Les Caritas anglaise et française contre l'érection d'un mur anti-réfugiés à Calais

Le Réseau d’action sociale de la Caritas d’Angleterre et du Pays de Galles (CSAN) se dit «profondément préoccupé» par la proposition du gouvernement britannique de construire un mur à proximité du camp de réfugiés de Calais, au Nord de la France.

Près de 10’000 personnes vivent dans des conditions précaires dans ce qui est appelé couramment «la jungle de Calais», aux abords de l’entrée française du Tunnel sous la Manche et de la zone portuaire de Calais.

Le plus grand bidonville de France

Rassemblant 44 œuvres d’entraide, le CSAN est en charge de l’action sociale de l’Eglise catholique anglaise et galloise. Le Secours catholique, antenne française du réseau Caritas, a également exprimé son opposition à ce projet de mur en béton, long de quatre kilomètres et haut de quatre mètres. Les autorités françaises veulent démanteler ce qui est devenu au cours des ans le plus grand bidonville de France.

Le CSAN reconnaît le droit des Etats à protéger leurs frontières, mais il ne croit pas qu’investir davantage d’argent dans la sécurité au port et au Tunnel sous la Manche fournira une solution à long terme aux problèmes croissants à Calais.

Respecter la dignité humaine des réfugiés

Durant les mois écoulés, fait remarquer la Caritas anglaise et galloise, le camp de réfugiés de Calais s’est étendu, et quelque «9’000 personnes vivent dans des conditions précaires dans le camp, en espérant trouver une façon de reconstruire leurs vies». Le Secours catholique a renouvelé son invitation à l’Union Européenne (UE) pour qu’elle donne des réponses à la situation à Calais «respectueuses de la dignité humaine des résidents du camp».

Priorité au regroupement familial et à la protection des femmes et des enfants

En particulier, l’organisation caritative sollicite l’Union européenne, la France et le Royaume-Uni afin qu’ils répondent aux besoins fondamentaux des migrants, y compris ceux qui ont en transit, pour garantir leur dignité humaine. Elle appelle aussi à un meilleur partage des responsabilités entre les Etats membres de l’UE, dans la répartition des demandeurs d’asile.

Selon la Caritas, «la priorité doit être donnée au regroupement familial des demandeurs d’asile à Calais avec les proches qui se trouvent au Royaume-Uni, en particulier les mineurs non accompagnés, en privilégiant la protection des personnes vulnérables, avec une attention particulière pour les femmes et les enfants».

Une trentaine de morts en un an et demi

Le mur prévu à Calais, comme tous les autres obstacles érigés ces derniers mois pour empêcher le passage des migrants, ne résoudra pas le problème de l’immigration clandestine en direction du Royaume Uni. Au mieux, il ralentira la progression des réfugiés. Sur les ondes de Radio Vatican, Didier Degrémont, président du Secours Catholique pour la délégation du Pas de Calais, rappelle que dans le camp de Calais vivent plus de 600 mineurs, qu’il y a de plus en plus de cas de violence, de prostitution et de problèmes psychologiques, sans oublier les 30 jeunes gens qui ont trouvé la mort à Calais depuis un an et demi.

A ses yeux, le flux de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants qui «fuient les guerres et la barbarie» ne peut pas être stoppé en montant des murs: la réponse est ailleurs. Et de citer l’ouverture d’Angela Merkel face à l’arrivée de près d’un million de réfugiés. «On est une Europe vieillissante, Mme Merkel l’a bien compris!»  (cath.ch-apic/csan/radvat/be)

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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