L’Année de la miséricorde a révélé «le visage jeune et beau de l’Église»

«Ce temps de miséricorde nous appelle à redécouvrir le visage jeune et beau de l’Église qui resplendit quand elle est pauvre en moyens et riche en amour», a déclaré le pape François lors de la messe de clôture de l’Année sainte le 20 novembre 2016, devant plus 70’000 personnes réunies sur la Place Saint-Pierre. Avant la cérémonie et lors d’un rite profondément solennel, le pape a clôturé le Jubilé en refermant la porte sainte.

Après avoir fermé la porte sainte et sous un ciel inhabituellement resplendissant pour cette saison, le pape a prononcé son homélie après la lecture de l’Evangile du jour (Lc 23, 35.37). Le pontife a développé sa réflexion autour des trois figures : le peuple qui regarde, le groupe qui se trouve près de la croix et un malfaiteur crucifié près de Jésus. Le pape a nettement plus développé la question du groupe près de la croix, constitué des chefs du peuple, des soldats et d’un malfaiteur.

Soulignant l’aspect que partage chacun de ces personnages, «tous ceux-là se moquent de Jésus», le pontife a expliqué qu’ils représentent la plus forte tentation soumise à Jésus: «ils tentent Jésus comme a fait le diable au début de l’Évangile, pour qu’il renonce à régner à la manière de Dieu mais qu’il le fasse selon la logique du monde: qu’il descende de la croix et batte ses ennemis ! S’il est Dieu, qu’il montre sa puissance et sa supériorité !» .

L’Église qui resplendit

Le pape a encouragé l’Eglise à suivre les pas du Christ qui n’a pas succombé à cette tentation: «ce temps de miséricorde nous appelle à regarder le vrai visage de notre Roi, celui qui resplendit à Pâques, et à redécouvrir le visage jeune et beau de l’Église qui resplendit quand elle est accueillante, libre, fidèle, pauvre en moyens et riche en amour, missionnaire».

Cette tentation est «une attaque directe contre l’amour», a estimé le pape François faisant observer qu’on a incité le Christ à se sauver lui-même et non à penser aux autres. Mais face à cette attaque, a souligné le successeur de Pierre, Jésus ne parle pas, «il ne fait pas une apologétique de sa royauté», remarque-t-il, mais au contraire continue à aimer. «Il pardonne», a-t-il insisté.

«Pour accueillir la royauté de Jésus nous sommes appelés à lutter contre cette tentation, à fixer le regard sur le Crucifié, pour lui devenir toujours plus fidèles», a-t-il ajouté. «Que de fois, aussi parmi nous, les sécurités tranquillisantes offertes par le monde sont recherchées», a déploré le pontife avant de poursuivre: «que de fois n’avons-nous pas été tentés de descendre de la croix. La force d’attraction du pouvoir et du succès a semblé être une voie facile et rapide pour répandre l’Évangile, oubliant trop vite comment opère le règne de Dieu».

Les fruits de l’Année de la miséricorde

Le chef de l’Eglise catholique a ainsi exhorté les fidèles à demander la grâce de ne jamais fermer les portes de la réconciliation mais de savoir dépasser le mal et les divergences, ouvrant toute voie d’espérance possible.

Une fois la célébration eucharistique achevée, le pontife a signé la lettre apostolique Misericordia et Misera (Miséricordieuse et Pauvre) que le Vatican va publier, le 21 novembre 2016. La lettre a ensuite été remise à des représentants de la société civile et ecclésiastique, parmi eux le cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille et de président Caritas Internationalis, mais aussi des laïcs : anciens, familles, enfant et handicapés. Après avoir salué l’ensemble du collège cardinalice dont les nouveaux cardinaux, le pape a salué les pélerins sur la place Saint-Pierre à bord de sa papamobile.

Avant la messe, le pape François s’est recueilli un instant devant la porte sainte avant de prononcer : «Ô Père, saint et tout puissant (…) reconnaissants de témoigner, dans les paroles et dans les œuvres, la tendresse de ton amour miséricordieux, nous fermons la porte sainte». Dans un profond silence le pape a ensuite franchi le seuil de la porte sainte pour fermer, lentement, ses immenses battants. Particulièrement ému et pensif, le pontife s’est ensuite retourné pour faire face à la procession d’entrée de la messe qui se dirigeait vers la place Saint-Pierre, suivi par les 17 nouveaux cardinaux créés le 19 novembre.

Merci pour le don de l’Année sainte

Au terme de cette célébration, et au moment de prononcer l’Angélus, le Souverain pontife a exprimé un ultime remerciement au Seigneur pour le don de l’Année sainte. Il a ensuite salué le président de la République italienne. Le chef d’Etat, Sergio Mattarella, était en effet présent accompagné du président du Conseil des ministres, Matteo Renzi. Le pontife a rappelé la béatification du Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus (1894-1967) à Avignon (France) le 19 novembre. «Son exemple et son intercession soutiennent notre chemin de foi», a-t-il déclaré. »Je pense à toutes ces personnes, anciens et malades, a conclu le pape, qui ont prié incessamment, offrant leurs souffrances à ce jubilé».  (cath.ch-apic/imedia/ah/mp)

 

Maurice Page

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