L'enquête pour «non-dénonciation» contre le cardinal Barbarin classée

L’enquête visant le cardinal Philippe Barbarin pour «non-dénonciation» d’agressions sexuelles sur mineurs et «non-assistance à personne en danger», a été classée sans suite, a indiqué le procureur de la République de Lyon, le 1er août 2016.

Des victimes du Père Bernard Preynat, mis en examen fin janvier 2016 pour des agressions sexuelles commises sur des mineurs entre 1986 et 1991, avaient porté plainte contre l’archevêque de Lyon. La partie plaignante reprochait au primat des Gaules de ne pas avoir dénoncé les agissements du religieux à la justice et de l’avoir laissé en fonction trop longtemps, dans une paroisse où il était au contact d’enfants.

Au terme d’une enquête préliminaire lancée le 4 mars 2016, le procureur Marc Cimamonti a estimé que les infractions visées n’étaient pas constituées, notamment celle particulièrement sensible de la «non-dénonciation», rapporte le quotidien français La Croix.

Eviter le risque de récidive

Le dernier fait de pédophilie connu, commis par le Père Preynat, était intervenu en 1991. Mgr Barbarin a été nommé archevêque de Lyon onze ans plus tard, en 2002. Informé par la rumeur publique en 2007/2008, il s’était entretenu avec le Père Preynat, soit 16 à 17 ans après les faits. Au cours de cet entretien, le Père Preynat avait reconnu une nouvelle fois son passé, mais assuré qu’aucun autre acte n’avait plus été commis depuis.

Mgr Barbarin a ensuite été contacté en juillet 2014, soit 23 ans après les faits, par une victime ayant constaté que le prêtre était toujours en fonction alors qu’elle pensait qu’il avait été mis à l’écart. La décision a été prise en 2015 de retirer le Père Preynat de sa paroisse. Elle est devenue effective à l’été 2015. En prenant la décision de laisser le Père Preynat en paroisse, alors qu’il n’existait aucune plainte contre lui, en 2007/2008, le primat des Gaules avait néanmoins consulté un spécialiste pour évaluer le risque de récidive, s’assurant qu’aucun fait nouveau n’ait surgi durant les 16 dernières années. Il avait en outre arrangé la supervision d’un autre prêtre dans la même paroisse pour éviter que le Père Preynat soit au contact d’enfants.

Pas de volonté d’entraver la justice

Le parquet de Lyon a confirmé que les autorités diocésaines avaient eu connaissance de soupçons visant le Père Preynat entre 2005 et 2010, mais que cette période était couverte par la prescription qui est de trois ans en matière de non-dénonciation.

Pour la période post-2014, le parquet a considéré qu’il n’y avait pas eu de volonté d’entraver l’action de la justice en cachant la vérité.

«C’est la décision du procureur de la République, elle lui appartient. Je ne suis pas positionné pour juger. Et nous, nous sommes sur un débat moral, pas juridique», a réagi François Devaux, l’un des plaignants et membre de l’association la Parole Libérée.

A la mi-mars à Lourdes, lors d’une assemblée des évêques de France, le cardinal Barbarin avait assuré n’avoir jamais couvert le moindre acte de pédophilie. «Je me sens dans l’obligation d’assumer tout le mal commis par quelques prêtres et de demander personnellement pardon», avait-il en outre déclaré lors de la messe chrismale du 23 mars. (cath.ch-apic/cx/arch/rz)

Raphaël Zbinden

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