Claude-Inga Barbey évoque sa rencontre avec un drôle de type

L’humoriste et comédienne genevoise Claude-Inga Barbey a fait salle comble au Centre Saint-François à Delémont où, samedi 3 décembre, elle animait une conférence du cycle «Ce que je crois». Invitée par le Service du cheminement de la foi du Jura pastoral, la comédienne s’est confiée sans tabou, mais avec conviction et quelques traits d’humour, sur sa vie, sa foi et sa rencontre, il y a quelques années, avec un «type super détendu» qui l’a conduite à se faire baptiser.

Ponctuelle, toute de noir vêtue, Claude-Inga Barbey arrive dans la chapelle du Centre Saint-François, dépose son sac à main sous la chaise qu’on lui a installé devant l’autel et s’empare du micro: «Je ne m’attendais pas à me retrouver devant autant de monde. On m’avait parlé d’une rencontre dans l’intimité. Là, je suis presque gênée. Qu’est-ce que vous voulez que je vous raconte?»

Les confidences ont été nombreuses, l’émotion plusieurs fois perceptible et les éclats de rire fréquents. Malgré sa taille respectable, la chapelle de l’établissement diocésain s’est avérée trop petite pour accueillir tous celles et ceux qui étaient venus écouter la célèbre comédienne: du coup, une partie des spectateurs était rassemblée dans une salle adjacente où la comédienne apparaissait sur grand écran.

Marie-Josèphe Lachat, la directrice des lieux, a brièvement présenté son invitée en se réjouissant d’entendre son témoignage sur sa rencontre avec Dieu ou sur son souhait de cheminer dans la foi jusqu’au baptême…

D’une manière très spontanée, Claude-Inga Barbey revient sur l’une des périodes les plus difficiles de sa vie, il y a quelques années, lorsque le père de ses quatre enfants est parti… «ça devait être en 2010, j’ai plongé dans un grand désarroi et je n’étais vraiment pas bien… J’avais acheté une maison pas loin de chez sa mère en pensant qu’il allait revenir… j’y croyais. Mais il n’est jamais revenu… évidemment». A plusieurs reprises l’assemblée rigole, c’est que la comédienne évoque cette période sombre sur un ton et des formules pour le moins cocasses.

Apparition dans la nuit

Issue d’une famille athée, la comédienne, reconnaît qu’elle a toujours vécu éloignée de la religion, jusqu’au jour elle a eu une vision chez elle, un phénomène extraordinaire qui a bouleversé le cours de sa vie: «un truc de fou qui s’est déroulé dans ma chambre à coucher. Je me suis réveillée au beau milieu de la nuit et là, entre la cheminée et la fenêtre, il y avait une silhouette… un mec avec qui je pouvais parler sans ouvrir la bouche, mentalement… par télépathie. Je me suis dit que j’étais en train de virer cinglée. Je me suis levée, je suis descendue aux toilettes, boire un verre d’eau et fumer une cigarette et, quand je suis revenue dans ma chambre, ce type était toujours là. Il m’a dit que je ne devais pas douter de lui, qu’il allait me protéger. Je me suis rendormie et, le lendemain, alors que je regardais par la fenêtre le tilleul qui faisait de l’ombre sur un temple, j’ai senti un truc en moi, comme de l’eau chaude qui descendait dans mon corps».

«J’ai vraiment pensé que je devenais folle. Je me suis rassurée en me disant que c’était probablement un signe. C’est que Dieu est un dramaturge extraordinaire!»

Troublée par cet évènement, l’humoriste s’est persuadée qu’elle devait se faire baptiser et, quand on lui demande pourquoi elle est allée chez les catholiques, sa réponse fait à nouveau rire toute la salle: «De chez moi, l’église était plus près que le temple». Pendant deux ans elle fait son catéchuménat en participant à des séances hebdomadaires de caté jusqu’au baptême: «C’était chiant, mais je l’ai fait!»

Sereine face à la mort

Quand Marie-Josèphe Lachat lui demande pourquoi elle a voulu absolument être baptisée, l’oratrice révèle qu’elle souhaitait faire partie d’une communauté. Mais à l’entendre, elle a vécu quelques désillusions: «je ne me suis pas sentie accueillie dans ma paroisse. J’ai proposé une partie de mon appartement pour le mettre à disposition de quelqu’un qui en aurait eu besoin… je n’ai jamais eu de réaction. Mais ce n’est pas grave et ça ne m’empêche pas de vivre ma foi».

« Chaque jour est une vie. J’ai une confiance absolue en la vie et je n’ai pas peur de mourir! J’espère juste ne pas avoir à subir la mort de l’un de mes enfants. Je ne le supporterais pas!» Un peu plus tard elle ajoutera: «J’aimerais juste mourir sans avoir mal, sans souffrir». Et puis la comédienne ne se prend pas la tête lorsqu’elle aborde le thème de la résurrection ou du paradis: «Je n’ai pas envie de ‘résurrectionner’, quoi que, si on ne se souvient pas d’avant. Sinon, je me fais une image très enfantine du paradis: je me vois courir dans un champ de fleurs au bord de l’océan et retrouver plein de gens».

Un pardon autodidacte

Au gré des échanges avec le public, Claude-Inga Barbey confie qu’elle «aimerait savoir pardonner», mais que c’est une notion qu’elle ne maîtrise pas.

A entendre l’humoriste, les premières années de sa vie n’ont rien de comique: née à Genève en 1961, abandonnée par ses parents, elle est finalement adoptée. «Toute mon enfance, j’ai pensé que ma mère allait venir me chercher… en vain. Un jour je l’ai croisée dans la rue, il y a longtemps que j’attendais ce moment: «Bonjour maman». Elle m’a répondu «Bonjour Madame» et a continué son chemin. Quelques années plus tard, mes demi-frères et sœurs m’ont contactée pour me signaler que ma mère était hospitalisée et qu’elle allait probablement mourir. Je suis allée la voir, elle était intubée par tous les trous: j’aurais pu hurler ma peine d’avoir été abandonnée, j’aurais pu lui cracher dessus. Au lieu de cela, je suis retournée la voir tous les jours, je la coiffais, je m’occupais de ses pieds, je la promenais. Je n’ai pas eu à lui pardonner. Ça s’est imposé tacitement… comme si elle m’avait offert ce pardon. C’était un pardon autodidacte. J’ai juste saisi l’occasion… c’est aussi ça la foi!

Aujourd’hui mère de quatre grands enfants, Claude Inga-Barbey partage sa foi avec Doris Ittig, sa complice de scène comme dans la vie: «Doris n’est pas croyante, mais ce n’est pas mieux: elle est superstitieuse. Le plus beau c’est que l’on est grand-mère de la même petite-fille depuis avril 2013. Nous sommes parties ensemble en vacances avec nos enfants respectifs et son fils s’est trouvé des affinités avec ma fille… Le pire c’est que l’on n’a rien vu venir».

J’ai besoin d’aller à l’église

«Aujourd’hui, je suis profondément croyante. Je vais à la messe tous les dimanches, dans l’église de ma paroisse. J’y vais même trois-quatre fois par semaine, en rentrant des courses, juste pour un temps de prière ou simplement pour allumer une bougie. J’ai besoin de ça, j’aime l’endroit, j’aime le rituel, ça m’apporte la paix.»

 

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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