Russie: Les leaders religieux contestent la politique abortive

Les leaders religieux chrétiens et musulmans de Russie contestent la politique abortive généralisée dans le pays. Ils demandent avec insistance que la pratique de l’IVG soit interdite.

70% des grossesses en Russie ne sont pas menées à terme, en raison d’une politique abortive répandue. Les trois quarts des mariages finissent en divorce et la majorité des grossesses sont consciemment interrompues dans des cliniques d’avortement, affirme Natalya Moskvitina, présidente du mouvement des «Femmes pour la vie».

Cette mère de quatre enfants relève qu’à trois reprises des médecins ont tenté de la persuader d’avorter, affirmant que l’enfant à naître aurait certaines infirmités. Avant tout, estime-t-elle, «l’avortement est un business et ceux qui s’y adonnent disent aux gens que c’est un principe de liberté, que c’est légal», rapporte l’agence presse russe Interfax. «Chaque femme est placée devant ce choix terrible. Personne ne lui dit que la vie est la norme, que la norme est de lutter pour son enfant».

L’avortement légalisé en 1920

Premier pays au monde à avoir autorisé l’avortement en 1920, la Russie voit aujourd’hui cette pratique remise en question, notamment par les leaders religieux. Le patriarche Cyrille de Moscou, le Grand mufti Talgat Tajuddin et la déléguée aux droits de l’enfant Anna Kouznetsova ont successivement appelé, le 27 septembre, à interdire la pratique de l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Le patriarche Cyrille, chef de l’Eglise orthodoxe russe, a signé le 27 septembre 2016 une pétition rédigée par des militants du mouvement social panrusse «Pour la vie» et du groupement «Les Volontaires orthodoxes». Le texte demande que l’avortement soit interdit en Russie et exige «la fin du meurtre légal des enfants avant leur naissance». Cette pétition avait reçu l’approbation de la Commission patriarcale pour les questions de la famille, de la défense de la maternité et de l’enfance. Le patriarche de Moscou a béni les initiateurs de cette pétition.

Selon Sergueï Tchesnokov, un des responsables du mouvement «Pour la vie», les pétitionnaires auraient déjà récolté depuis avril dernier plus de 500’000 signatures, principalement dans les églises. Si le million de signatures est atteint, la pétition pourra être soumise au vote de la Douma d’Etat, la Chambre basse du Parlement de Russie.

Pour la défense de la maternité et de l’enfance

Les auteurs se prononcent également pour l’interdiction des IVG médicales, des contraceptifs à effet abortif, des technologies de procréation assistée, «dont l’élément inhérent est l’avilissement de la dignité humaine et le meurtre des enfants se trouvant dans les étapes initiales du développement de l’embryon».

Les pétitionnaires se prononcent pour l’attribution, pour les femmes enceintes et les familles ayant des enfants, d’une aide matérielle financée par le budget fédéral qui ne soit pas inférieure au minimum vital.

En juin de cette année, le Conseil inter-religieux de Russie, dont font partie les leaders et représentants des communautés religieuses traditionnelles de Russie, avaient déjà appelé à exclure l’avortement du système d’assurance sociale obligatoire. Le patriarche Cyrille s’était précédemment adressé aux législateurs avec une demande analogue. (cath.ch-apic/interfax/orthoxie.com/be)

Jacques Berset

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