Vers un accord Chine-Vatican pour la nomination des évêques?

Le cardinal John Tong Hon, évêque de Hong Kong, a assuré le 5 août 2016 que le gouvernement chinois était «disposé à trouver un accord» avec le Saint-Siège sur la question controversée de la nomination des évêques, rapporte la revue catholique américaine America. Dans un long article publié en chinois, en anglais et en italien, le cardinal Tong Hon souhaite ainsi «éviter les incompréhensions inutiles», alors que certains catholiques chinois craignent que ce rapprochement diplomatique ne se fasse au prix de certains sacrifices.

«Après avoir travaillé pendant plusieurs années le problème, l’Eglise catholique a graduellement gagné la reconsidération de la part du gouvernement chinois, qui est maintenant disposé à trouver un accord avec le Saint-Siège sur la question de la nomination des évêques dans l’Eglise catholique en Chine«, écrit le cardinal John Tong Hon dans ce long article daté du 31 juillet. L’archevêque de Hong Kong se dit convaincu que le pape François «n’acceptera pas un accord qui endommagerait (…) la communion entre l’Eglise catholique de Chine et l’Eglise universelle».

Ne pas endommager l’unité de l’Eglise

L’enjeu d’un tel accord est double, souligne-t-il: «ne pas endommager l’unité de l’Eglise catholique et les droits essentiels du pontife romain de nommer des évêques», et en même temps, «faire en sorte que le droit du pape de nommer des évêques ne soit pas considéré comme une ingérence dans les affaires internes de la Chine». A le lire, écrit le vaticaniste Gerard O’Connell, correspondant à Rome pour America, «on a l’impression que le cardinal ne se contente pas de défendre le dialogue du Saint-Siège avec la Chine, mais qu’il est aussi en train de préparer les catholiques à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine pour un accord qui semble se profiler à l’horizon».

Plusieurs événements ont semblé annoncer un réchauffement des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine récemment, comme la validation par Pékin, en 2015, de l’ordination de deux évêques catholiques, approuvés au préalable par le Saint-Siège. En outre, les rencontres se sont multipliées entre représentants du Vatican et du gouvernement chinois: à Pékin en automne 2015 puis en avril 2016, et au Vatican fin janvier dernier. Interrogé par l’AFP, Anthony Lam, chercheur auprès du Holy Spirit Study Center, du diocèse de Hong Kong, a assuré cependant que si des délégations se concertaient régulièrement ces dernières années, il n’y avait pas encore de négociations formelles.

Eglise «officielle» et «souterraine»

Les relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et le Saint-Siège ont été rompues en 1951, deux ans après la prise du pouvoir par les communistes. Outre la rupture des relations que le Saint-Siège entretient avec Taïwan, le droit des autorités chinoises à contrôler les activités de l’Eglise sur leur territoire est la condition principale posée par Pékin en préalable à un rétablissement des relations diplomatiques avec le Vatican.

Dans ce pays qui compterait environ 12 millions de catholiques, le gouvernement ne reconnaît pas l’autorité du Vatican sur l’Eglise locale. Pékin a donc créé sa propre organisation pour superviser le clergé catholique chinois: l’Association catholique patriotique de Chine, sous contrôle du Parti communiste. En réaction à cette Eglise «officielle», de nombreux ecclésiastiques chinois refusent cependant d’être affiliés à l’Association patriotique. Ils constituent alors ce qu’on appelle l’Eglise «souterraine» chinoise.

Ces derniers temps, les spéculations d’un accord historique entre la Chine et le Saint-Siège sur la question controversée de la nomination des évêques ont suscité des réactions mitigées, en Chine comme dans les arcanes vaticanes. En juin dernier, le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, avait été particulièrement sévère sur le sujet, invitant à ne pas suivre le pape François si un tel accord était signé. (cath.ch-apic/imedia/bl/rz)

Raphaël Zbinden

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