Comores: Le gouvernement interdit les activités chiites dans le pays

La lutte fratricide entre musulmans sunnites et musulmans chiites s’étend désormais également aux îles des Comores dans l’océan indien. Les autorités comoriennes ont interdit toute pratique des rites musulmans non sunnites, dans les lieux publics ou privés.

Selon Radio France Internationale (www.rfi.fr), une note officielle Mohamed du ministre de l’Intérieur, en charge des cultes, Mohamed Daoudou, publiée à Moroni, la capitale des Comores, indique une prise de position ferme des autorités comoriennes contre la pratique d’un islam chiite sur leur territoire.

«Pour la bonne exécution de la loi portant réglementation générale des pratiques de l’Islam en Union des Comores, il est strictement interdit d’organiser dans les lieux publics ou privés des festivités d’un rite religieux de l’islam autre que le rite chaféite de la doctrine Ahli sunnat wal djamaan», précise la note officielle, publié sur le site : www.comores-actualites.com.

Dans une déclaration rapportée par le quotidien comorien, Al-watwan, Abdallah Mohamed Djalil, Secrétaire général du ministère de l’Intérieur, a motivé cette décision par des raisons de sécurité. Selon lui, les festivités religieuses d’une doctrine autre qu’Ahli Sunnat Waldjamaan sont de nature à provoquer des troubles à l’ordre public. Il vaut donc mieux prévenir. Conformément à la constitution, il n’y a qu’une seule religion applicable aux Comores, il n’y a pas de liberté de culte. Aucun Comorien d’origine n’a le droit de pratiquer une religion autre que l’Islam et cette mesure ne s’adresse qu’aux Comoriens d’origine et cela est bien défini dans le préambule de la constitution», a-t-il encore fait remarquer. Pour lui, ceux qui estiment que leurs libertés ne sont pas garanties, peuvent saisir le tribunal administratif, afin d’obtenir l’annulation de cette note.

La minorité chiite progresse

Ancienne République islamique, devenus Union des Comores depuis décembre 2001, ce pays qui est composé des îles de Grande-Comore, Anjouan et Mohéli, pratique un Islam sunnite,  à 98 %. Des minorités confessionnelles chiite, proche de l’Iran, ahamadiyya (Pakistan) et wahhabite (Arabie saoudite) s’y développent. De toutes ces confréries, le wahabisme est celui qui croît le plus, et de jour en jour. Il compte plusieurs mosquées dans de nombreuses localités.

La Constitution nationale reconnaît la liberté religieuse dans l’Union des Comores, mais la loi qui organise  les pratiques religieuses dans le pays stipule que dans ce domaine, «la doctrine ahli sunnat wal djamaan, sous couvert du rite al Chaffy, est la référence religieuse officielle». Elle prévoit, de ce fait, une peine d’emprisonnement et une amende contre «toute campagne, propagande, pratique religieuse ou coutumière non conforme à cette doctrine, aussi bien dans les lieux saints ou assimilés ou encore dans tout autre endroit public», susceptible d’entraîner des troubles sociaux, de porter atteinte à la cohésion sociale ou de mettre en danger l’unité nationale.

Pour sa part, Moudjahidi Abdoulbastoi, avocat, a dénoncé la mesure du ministère de l’Intérieur, indiquant qu’il n’était pas habilité à prendre une telle décision. «Il revenait au ministère des Affaires islamiques de publier ce genre de note», a-t-il rappelé. Il a aussi relevé une entorse à la Constitution qui protège le domaine privé. D’autant plus que la note se réfère à une loi modifiée par la Cour Constitutionnelle. «Pour qu’elle puisse être appliquée, cette loi doit retourner à l’Assemblée nationale afin qu’elle soit adoptée avec les modifications portées par le juge constitutionnel», a enfin dit l’avocat. (cath.ch-apic/ibc/mp)

 

Maurice Page

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