APIC-REPORTAGE

par Edith Castel, APIC

Paris: premier Forum international du développement (090692)

Près de 80’000 personnes venues de toute la France

Paris, 9juin(APIC) Le premier Forum international du développement a rencontré un plein succès. Près de 80’000 personnes venues de toute la France,

de vendredi à dimanche, ont participé au Bourget à cette vaste rencontre

organisée par le Comité catholique contre la faim et pour le développement

(CCFD). Une rencontre qui a permis à des personnalités politiques et religieuses de s’exprimer sur l’enjeu d’un monde plus juste. Une rencontre où

des jeunes et des enfants ont pris conscience que le Sud existe et qu’il a

droit lui aussi à la dignité. Comme l’a dit Noël Copin, rédacteur en chef

de « La Croix »: « L’état du tiers monde est un scandale, le grand scandale de

notre siècle. Oui, il y a urgence ».

« Nous en attendions 30’000, ils étaient 18’000 vendredi le jour des jeunes, 26’000 samedi et plus de 35’000 dimanche ». Ces quelques chiffres donnés par René Valette, président du CCFD, résument le succès et l’espérance

contenus dans « Terre d’Avenir ».

« Terre d’Avenir », c’était: 50’000m2 d’exposition, 700 stands; 300 partenaires du Sud et de l’Est; 450 associations et mouvements impliqués dans le

développement ; des artistes qui ont offert quelques 60 toiles et sculptures destinés à être vendues au bénéfice de projets de développement; des

personnalités politiques: entre autres, Pierre Bérégovoy, Premier Ministre,

les ministres de l’Education nationale et de la Coopération au Développement; des hommes d’Eglise: le cardinal Roger Etchegaray, président du Conseil pontifical « Cor Unum », porteur d’un message du pape, deux présidents

de Conférence épiscopale, Mgr Joseph Duval pour la France et Mgr Wilfrid

Napier, pour l’Afrique du Sud , 35 évêques présents.

« Terre d’Avenir » c’était aussi: des personnalités du spectacle: la chanteuse Nicole Croisille; des groupes de musique d’Afrique, du Vietnam,

d’Amérique latine; « Démétria », une création artistique sur le thème de la

fraternité, mêlant théâtre, danse, musique et chansons pour un spectacle

ouvert au monde entier.

Mais « Terre d’Avenir », c’était surtout les quelques 80’000 personnes venues pour s’informer, rencontre des acteurs du développement, découvrir des

continents, des pays et leurs habitants. Un sorte de bourse aux idées pour

des projets futurs et aussi faire la fête.

18’000 jeunes pour un monde meilleur

600 écoles étaient pré-inscrites pour la journée du vendredi. La réalité

a dépassé de beaucoup les prévisions: 18’000 jeunes sont passés dans des

espaces à thèmes variés: le social, la politique, les religions, les jeunes, les cultures et les communications, le développement économique, la

France solidaire. Les jeunes ont aussi dégusté des plats « exotiques », écouter des contes africains et de la musique latino-américaine ou vietnamienne. Si d’aucuns ont déploré: « C’est trop grand, on s’y perd! », la grande

majorité aura pu faire sienne la phrase de cette fillette: « Le développement, c’est la vie d’autres petits enfants comme moi ».

Dimanche, avec l’arrivée de la « Course tiers monde », les jeunes étaient

à nouveau à l’honneur. Le 16 mai dernier, ils étaient plus de 80’000 à

avoir pris le départ. Grâce à eux, et au système de parrainage mis en place, 3,3 millions de francs ont pu être récoltés sur 560 lieux de course.

Plusieurs milliers d’enfants ont couru dimanche les derniers kilomètres et

apporté les globes-urnes dans lesquels avaient été rassemblés cent mille

messages écrits en mai par les jeunes coureurs. Trois de ces messages ont

été transmis à Rio de Janeiro, grâce à un système de duplex reliant « Terre

d’Avenir » au « Sommet de la Terre ».

