Les trésors enfouis de la cathédrale du Bon Pasteur à Singapour

Une «capsule temporelle» de 173 ans vient d’être découverte par des ouvriers lors de travaux de restauration, à la cathédrale du Bon Pasteur à Singapour. «Une découverte rare», estiment les experts, et d’autant plus importante que la cité de Singapour n’a été fondée qu’en 1819.

Recouverte par la première pierre symbolique des fondations, dans un trou de la taille d’une boîte à chaussures, la capsule contenait des publications (un livret de prières et des journaux de 1843), 24 pièces de monnaie des XVIII et XIXème siècle (provenant du Vietnam, de Grande-Bretagne, de France, du Portugal et d’Espagne), ainsi que des pièces utilisées par les marchands locaux de la même époque pour payer les ouvriers dans les plantations, rapporte l’agence Eglises d’Asie.

Causées sans doute par les constructions souterraines du métro et l’université SMU, des fissures dans les murs, le sol et les colonnes de la cathédrale, apparues en 2006, ont motivé la campagne de restauration actuellement en cours. Le clocher penchait dangereusement et le bâtiment, classé au Patrimoine en 1973, souffrait de son âge avancé.

Renforcer les fondations

La restauration de la cathédrale n’a toutefois débuté qu’en 2013, le temps pour le diocèse de réunir les 40 millions de dollars singapouriens (environ 27 millions d’euros) nécessaires au chantier de rénovation.

Dans un premier temps, il a fallu renforcer les fondations de la cathédrale. Une chapelle au sous-sol pour les messes en semaine et une crypte seront ajoutés, ainsi qu’un bâtiment annexe de trois étages avec un centre du patrimoine pour relater l’histoire du catholicisme à Singapour et une galerie d’exposition pour rendre accessible les trésors de la cathédrale aux visiteurs. L’intérieur de l’église sera climatisé et le grand orgue restauré.

Un livret de messe utilisé par le pape Jean-Paul II

Autres découvertes: l’anneau épiscopal orné d’une améthyste ayant appartenu à Mgr Michel Olçomendy (1901-1977), le premier archevêque de Singapour, retrouvé dans la sacristie. Et le livret de messe utilisé par le pape Jean-Paul II en 1986, lors de son passage à Singapour, stocké dans un placard poussiéreux.

«Une découverte comme celle-ci nous reconnecte avec le passé. Cela nous encourage également à nous raccrocher à la foi et à préserver l’histoire de l’Eglise», souligne Mgr Philip Heng. L’actuel recteur de la cathédrale du Bon Pasteur a partagé l’intention de mettre des journaux actuels, des pièces de monnaie et des billets de Singapour et peut-être même «quelques-unes des vieilles pièces de monnaie découvertes dans la capsule temporelle originale» dans une boîte métallique de la taille d’une brique qui sera enfermée dans la nouvelle colonne qui se trouve à l’emplacement de l’ancienne. «Dans les années à venir, dans deux cents ans peut-être, j’espère que la découverte sera préservée pour les générations futures».

La fin des travaux est prévue pour décembre 2016 et une cérémonie pour la re-consécration de la cathédrale aura lieu le 14 février 2017.


La première église catholique de Singapour

La cathédrale du Bon Pasteur (Cathedral of the Good Shepherd) est la plus ancienne église catholique de Singapour. La première pierre a été posée le dimanche 18 juin 1843 par le P. Jean-Marie Beurel (1813-1872), missionnaire français, membre des MEP (Missions Etrangères de Paris). A cette date, le missionnaire âgé d’à peine 30 ans n’est présent dans la cité portuaire que depuis quatre ans, mais il déploie une énergie considérable au service du développement du catholicisme dans ce territoire britannique racheté en 1819 par Sir Thomas Stamford Raffles au sultan de Johor pour 33’000 dollars espagnols. Lors de ce dimanche, un document traduit en cinq langues (latin, français, portugais, chinois et malais), des pièces de monnaies anglaises, françaises, espagnoles et des journaux comme le Singapore Free Press et le Straits Messenger sont placés dans des vases et ensuite disposés dans les fondations de l’église. Seules les archives de ce missionnaire ont permis de connaître l’existence de cette «capsule temporelle». (cath.ch-apic/eda/jb/gr)

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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