Homélie du 9 octobre 2016 (Lc 17, 11-19)

Père Henry Duperthuy – Chapelle St-Joseph, Ecole des Missions,  St-Gingolph, VS

 

Nous allons entrer dans la semaine missionnaire mondiale. La mission fait partie de notre vocation baptismale, ce n’est pas un à-côté que quelques-uns sont appelés à mettre en œuvre. Mais, c’est quoi, au juste, la mission ? Les textes d’aujourd’hui nous livrent quelques pistes pour mieux la comprendre.

Jésus est le salut pour tout homme

Saint Paul s’adresse à Timothée, et par lui à chacun de nous : « Bien-aimé, souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, le descendant de David. » Ce Jésus de Nazareth, qui est passé en faisant le bien, qui a été mis à mort et que Dieu a ressuscité, ce Jésus reconnu comme Christ, Messie de Dieu, il est le salut pour tout homme. Personne ne peut recevoir la Vie éternelle à laquelle tous sont appelés sans passer par lui. Voilà tout l’Evangile, voilà la Bonne Nouvelle que nous avons mission d’annoncer. C’est déjà la mission que Jésus reçoit de son Père, et nous découvrons dans les évangiles que cette Bonne Nouvelle est divulgué en paroles et en actes. Jésus passe beaucoup de temps à enseigner les foules qui le suivent et il passe aussi beaucoup de temps à agir pour montrer, rendre visible l’action de Dieu.

Dieu s’adresse à la foi en toute simplicité

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus purifie des lépreux qui le supplient : Jésus, maître, prends pitié de nous. Il n’y a rien de spectaculaire dans l’action de Jésus : allez vous montrer aux prêtres. Jésus ne s’impose pas, il propose à la confiance de chacun la miséricorde du Père. C’était déjà vrai de l’attitude d’Elisée avec le général araméen Naaman. Lui aussi était lépreux, il cherchait comment guérir de sa maladie. Sur les conseils d’une jeune fille enlevée au cours d’une razzia en Israël, il se rend auprès d’Elisée, prophète à Samarie. Celui-ci fait dire à Naaman par un messager : « Va te baigner sept fois dans le Jourdain, ta chair redeviendra nette, tu seras purifié. » Naaman se met alors en colère : « Je m’étais dit : Sûrement il va sortir, et se tenir debout pour invoquer le nom du Seigneur son Dieu ; puis il agitera sa main au-dessus de l’endroit malade et guérira ma lèpre. Est-ce que les fleuves de Damas ne valent pas mieux que toutes les eaux d’Israël ? Si je m’y baignais, est-ce que je ne serais pas purifié ? » Les humains espèrent toujours des actions grandioses de la part de Dieu, quelque chose qui en impose, mais Dieu, lui, s’adresse à la foi, en toute simplicité.

«Invités à aller aux périphéries existentielles de l’humanité»

Un deuxième aspect de la mission apparaît dans ces textes. Naaman est un étranger, il ne connaît pas le Dieu d’Israël. Le lépreux qui constate sa guérison et qui revient vers Jésus est un samaritain, quelqu’un dont on se méfiait en Israël. La miséricorde de Dieu est pour tous, même pour les étrangers et les gens douteux !

Le Pape François invite les catholiques à aller aux périphéries existentielles de l’humanité. Dans la bulle d’indiction de l’année sainte de la miséricorde, il écrit au chapitre 15 : Au cours de cette Année Sainte, nous pourrons faire l’expérience d’ouvrir le cÅ“ur à ceux qui vivent dans les périphéries existentielles les plus différentes, que le monde moderne a souvent créées de façon dramatique. Combien de situations de précarité et de souffrance n’existent-elles pas dans le monde d’aujourd’hui»«…! Combien de blessures ne sont-elles pas imprimées dans la chair de ceux qui n’ont plus de voix parce que leur cri s’est évanoui et s’est tu à cause de l’indifférence des peuples riches ! Au cours de ce Jubilé, l’Eglise sera encore davantage appelée à soigner ces blessures… Ouvrons nos yeux pour voir les misères du monde, les blessures de tant de frères et sÅ“urs privés de dignité, et sentons-nous appelés à entendre leur cri qui appelle à l’aide. Que nos mains serrent leurs mains et les attirent vers nous afin qu’ils sentent la chaleur de notre présence, de l’amitié et de la fraternité. Que leur cri devienne le nôtre…

Le Fils de Dieu va à la rencontre de tous, sans exclure personne…

Un peu avant, au chapitre 12, François écrivait : L’Eglise a pour mission d’annoncer la miséricorde de Dieu, cœur battant de l’Evangile, qu’elle doit faire parvenir au cœur et à l’esprit de tous. L’Epouse du Christ adopte l’attitude du Fils de Dieu qui va à la rencontre de tous, sans exclure personne… Son langage et ses gestes doivent transmettre la miséricorde pour pénétrer le cœur des personnes et les inciter à retrouver le chemin du retour au Père.

C’est bien dans cet esprit que nous pouvons et devons entrer dans cette semaine missionnaire.

AMEN


28ème Dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : 2 Rois 5, 14-17; Psaume 97; 2 Timothée 2, 8-13; Luc 17, 11-19


 

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