Une terre accueillante pour tous les hommes

René Valette a fait une lecture chrétienne de « Terre d’Avenir »: « Il

s’agit d’une terre accueillante pour les 5 milliards d’êtres humains qui

l’habitent. Dieu a créé l’homme pour achever la Création. Nous devons donc

offrir, pour tout homme, des conditions de vie qui fourniront le cadre

d’existence conforme à la dignité humaine ».

Parmi les invités, une créature insolite: Superbarrio, le défenseur des

pauvres et des sans-abris de Mexico. Il est venu à l’invitation du CCFD

« pour voir les problèmes qui se passent ailleurs dans le monde ». Interrogé

sur « Terre d’Avenir », il a déclaré: « C’est un effort extraordinaire, le signe de la naissance d’une conscience collective du développement. Avoir une

terre propre, c’est bien, mais il ne faut pas oublier la pauvreté ».

Pour René Dumont, ingénieur agronome, une figure historique du mouvement

écologiste, il est grand temps que chacun prenne sa part de responsabilité:

« En 1989, j’ai reçu deux représentants de la Banque mondiale. ’L’économie a

besoin de cacao bon marché’, disaient-ils, pour justifier le prix ridicule

de ce produit. Chez nous, nous avons le RMI (Revenu Minimum d’Insertion).

Mais il faut nous mettre dans la tête que le seul salaire minimum des paysans africains, c’est le prix du cacao que nous leur imposons! ».

Artisanat des bidonvilles

Un peu partout, les visiteurs du Bourget ont pu faire connaissance avec

l’artisanat des bidonvilles, à base de produits de récupération. Dans

l’espace « Afrique », des valises attiraient tous les regards: bariolées à

souhait, faites avec le métal des cannettes de bierre ou de coca-cola, avec

de vieux bidons. Mamadou explique: « Des anciens de notre région au Sénégal

fabriquaient des cantines. Ils nous ont engagés comme apprentis et nous

avons eu l’idée de faire des valises recouvertes de tôles récupérées. On en

exporte même aux Etats-Unis ». A l’espace « Amérique latine », on trouvait des

objets en terre cuite. des tissages multicolores, des disques et des cassettes de musique des Andes. En arpentant la rue du Gange, dans l’espace

« Asie », on pouvait acheter des sacs, des marionnettes, des poupées, des vide-poches brodées d’histoires de la vie quotidienne. Autant de petites merveilles fabriquées par des femmes des bidonvilles de Bombay.

Quelques petites phrases…

« Terre des hommes » a rectifié l’idée d’héritage: « Nous n’avons pas reçu

la terre en héritage de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ». Dans

l’espace social, une série, une série de slogans donnait le ton: « permettre

aux enfants d’être acteurs de leur développement – conjuguer environnement

et développement – ensemble, humanisons la terre ». Pierre Beregovoy, dans

le discours d’ouverture: « Le temps des Etats refermés sur eux-mêmes n’est

plus. Le Nord et le Sud ont leurs destins liés. L’égoïsme n’est pas seulement immoral, il serait suicidaire s’il devait continuer à motiver l’action

des hommes ». Mgr Etchegaray dans son homélie de la messe de la Pentecôte:

« Partager par amour conduit plus loin dans le partage que partager par justice ». Jean Paul II dans le message adressé à ’Terre d’Avenir’: « Les nations riches sont appelées par des gestes prophétiques, à accroître leur

solidarité avec les peuples, et d’abord avec ceux qui en sont réduits à

lutter pour leur survie ». Un jeune souhaite: « Que de plus en plus de personnes soient persuadées qu’une terre d’avenir est une Terre solidaire ».

Dimanche matin, avant même que l’évaluation ne soit terminée, René Valette pouvait dire: « Terre d’Avenir »? Un essai réussi qu’il faut maintenant

transformer ». Transformer en « mieux vivre » pour des millions d’hommes, de

femmes et d’enfants qui, à travers le monde, souffrent de la faim, des

guerres, du sous-développement. Afin que riches et pauvres ne vivent plus

sur deux planètes différentes. (apic/ecl/ba)

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