L'EERV encore en apprentissage dans son rôle d'employeur?

Une structure de l’Eglise qui a changé fondamentalement, «sans que l’on ait pensé ecclésiologiquement cette évolution». C’est ainsi qu’Alain Martin, secrétaire général de la Ministérielle, l’organisation professionnelle des pasteurs et diacres de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), explique notamment la crise qui a secoué dernièrement l’institution.

Dans une interview accordée le 5 août 2016 à l’agence de presse protestante romande Protestinfo, Alain Martin admet que les conditions de travail des pasteurs ont pas mal évolué. Ils ne sont plus de simples agents régulateurs du religieux, mais sont appelés à exercer des compétences éthiques, spirituelles, liturgiques, rituelles, etc.

Une centralisation encore mal digérée

Pour le responsable protestant, la récente crise est due à une combinaison multifactorielle. Si la place du pasteur dans la société joue un rôle important, c’est également le cas du changement institutionnel. Depuis 2006, en effet, l’Eglise a remplacé l’Etat en tant qu’employeur. «Ce changement là s’est fait sans avoir une modification fondamentale dans la gestion des ressources humaines», note ainsi Alain Martin. «On est dans une configuration où sans que la structure de l’Eglise ait changé fondamentalement et sans que l’on ait pensé ecclésiologiquement cette évolution, c’est désormais l’Office des ressources humaines (ORH) qui devient le garant –en fait le responsable– des mouvements de postes. Et cette centralisation là, à mon avis, n’a pas encore été clairement analysée et digérée».

Une commission de traitement des litiges

Le responsable protestant plaide pour un renforcement de la gestion des ressources humaines à la tête de l’EERV. Remarquant que cela ne fait que 7 ans que l’Eglise occupe son rôle d’employeur, Alain Martin relève que l’institution est «en apprentissage». «Et inévitablement, il y a des moments où l’on essaie et où l’on s’aperçoit que ce n’est pas tout à fait la bonne solution. Encore faut-il admettre que l’on puisse faire des erreurs, et pour l’instant, je n’ai pas l’impression que l’on a un Conseil synodal qui admet facilement s’être trompé», affirme le secrétaire général de la Ministérielle.

Il se réjouit cependant que la difficile situation actuelle dans la gestion des ressources humaines va être palliée par la création de la commission de traitement des litiges, décidée par le Synode (organe délibérant), qui va pouvoir enquêter, poser un autre regard et pondérer.

Besoin de réconciliation

Alain Martin ne croit pas, comme cela s’est fait entendre, que les pasteurs soient des «enfants gâtés». Il souligne que nombre de ses collègues se sentent «peu entendus ou maltraités» par l’Office des ressources humaines (ORH). Le secrétaire général rappelle finalement le message de réconciliation présent dans le christianisme. «Si, dans notre Eglise, on n’a pas les capacités de gérer nos différentes personnalités, c’est qu’il y a un problème», relève-t-il.

Le pasteur lausannois Daniel Fatzer a arrêté début juillet 2016 une grève de la faim de 23 jours, suite à son licenciement. Il avait été démis de ses fonctions avec effet immédiat après avoir pris la défense, lors d’un culte diffusé sur Espace 2, d’un collègue récemment licencié. Il avait également mis en cause un des membres des autorités ecclésiales. (cath.ch-apic/prot/jb/rz)

Raphaël Zbinden

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