Rome: La Trinité-des-Monts, des Fraternités monastiques de Jérusalem à l’Emmanuel

C’est désormais officiel: le Saint-Siège et la République française ont signé, le 25 juillet 2016, un avenant à une convention historique datant de 1828 afin de confier le domaine romain de la Trinité-des-Monts à la Communauté de l’Emmanuel. Les Fraternités monastiques de Jérusalem quittent donc  ce lieu prestigieux.

Cette dernière remplacera à compter du 1er septembre prochain les Fraternités monastiques de Jérusalem, qui géraient le domaine depuis 10 ans, mais dans «l’impossibilité» de poursuivre leur mission, indique le document signé au Vatican.

10’000 membres dans une soixantaine de pays

C’est la première fois depuis leur fondation à la fin du 15e siècle que l’église et le couvent de la Trinité-des-Monts seront confiés à une communauté regroupant des laïcs, des personnes consacrées et des prêtres, et non plus une communauté religieuse.

Association publique internationale de fidèles de droit pontifical, fondée en France en 1972, la Communauté de l’Emmanuel compte environ 10’000 membres dans une soixantaine de pays, sur tous les continents. Le domaine sera désormais particulièrement géré par un prêtre, le Père Dominique-Marie David, et par un couple de laïcs, Pierre-François et Christine Graffin, tous membres de la communauté.

«La communauté apportera à la Trinité-des-Monts son charisme propre qui va s’inscrire dans la continuité de l’histoire de la Trinité-des-Monts et dans la fidélité à son héritage», a souhaité rassurer l’ambassadeur de France près le Saint-Siège, Philippe Zeller, lors de la signature de l’avenant.

Elle «apportera un souffle renouvelé» à la Trinité des Monts, «dans la continuité de son esprit, à l’image de la relation ancienne est forte existant entre la France et le Saint-Siège», a-t-il ajouté.

L’Emmanuel y installe son école de mission

La communauté issue du Renouveau charismatique s’apprête à assumer ainsi une responsabilité au service d’un patrimoine culturel français et romain de grande importance, et, en même temps, elle répond à un appel à contribuer d’une nouvelle manière à la mission évangélisatrice de l’Eglise, a pour sa part souligné Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les Etats.

Outre l’église, le couvent, les deux écoles, la maison d’accueil des pèlerins et l’association organisant des visites de Rome dans une optique religieuse, l’Emmanuel installera en effet à la Trinité-des-Monts son école de mission.

Essoufflement des vocations

La présence française à la Trinité-des-Monts remonte à 1494: Charles VIII achète aux Frères minimes le terrain sur la colline du Pincio, où sont édifiés l’église et le couvent. Les minimes restent jusqu’au début du 19e siècle et construisent notamment une bibliothèque. Puis, par deux conventions diplomatiques du 14 mai et du 8 septembre 1828, le domaine est confié à la Société des Dames du Sacré Cœur, qui y crée une école, ainsi qu’un centre d’accueil des pèlerins. Faute de renouvellement des vocations, les religieuses décident de quitter la Trinité-des-Monts. Entre l’église, le couvent, l’école et la maison d’accueil des pèlerins, la tâche était devenue trop lourde.

Un avenant signé en 2006 confie alors le domaine aux Fraternités monastiques des frères et sœurs de Jérusalem, pour une durée de 10 ans, avec renouvellement tacite. Mais neuf ans plus tard, les Fraternités, elles même confrontées à un essoufflement des vocations religieuses, déclarent à leur tour forfait et décident de ne pas poursuivre leur mission.

Hommage appuyé de Philippe Zeller, ambassadeur de France près le Saint-Siège

Certains observateurs estiment par ailleurs que le charisme de cette communauté, fondée par le Père Pierre-Marie Delfieux (1934-2013), n’était pas particulièrement adapté à la gestion d’un domaine aussi complexe. Philippe Zeller leur a cependant rendu un hommage appuyé, exprimant son «vif regret» de les voir partir au bout de seulement dix ans, pour des «raisons d’organisation interne», saluant leur «remarquable succès» dans la gestion de l’école et de la maison d’accueil.

C’est donc ces deux conventions et trois avenants que le Saint-Siège et la République française ont amendés, ce 25 juillet. Le nouvel avenant rappelle «l’attachement du Saint-Siège et de la République française au caractère français du domaine de la Trinité-des-Monts et à son expression séculaire», et le souhait que le domaine «continue à contribuer au rayonnement de la spiritualité chrétienne, de la culture et de la langue françaises». Il est conclu pour une durée de 10 ans, et renouvelable par tacite reconduction pour de nouvelles périodes de 10 années. (cath.ch-apic/imedia/bl/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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