Le pape confie les attentes de son voyage en Suède

En amont de son 17e voyage apostolique en Suède, du 31 octobre au 1er novembre 2016, le pape François a répondu aux questions de la revue jésuite Civiltà Cattolica. Le Souverain pontife y explique ses intentions en matière d’œcuménisme, et affirme vouloir faire un «pas de proximité» envers les chrétiens luthériens.

Dans cet entretien avec jésuite suédois Ulf Jonsson, le pape François précise ses attentes lors de son voyage en Suède: se «rapprocher de ses frères et sœurs» et «faire un pas de proximité» vis-à-vis des luthériens, majoritaires dans le pays. Le pontife se confie aussi sur la relation d’amitié avec Anders Ruuth, professeur de théologie spirituelle à la faculté de théologie protestante de Buenos Aires. «Il m’a beaucoup aidé», explique le pape, «dans un moment difficile pour mon âme».

Donnant sa vision de Luther, qui promulgua en 1517 ses 95 thèses contre les indulgences, l’actuel successeur de Pierre affirme la nécessité d’un «processus de réforme» de l’Eglise – et non d’un état de «séparation» – parce que l’Eglise est ‘semper reformanda’, poursuit-il reprenant la formule dérivée de saint Augustin. C’est d’ailleurs cette «demande de réforme», rappelle le pape, qui a été exprimée lors du dernier conclave.

Moyen-Orient, terre de martyrs

Pour le Souverain pontife, le dialogue théologique doit continuer, mais il ne sera pas «facile». Dès lors, il compte sur d’autres formes de dialogue que sont la prière commune et les œuvres de miséricorde: l’aide aux malades, aux pauvres, aux prisonniers, ainsi que l’éducation.

Et également sur l’œcuménisme du sang: en matière d’unité des chrétiens, le seul «qui ne se trompe pas» est l’ennemi, le démon, poursuit-il. C’est pourquoi «le martyre est une des formes de vie chrétienne», et le Moyen-Orient est «aujourd’hui une terre de martyrs», notamment en Syrie. Parmi les témoignages prévus pendant le voyage en Suède figure celui de Mgr Antoine Audo, évêque chaldéen d’Alep.

Pas de guerre au nom de Dieu

«On ne peut pas faire la guerre au nom de Dieu», appuie-t-il de nouveau, comme il l’a fait à plusieurs reprises depuis la mort du Père Hamel. C’est un «blasphème», c’est «satanique», évoquant notamment la tuerie de Nice, le 14 juillet dernier, par un islamiste se réclamant de Daech. «Avec charité, affirme le pape, on peut dire qu’il s’agissait d’un déséquilibré qui a tenté d’utiliser une justification dans le nom de Dieu».

Dans cet entretien, le pape François affirme encore qu’il existe des «Eglises vieillissantes» et «un peu endormies». Or lorsqu’elles sont enfermés dans des perspectives rigides, poursuit-il, «il n’y a pas de possibilité de réforme». De même, le prosélytisme est pour lui peccamineux, parce que ce serait transformer l’Eglise en une «organisation», alors que Benoît XVI, ajoute-t-il, a dit que l’Eglise grandit par «attraction».

Une messe avec les catholiques suédois

Le pape explique enfin que c’est son rôle de «pasteur» qui l’a conduit à modifier son programme de voyage en Suède en ajoutant une journée, le 1er novembre, pour célébrer la messe avec les catholiques suédois, à leur demande.

L’entretien s’est déroulé le 24 septembre 2016 à la Maison Sainte-Marthe au Vatican, en présence du Père Antonio Spadaro, directeur de la Civiltà Cattolica. (cath.ch/imedia/ap/gr)

Grégory Roth

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