Une école d'Alep ciblée par les rebelles, quatre enfants tués

Alep vit un «enfer» permanent qui implique la population de toute la ville, dénonce Mgr Georges Abou Khazen. Le vicaire apostolique des catholiques latins d’Alep lance un appel aux puissances mondiales pour qu’elles fassent prévaloir une «logique de paix», alors que des roquettes tirées par les rebelles ont touché une école, tuant au moins quatre enfants dans le secteur tenu par le gouvernement jeudi matin 13 octobre 2016.

Des roquettes lancées depuis le secteur oriental d’Alep ont frappé le 13 octobre une école du quartier majoritairement chrétien de Souleimaniyeh, à l’ouest d’Alep, tuant au moins quatre enfants, dénonce le prélat franciscain.

Toute la population souffre, à l’Ouest comme à l’Est

Dans une interview accordée à l’agence de presse catholique AsiaNews à Rome, le vicaire apostolique d’Alep des latins insiste sur le fait que la spirale de la violence et de la terreur touche toute la métropole du nord de la Syrie. «Nous ne voulons pas tous ces morts, ces destructions, mais le drame continue et implique les deux secteurs de la ville … Ici, il y a toute une population qui souffre, il y a tant de familles, que ce soit dans la partie orientale ou dans la partie occidentale, qui continuent à compter et à pleurer leurs morts».

Mgr Abou Khazen plaide pour une trêve permettant de soulager les souffrances de la population, en lui apportant un peu d’aide. Cette trêve pourrait être à ses yeux «un premier pas» pour arriver «piano piano» à progresser sur le chemin de la paix. Et le prélat de relever que si «de nombreux groupes rebelles, surtout syriens, sont disposés à déposer les armes et à signer un accord», l’intervention des principaux mouvements, avant tout extrémistes et  djihadistes «étouffent dans l’œuf ces tentatives».

Les chrétiens fuient Alep

Si avant la guerre, Alep comptait plus de 150’000 chrétiens de différentes confessions, il n’en resterait aujourd’hui plus que 30’000. Une vingtaine d’églises chrétiennes ont été détruites dans cette seule ville, dont certaines ont été visées délibérément par les rebelles islamistes, selon Alexander Dzasokhov, vice-président de la commission pour l’UNESCO de la Fédération de Russie, cité par l’agence de presse russe Interfax.

Alors que les médias occidentaux répercutent les chiffres des victimes des bombardements de l’aviation syrienne et de leurs alliés russes sur les quartiers rebelles d’Alep, fournis principalement par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les pertes infligées aux quartiers sous contrôle gouvernemental sont passées sous silence, déplorent des sources chrétiennes à Alep. Plus d’un million de personnes vivent dans le secteur gouvernemental, tandis que 250’000 autres vivent dans la partie contrôlée par les rebelles dits «modérés» et la galaxie djihadiste.

Depuis des semaines, indiquait vendredi dernier à l’agence d’information vaticane Fides Mgr Antoine Audo, évêque chaldéen d’Alep, «nous sommes de nouveau dans une situation de terreur généralisée même si l’on cherche à maintenir ouvertes les institutions publiques telles que l’université».

Le «système médiatique global» en accusation

Il relève que des quartiers contrôlés par les rebelles arrivent chaque jour des tirs «effectués à l’aide d’armes sophistiquées, qui sèment la mort, même si les rebelles n’ont pas d’avions. Parmi les seuls chrétiens, on a compté plus de vingt morts au cours de deux dernières semaines. A nous qui sommes ici, tout le système médiatique global semble manœuvré par des intérêts géopolitiques qui manipulent l’information. Tout devient un prétexte de propagande et l’on continue à cacher le rôle et les opérations menées par des pays tels que la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite». (cath.ch-apic/asian/fides/interfax/be)

Jacques Berset

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