Fidel Castro, le leader communiste qui a reçu trois papes

L’ancien dirigeant cubain Fidel Castro est mort le 25 novembre 2016, à l’âge de 90 ans. Au-delà du dirigeant communiste autoritaire qu’il a pu être, le Lider Maximo a également été à l’écoute de la sagesse des trois papes qu’il a rencontrés.

Le père de la révolution cubaine était l’un des derniers grands acteurs de la Guerre froide encore en vie, rappelle Radio Vatican. Malade, il avait passé la main à son frère Raul en 2006 après 47 ans au pouvoir sur l’île.

Dans les dernières années, Fidel Castro n’était plus le chef du pays, et son attitude avait évolué, se souvient le Père Federico Lombardi, ancien directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. Pour le Père jésuite, il était dans une phase de réflexion attentive, «très intéressé par ce que le pape avait à lui dire sur les grandes questions du monde actuel, philosophiques ou historiques». «Ces rencontres entre l’homme, Castro et le pape en tant que maître de sagesse, nous avait beaucoup frappés «, assure l’ancien porte-parole.

Au bord du conflit atomique

Arrivé au pouvoir en 1959 après deux ans de guérilla, Fidel Castro va d’abord entreprendre des réformes du système de santé et d’éducation avec une réussite contrastée. Il devient le Líder Máximo (le «chef suprême»), en concentrant la totalité des pouvoirs politiques et militaires, en contrôlant les médias et en réprimant les rares tentatives de rébellion.

Après l’invasion ratée dite de la «Baie des cochons», tentée en 1961 par des exilés cubains formés par les Américains, Fidel Castro se rapproche de l’URSS et proclame le «caractère socialiste» de la révolution cubaine. L’année suivante, il met le monde au bord du conflit atomique en acceptant de déployer des missiles soviétiques sur l’île. En 1991, il reste au pouvoir malgré l’éclatement de l’empire soviétique mais accepte des réformes, comme l’introduction du dollar américain dans l’économie cubaine.

Relations Eglise-pouvoir ambivalentes

Après que Cuba fut devenu officiellement communiste, en 1961, le pouvoir ferma l’Université catholique de Villanueva. 350 écoles catholiques furent nationalisées, des centaines d’églises saisies par l’Etat et 136 prêtres expulsés. En 1969, Fidel Castro abolit les congés payés de Noël. Ce ne fut qu’en 1976 qu’une nouvelle Constitution garantit la liberté de culte, mais uniquement pour l’Eglise catholique.

Mais les relations entre l’Eglise et le Lider Maximo ont toujours été ambivalentes. Car Fidel Castro restera aussi l’homme qui a rencontré trois papes. Il avait été tout d’abord reçu au Vatican par Jean Paul II en 1996. Le dirigeant communiste avait ensuite accueilli le pape polonais à Cuba en 1998. Cette visite avait été un «tournant décisif» et littéralement «apporté Noël» sur l’île, commente le site internet américain Crux. Dans le cadre du voyage de Jean Paul II, le gouvernement avait en effet rétabli les fêtes de Noël.

Après la mort du pape polonais, en avril 2005, Fidel Castro assista à une messe d’hommage à la cathédrale de La Havane. Il signa le livre de condoléances à l’ambassade du Vatican. «Repose en paix, infatigable combattant pour l’amitié entre les peuples, ennemi de la guerre et ami des pauvres», avait écrit le dirigeant cubain.

Le rôle de médiation décisif du Vatican

Fidel Castro rencontra également Benoît XVI lors de son voyage sur l’île en 2012. La visite du pontife bavarois a eu un impact similaire que celui de son prédécesseur, assure Crux. L’un des résultats directs fut que les catholiques pouvaient à nouveau célébrer le Vendredi saint. Cette année-là, les paroisses du pays ont vécu leurs premières processions à l’extérieur depuis des décennies.

Le Lider Maximo avait également discuté avec le pape François le 20 septembre 2015, lors de son voyage en Amérique du Nord. Une rencontre dans une ambiance informelle, au cours de laquelle il avait notamment été question des atteintes contre l’environnement dont parle l’encyclique Laudato Si’. Le lendemain de la mort de l’ancien leader cubain, le 26 novembre 2016, le pape François a envoyé des condoléances à son frère, Raul Castro.

En 2014, le président américain Barack Obama et Raul Castro ont conjointement remercié le pontife argentin pour son rôle décisif dans la restauration des relations diplomatiques entre les deux pays. Une avancée inenvisageable sans l’accord de Fidel Castro. Le rôle du Vatican dans les relations entre les Etats-Unis est Cuba est aussi ancienne que le conflit lui-même. Cuba est d’ailleurs le seul pays communiste à n’avoir jamais rompu ses liens diplomatiques avec le Saint-Siège.

Ces dernières années Fidel Castro avait été affaibli par une grave intervention chirurgicale subie en 2006, après une hémorragie intestinale. Ses apparitions publiques s’étaient faites plus rares. (cath.ch/rv/crux/rz)

 

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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