Les lefebvristes reconnus par Rome sans devoir approuver certains textes de Vatican II ?

Dans une interview récente à l’hebdomadaire allemand «Die Zeit», Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei, chargée au Vatican des discussions avec les traditionnalistes, évoque la possible reconnaissance par Rome de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) sous forme d’une prélature, au même titre que l’Opus Dei.

Il laisse en outre entendre que les lefebvristes pourraient être réintégrés sans avoir à reconnaître certaines déclarations du Concile Vatican II, jugées pastorales et non doctrinales: Nostra Aetate sur le dialogue interreligieux, Dignitatis Humanae sur la liberté religieuse, et le décret Unitatis Redintegratio sur l’œcuménisme.

Une prélature personnelle

La prélature dite «personnelle» qui serait proposée par Rome «semble être la forme canonique appropriée», explique ainsi Mgr Guido Pozzo dans cet entretien. «Mgr Bernard Fellay (supérieur général de la FSSPX, ndlr) a accepté cette proposition, bien qu’au cours des mois prochains des détails soient encore à éclaircir», poursuit-il.

Dans une longue partie de l’entretien, Mgr Pozzo explique comment il serait possible pour la FSSPX d’être pleinement réintégrée dans les structures de l’Eglise catholique, sans avoir à accepter au préalable certains textes du Concile Vatican II, qu’elle réfute depuis toujours. Actuellement, le «cœur de la discussion» entre Rome et la FSSPX en vue d’une réconciliation, explique Mgr Pozzo, est «dans quelle mesure les textes de Vatican II sont en continuité avec le magistère constant de l’Eglise».

Dans un premier temps, la reconnaissance des sacrements et de la primauté du pape sont «à la base de la déclaration doctrinale soumise à la signature de la Fraternité», assure-t-il. Mais Mgr Guido Pozzo avance ensuite un «degré d’approbation» des documents du Concile.

Le Concile Vatican II relativisé ?

Si la FSSPX a des difficultés avec certains aspects de la déclaration Nostra Aetate, du décret Unitatis Redintegratio sur l’œcuménisme, et de la déclaration Dignitatis Humanae sur la liberté religieuse, reprend alors Mgr Pozzo, «cela ne concerne pas les doctrines ou des affirmations définitives, mais plutôt des instructions ou des directives pour la pratique pastorale». En outre, ces «aspects pastoraux pourraient être discutés après la reconnaissance canonique, à des fins de clarification», ajoute-t-il.

Pour justifier son propos, le secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei ajoute que cet aspect avait déjà été clarifié pendant le Concile Vatican II: «Le secrétaire pour l’unité des chrétiens avait dit de Nostra Aetate, le 18 novembre 1964: ›(…) le secrétariat ne veut pas écrire une déclaration dogmatique sur les religions non-chrétiennes mais plutôt des normes pastorales et pratiques’». (cath.ch-apic/imedia/bl/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/les-lefebvristes-reconnus-par-rome-sans-devoir-approuver-certains-textes-de-vatican-ii/