Homélie du 10 juillet 2016 (Lc 10, 25-37)

Père Claude Etienne – Chapelle des Soeurs de Saint-Maurice, La Pelouse, Bex

SE FAIRE LE PROCHAIN DE L’AUTRE…

Les textes bibliques de ce dimanche nous parlent du grand commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Dans la première lecture, Moïse rappelle au peuple d’Israël que cette loi n’est pas au dessus de nos forces ni hors de notre atteinte. Elle n’est pas dans les nuages ni au-delà des mers. Elle est inscrite au cœur des hommes, même à ceux qui ne le connaissent pas. Avant d’être un visage, Dieu est une voix capable de nous rejoindre au plus proche de notre cœur.

Aujourd’hui, le docteur de la loi pose une question importante à Jésus: «Qui est mon prochain ?», Jésus la retourne en ces termes: «Qui s’est fait le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands?»

Celui qui a le mieux répondu, ce n’est pas le prêtre ni le lévite. Pourtant, tout les disposait à recevoir l’amour de Dieu et à le transmettre. Celui qui a su se faire proche, c’est un homme qui ne faisait pas partie du peuple élu, un samaritain, un exclu.

«Leurs mains sont pures mais ils n’ont pas de main»

Mais ce prêtre et ce lévite, il faut les comprendre. Ils vont à Jérusalem pour la célébration au Temple. En touchant du sang ou un mort, ils se seraient rendus impurs. Ils seraient donc devenus inaptes à célébrer le culte. C’est pour éviter cette impureté qu’ils passent de l’autre côté, à côté du geste humain du secours, à côté de la charité, à côté de l’évangile. «Leurs mains sont pures mais ils n’ont pas de main,» pas de cœur. En voulant rester fidèles à la loi, ils oublient le vrai commandement de Dieu.

Arrive un samaritain. Cet homme est totalement étranger à tous ces calculs. C’est aussi un exclu. Mais il ouvre tout grand son cœur. Il prend le temps de s’arrêter, de soigner et de transporter le blessé. Il va même jusqu’à donner de l’argent pour qu’il soit soigné correctement. Lui qui était tenu pour désobéissant à la loi en est le vrai pratiquant. En nous le donnant pour modèle, Jésus nous montre le chemin à suivre pour avoir part à la Vie éternelle.

  «A nous de devenir le prochain de celui qui est sur notre route»

C’est lui qu’il nous donne comme modèle à imiter. Avec cette parabole, il nous montre que ce n’est pas à nous de décider qui est notre prochain. C’est à nous de devenir le prochain de celui qui est sur notre route, quel qu’il soit. Les docteurs de la loi faisaient des distinctions entre les différentes catégories de prochain. Avec Jésus, il y a un renversement radical. L’important c’est de nous faire proche de l’autre, de nous approcher de lui.

Mais en lisant cet évangile, il nous faut faire un pas de plus. Jésus n’est pas là pour nous donner une leçon d’assistance à personne en danger. Les Pères de l’Eglise ont vu dans ce voyageur blessé l’homme déchu, l’homme du péché. Les brigands ce sont les forces hostiles qui nous détournent de Dieu et nous entrainent au malheur. Mais voilà qu’un samaritain «descendait». Jésus est descendu du ciel ; il nous a pris en pitié. Le vin et l’huile du Samaritain représentent les sacrements institués par le Christ.

«L’indifférence nous rend hypocrite»

Dans sa catéchèse, prononcée récemment devant près de 15 000 personnes, le pape a proposé un « sérieux » examen de conscience aux fidèles. « La miséricorde n’est pas un mot abstrait mais un style de vie » que « je choisis » et qui requiert des actions concrètes, a-t-il soutenu. « La miséricorde a des yeux pour voir, des oreilles pour entendre et des mains pour réconforter. » Quand on passe sans voir, l’indifférence nous rend hypocrite, et « sans nous rendre compte, cela débouche sur une forme de léthargie spirituelle qui rend l’âme insensible et la vie stérile ».

« Celui qui a expérimenté la miséricorde du Père ne peut rester insensible face aux nécessités de ses frères. L’enseignement de Jésus ne propose pas de voie de fuite, a poursuivi le pape. On ne peut pas tergiverser devant une personne qui a faim, il faut lui donner à manger. »
Il faut voir Jésus dans l’affamé, le prisonnier, le malade, la personne dévêtue et dans celui qui, sans travail, doit nourrir sa famille, a-t-il ajouté. « Pourquoi doit-on le faire ? Parce que c’est ainsi que Jésus nous regarde. »


15ème Dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Deutéronome 30, 10-14;  Psaume 68; Colossiens 1, 15-20;  Luc 10, 25-37

https://www.cath.ch/homelie-10-juillet-2016-lc-10-25-37/