«Seule la paix est sainte, pas la guerre», lance le pape à Assise

«Ne nous lassons pas de répéter que jamais le nom de Dieu ne peut justifier la violence. Seule la paix est sainte, pas la guerre!» C’est ce qu’a lancé le pape François, le 20 septembre 2016 en fin d’après-midi à Assise, dans un discours très attendu pour clore la Journée mondiale de prière interreligieuse pour la paix.

En présence de représentants des Eglises chrétiennes et des traditions religieuses du monde, sur la place Saint-François, le pape a aussi dénoncé «le paganisme de l’indifférence». Il a enfin assuré que chaque groupe religieux avait pu prier «les uns à côté des autres, les uns pour les autres, sans syncrétisme ni relativisme».

En fin d’après-midi, après avoir prié dans différents lieux distincts, les représentants des Eglises chrétiennes et des traditions religieuses du monde se sont rassemblés, place Saint-François à Assise, pour la cérémonie de clôture de la Rencontre interreligieuse pour la paix. Sur une estrade, le pape François s’est assis aux côtés du rabbin argentin Abraham Skorka, d’Abbas Shuman, vice-président de l’université sunnite Al-Azhar, en Egypte, et de Sugitani Gijun, Conseiller suprême de l’école bouddhiste Tendaï japonaise.

François a cité Jean-Paul II et Benoît XVI

Dans un discours prudent, le pape François a largement cité les allocutions de ses prédécesseurs à Assise, pour dénoncer le terrorisme au nom de Dieu, sans jamais citer précisément le terrorisme islamique. Il a tout d’abord repris le discours de Jean-Paul II (1978-2005), le 24 janvier 2002: «celui qui utilise la religion pour fomenter la violence en contredit l’inspiration la plus authentique et la plus profonde».

Puis le pape a cité Benoît XVI (2005-2013) en 2011: aucune forme de violence ne représente «la vraie nature de la religion. Elle est au contraire son travestissement et contribue à sa destruction». Le pape François a alors ajouté sa propre réflexion: «ne nous lassons pas de répéter que jamais le nom de Dieu ne peut justifier la violence. Seule la paix est sainte, seule la paix est sainte, pas la guerre!». Une phrase abondamment applaudie par son auditoire.

Dieu nous exhorte à «faire face à la grande maladie de notre époque: l’indifférence», a ensuite affirmé le pape François devant les participants de la rencontre. «C’est un virus qui paralyse, (…) provoquant un nouveau paganisme extrêmement triste: le paganisme de l’indifférence, qui nous rend insensibles au mal et attaque le centre même de la religiosité». Alors que «le monde a une ardente soif de paix, a-t-il repris, nous, nous n’avons pas d’armes. Mais nous croyons dans la douce et humble force de la prière».

Ni syncrétisme, ni relativisme

«Nos traditions religieuses sont diverses, a reconnu le chef de l’Eglise catholique, mais la différence n’est pas pour nous un motif de conflit, de polémique ou de froide distance. Nous n’avons pas prié aujourd’hui les uns contre les autres, comme c’est malheureusement arrivé parfois dans l’histoire, a-t-il alors souligné. Sans syncrétisme et sans relativisme, nous avons en revanche prié les uns à côté des autres, les uns pour les autres».

La paix, si simple et en même temps difficile

Le Souverain pontife a ensuite livré sa propre définition de la paix. Ce mot «si simple, et en même temps difficile», implique tout d’abord le «pardon, fruit de la conversion et de la prière», et qui permet de «guérir les blessures du passé». La paix signifie aussi le «dialogue, dépassement des fermetures, qui ne sont pas des stratégies de sécurité, mais des ponts sur le vide». Enfin, la paix veut dire «collaboration», et «éducation»: «acquérir la culture de la rencontre, en purifiant la conscience de toutes tentations de violence et de raidissement, contraires au nom de Dieu».

Le pape François a conclu son discours en exhortant les croyants à être des «artisans de paix», les chefs religieux à être «des médiateurs créatifs de paix». Mais il s’est aussi tourné vers les «leaders des nations», afin qu’ils ne se «lassent pas de chercher et de promouvoir des chemins de paix en regardant au-delà des intérêts de partie et du moment».


Extrait de l’Appel de la paix, Assise, 20 septembre 2016
«Hommes et femmes de religions différentes, nous sommes réunis, comme pèlerins dans la cité de saint François (…) pour affirmer le lien indissoluble entre le grand bien de la paix et un authentique engagement religieux.» (…)

«Voilà l’esprit qui nous anime: réaliser la rencontre dans le dialogue, s’opposer à toute forme de violence et d’abus de la religion pour justifier la guerre et le terrorisme. Nous avons adressé notre prière à Dieu, afin qu’il donne la paix au monde. Nous reconnaissons la nécessité de prier constamment pour la paix, parce que la prière protège le monde et l’illumine. La paix est le nom de Dieu. Celui qui invoque le nom de Dieu pour justifier le terrorisme, la violence et la guerre, ne marche pas sur Sa route: la guerre au nom de la religion devient une guerre à la religion elle-même. Avec une ferme conviction, nous réaffirmons donc que la violence et le terrorisme s’opposent au véritable esprit religieux.» (…)

«Nous implorons les Responsables des Nations afin que soient désamorcés les mobiles des guerres : l’avidité du pouvoir et de l’argent, la cupidité de qui fait du commerce d’armes, les intérêts des parties, les vengeances à cause du passé. Qu’augmente l’engagement concret pour éliminer les causes sous-jacentes aux conflits: les situations de pauvreté, d’injustice et d’inégalité, l’exploitation et le mépris de la vie humaine. Qu’enfin s’ouvre un temps nouveau, où le monde globalisé devienne une famille de peuples.» (cath.ch-apic/imedia/bl/gr)

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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