Robert Spaemann, un ami de longue date de Benoît XVI, a clairement soutenu, dans une interview publiée le 4 décembre 2016 par le journal catholique italien La Nuova Bussola, la demande de « clarification » d’Amoris laetitia lancée mi-novembre par Mgr Raymond Leo Burke, Mgr Carlo Caffara, Mgr Joachim Meisner et Mgr Walter Brandmüller.
L’ancien professeur à l’Université Louis-et-Maximilien de Munich estime que les cardinaux en question ont suivi leur devoir de soutenir l’Eglise en adressant leur requête directement au pape François. Il relève que l’affaire a été diffusée par les médias seulement après que le pontife ait refusé de répondre. Le théologien se dit « préoccupé » que le chef de l’Eglise n’ait pas répondu. « Le pape a clairement une aversion face aux décisions qui requièrent un ‘oui’ ou un ‘non' », affirme Robert Spaemann. Il ajoute que le Christ a « souvent choqué les apôtres avec la clarté et la simplicité de sa doctrine ». Le philosophe prend pour exemple l’enseignement de Jésus sur le divorce: « (…) si quelqu’un renvoie sa femme – sauf en cas d’union illégitime – et qu’il en épouse une autre, il est adultère » (Matthieu, 19, 3-9)
La phrase renvoie à la principale question soulevée par les cardinaux protestataires dans les ‘dubia’: un prétendu manque de clarté concernant la possibilité d’accorder la communion aux personnes divorcées remariées. Dans son exhortation, le pape François souhaite en particulier que les divorcés-remariés soient «intégrés» à la vie de l’Eglise après un «examen de conscience» personnel et pastoral. Dans une note de bas de page, il évoque leur participation à la vie sacramentelle de l’Eglise «dans certains cas». Les quatre prélats avaient notamment demandé s’il était « encore possible d’affirmer qu’une personne qui vit habituellement en contradiction avec un commandement de la loi de Dieu, comme par exemple celui qui interdit l’adultère (cf. Mt 19, 3-9), se trouve dans une situation objective de péché grave habituel ».
Dans la même ligne, Robert Spaemann affirme que « c’est une grande erreur de penser que la subjectivité est l’ultime critère pour l’administration des sacrements ». (cath.ch/nb/ag/rz)
Raphaël Zbinden
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