Le Saint-Siège a joué un rôle important dans les accords de paix avec les FARC

Le Saint-Siège a joué un rôle important dans les accords de paix, signés le 26 septembre 2016, entre le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), mettant un terme à un conflit d’un demi-siècle, affirme Ary Waldir Ramos.

Ce Colombien, docteur en sciences sociales et en communication à l’Université grégorienne de Rome et journaliste pour l’édition espagnole d’Aleteia, un média d’information sur internet proposant une vision chrétienne de l’actualité, se confie à l’agence de presse I.Media, à Rome.

Quel est le rôle joué par le Saint-Siège dans le processus de paix ?

L’appui de l’Eglise a d’abord été constant, que ce soit de la part du pape François lui-même, du cardinal Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, ou encore de Mgr Gallagher, secrétaire pour les relations avec les Etats. Les Colombiens de ma génération sont victimes d’un conflit armé qui dure depuis 52 ans, qui a déjà fait plus de 200’000 morts, ainsi que 4 millions de déplacés, forcées d’abandonner leur terre.

Cet accord donnera à la Colombie un horizon plus prospère, même s’il demeure de nombreuses incertitudes sur le long chemin de la réconciliation, de la justice et de la réparation pour les victimes. Le Saint-Siège, a ainsi expliqué Mgr Gallagher, considère que la signature de la paix est une «étape» pour redonner confiance au pays.

Y a-t-il eu des contacts directs du Saint-Siège avec les FARC ?

Ce que l’on sait est que dans le moment le plus critique des négociations, en avril 2016, alors que les observateurs craignaient la rupture, le leader des FARC, Rodrigo Londoño Echeverri, alias ›Timochenko’, a écrit une lettre ouverte au pape et à l’Eglise, pour demander une médiation dans le processus de négociation avec le gouvernement de José Maria Santos.

De même, l’équipe des négociateurs des FARC à La Havane avait demandé à rencontrer le pape François lors de son voyage à Cuba, en septembre 2015. Cela n’a pas été possible, selon moi, car cette rencontre aurait pu être mal interprétée par les ennemis des négociations. Mais lors de l’angélus du dimanche 20 septembre, sur la place de la Révolution à La Havane, le pape avait lancé un appel: «S’il vous plaît, nous n’avons pas le droit de permettre un nouvel échec sur le chemin de la paix et de la réconciliation».

Comment la personnalité du pape François a-t-elle influé sur les négociations ?

Le pape est un leader des leaders: il inspire, quelles que soient la religion ou les positions politiques. Il possède un leadership basé sur des valeurs dans un monde où, habituellement, règnent les tensions alimentées par les intérêts privés ou sectoriels. Alors que le pape François se situe au-dessus des partis, sans pointer du doigt l’un plutôt que l’autre: il a toujours célébré les forces du peuple colombien dans son ensemble, pour réaliser la «paix tant attendue».

A Noël 2015, au cours de son message Urbi et orbi, la coutumière bénédiction à la ville et au monde, il avait déclaré: «Ainsi la longue nuit de douleur et de violence pourra se transformer en un jour de concorde, de justice, de fraternité, avec la volonté de tous les colombiens, dans le respect des institutions et du droit national et international, pour que la paix soit durable». (cath.ch-apic/imedia/ap/be)

 

Jacques Berset

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