Ces images éveillent en moi une atmosphère dans laquelle j’aimerais bien me projeter : «le désert, le pays aride, la steppe jubilent et fleurissent. Nous voyons la gloire et la splendeur de notre Dieu. Les yeux et les oreilles sont à nouveau ouverts et la langue crie de joie»
Ouvrir les yeux sur un avenir meilleur
Or le chapitre précédent du livre d’Isaïe est de toute autre nature. Il évoque la guerre, la destruction, le malheur. Toutefois, Isaïe ne souhaite pas seulement montrer ces situations mais aussi donner la possibilité à ceux qui l’écoutent d’ouvrir leurs yeux sur un avenir meilleur. Avec du courage et de l’espoir, ils reviendront de l’exil à la maison. «Dieu lui-même viendra vous sauver» dit Isaïe. Yahvé, qui est et qui vient, permet un nouveau départ. La nation d’Israël a pu faire l’expérience de la libération et du retour dans l’allégresse à Jérusalem. Ainsi s’accomplissait le profond désir du peuple d’Israël.
Désirs et souhaits
Comme le peuple d’Israël, nous avons des désirs et de la nostalgie. Pas forcément les images de déserts fleurissant et de steppes luxuriantes mais le souhait de vivre en paix en famille, dans un environnement sûr, en ayant la santé, la reconnaissance et l’estime.
Si nous regardons autour de nous cependant, au-delà des frontières ou tout simplement à côté de nous, certains n’ont pas accès à ces désirs simples ou ils en sont encore loin. Hier se déroulait dans toute la Suisse l’action de Caritas «un million d’étoiles». Des milliers de cierges ont été allumés pour attirer l’attention sur la pauvreté en Suisse. Le but recherché est de diviser en deux la pauvreté. Il y a encore beaucoup de choses qui ne sont pas résolus mais certaines sont sur un chemin prometteur. Car là où des personnes commencent à s’engager ensemble pour un avenir meilleur, là démarrent les grands espoirs. Toutefois, l’incertitude est souvent de mise : la voie choisie est-elle juste ?
Signes qui confirment la promesse
Jean le Baptiste avait également des incertitudes. Sa vocation était d’attirer l’attention sur Jésus. Il l’avait baptisé et disait de lui : «Je ne suis pas digne de détacher la courroie de ses sandales». Jean portait en lui le profond désir d’être témoin du Messie ; d’éprouver ce Jésus qui libérerait le peuple d’une main forte. Alors qu’il criait dans le désert, qu’il dénonçait l’injustice et qu’il parlait avec des mots simples et clairs, il fut jeté en prison.
Derrière les murs, Jean ne pouvait voir comment Jésus agissait. Il avait connaissance toutefois des actions de Jésus mais elles étaient estimées dangereuses et douteuses. Il envoie alors ses disciples pour lui demander : «es-tu celui qui doit venir ou devons-nous encore attendre ?» Jésus ne répond pas par oui ou par non. Il se réfère à ce qui se passe et dit : «Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles recouvrent la vue et les boiteux marchent ; les lépreux sont purifiés, les sourds entendent et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle». Oui ce que Jean avait annoncé se réalisait. Pas de la manière dont il l’imaginait mais les signes de Jésus confirmaient que sa promesse été remplie.
La manifestation de Dieu: différente de mes attentes
Jean est, avec sa question, proche de moi. Dieu se manifeste différemment de mes attentes et de mes représentations. Il vient à ma rencontre par le prochain, le malade, le souffrant, l’exclu, le marginal. Je rencontre aussi Dieu dans l’attente, le silence, la prière, dans la parole et dans le pain. Et c’est ce qui est chaque année captivant à l’approche de Noël : Dieu se fait homme pour nous rencontrer et nous répondre.
Mais qu’est-ce que j’entends et qu’est-ce que je vois ? Les yeux brillants des malades lorsqu’ils reçoivent une visite ; une nouvelle vie lorsque les exclus sont accueillis ; une éclaircie dans l’obscurité lorsque des pauvres sont aidés ; la paix dans le silence et le calme; la joie pour ceux qui cherchent et découvrent Dieu.
Les déserts et les steppes peuvent aussi fleurir chez nous.
(Traduction: Marie-Claude Cudry)
3e dimanche de l’Avent
Lectures bibliques : Isaïe 35, 1-6a.10 ; Psaume 145 (146) ; Jacques 5, 7-10 ; Matthieu 11, 2-11