrai Dieu, selon la foi et les Ecritures. Il est le Fils du Père éternel. Parce qu’il est Fils de Dieu, il a des devoirs à faire. Ainsi doit-il à son Père d’être chez lui, pour lui. Il est soumis à la volonté de Dieu. Ce même vocabulaire dira plus tard que Jésus doit beaucoup souffrir, être rejeté, être tué et enfin ressuscité. Jésus doit cela à son Père.

Entendez que ce qui apparaissait comme une désobéissance à ses parents est en fait l’expression de son obéissance filiale à son Père céleste. Il est dans le Temple non comme rebelle à ses parents, mais précisément comme celui qui obéit!

Eux ne comprirent pas ce qu’il disait. Car le mystère était encore épais. Le voile dissimulait ce qui bientôt serait manifesté.
La sagesse extraordinaire de Jésus se manifeste tout de même dans la scène du temple. Il est assis au milieu des docteurs de la Loi; il écoute et pose des questions. Tous sont dans l’admiration devant son intelligence et ses réponses.

Vous le savez, pour les juifs, Dieu est présent dans le temple de Jérusalem, dans le lieu appelé le saint des saints. Dans cette scène, Jésus se tient donc auprès de Dieu, dans sa maison. Là il écoute, il pose des questions et donne des réponses brillantes. Jésus ne fait pas que parler et donner des réponses. Il sait aussi écouter. Il sait interroger. Il n’est donc pas un petit garçon à la science infuse, mais bien un enfant intelligent, ouvert et surtout connaisseur des écritures, qui a aussi dû apprendre de manière humaine.

Il est dit que Jésus est «assis» au milieu des docteurs. Dans la posture assise propre à l’élève, au disciple devant le maître. Il a la position de celui qui écoute patiemment un autre lui parler. Jésus apprend donc des docteurs de la loi.
Mais une fois l’apprentissage acquis, il possède UNE INTELLIGENCE SPIRITUELLE INÉGALABLE, une PÉNÉTRATION SPIRITUELLE tout à fait exceptionnelle.

Nous entendons aussi qu’au milieu de cette scène, tous les regards convergent vers Jésus. Il est le centre de tout cet enseignement, parce que son attention et ses paroles sont déjà pleines de sagesse. Jésus nous est présenté comme UN SAGE connaissant le sens des Ecritures. Il est celui qui connaît la volonté de Dieu et qui sera disposé à s’y soumettre librement. Parce qu’il est tout à fait inhabituel de voir et d’entendre un tel enfant, les gens présents sont dans l’étonnement et la stupeur. Mais la pointe du récit doit encore venir.

 

Luc ne veut pas seulement nous dire la sagesse de Jésus-Enfant, mais il veut surtout nous dire que CET ENFANT A UNE RELATION PRIVILÉGIÉE AVEC DIEU SON PÈRE.

A Marie qui se plaint d’avoir souffert à le chercher il répond: «Pourquoi me cherchiez-vous? Ne le saviez-vous pas? C’est chez mon Père que je dois être». Cette parole est la première que Jésus prononce dans l’Evangile de Luc, la seule que nous connaissons de lui pendant ses trente premières années. Jésus dit qu’il ne faut pas le chercher dans une caravane, dans sa famille humaine, mais dans la maison de Dieu, dans le temple, auprès de son Père… Céleste.

Ainsi la première parole de Jésus mentionne le Père, et sa dernière Lui sera aussi adressée: « Père, en tes mains je remets mon esprit. » (Lc 23, 45).

 

Marie, la grande Marie, la mère de Dieu, MARIE NE COMPREND PAS. Elle a retrouvé son fils physiquement, mais elle ne l’a pas encore totalement trouvé. Elle ne l’a pas encore totalement découvert. Son fils est une énigme. Il est un mystère qui échappe à la mère biologique.

Marie a dit oui à l’ange. Elle a dit oui à quelque chose de magnifique qui l’a dépassée complètement. AUJOURD’HUI, DANS LA NUIT, SANS COMPRENDRE ELLE DOIT DIRE A NOUVEAU OUI.

LA FOI C’EST DIRE OUI, DANS LA NUIT, SANS COMPRENDRE.
La foi, c’est croire Dieu à l’œuvre sans avoir la preuve qui permet de tout vérifier.

Dans la foi, il y a un processus graduel de compréhension. Progressivement Dieu nous éclaire. Petit à petit la lumière se fait. Ne demandons pas à Dieu de tout nous expliquer d’un coup. Ne demandons pas d’être éblouis. Mais demandons-Lui d’être éclairés progressivement sur la merveille de sa volonté.

 

A la fin de notre récit, Jésus retourne à Nazareth. Il y grandit en sagesse, en taille et en grâce. Il apparaît ici clairement qu’il a pensé et appris d’une manière humaine. Au travers de cette page d’Evangile, Jésus nous est révélé «vrai homme et vrai Dieu», comme l’exprime la foi de l’Eglise.

OUI JESUS EST UN MAITRE EN SAGESSE. IL EST RELATION AVEC DIEU, SON PERE.

Qu’il nous accorde de faire grandir en nous les grâces que nous avons reçues durant cette année. Ainsi pourrons-nous le servir, l’année prochaine, encore mieux et faire toujours plus sa volonté.

Amen.
Père Jérôme Jean

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