Homélie du jour de Noël 2016 (Jn 1, 1-18 )

Mgr Rémy Berchier – Eglise Saint-Pierre-aux-Liens, Bulle, FR

 

Frères et Sœurs bien-aimés,

 

Les premiers mots de la Bible, les premiers mots du livre de la Genèse sont « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit. Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne et Dieu sépara la lumière des ténèbres. »

Les premiers mots de l’Evangile de Jean, les premiers mots de ce matin de Noël sont « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu… En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée… Le Verbe était la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde. »

La domination de la lumière sur les ténèbres

Quelle merveilleuse et divine similitude ! Quelle beauté de Dieu dans la continuité de la construction de l’histoire du Salut, de l’histoire de l’humanité !

Au premier jour de la Création, « le terre n’est que ténèbres », Dieu parle et appelle la lumière sur la terre. Pour saint Jean, dans l’Evangile, « La lumière brille dans les ténèbres et ceux-ci ne l’arrêtent pas ». On est déjà bien au-delà d’une séparation de la lumière des ténèbres, on est dans la domination de la lumière sur les ténèbres.

Dieu envoie  ce qu’il a de plus cher

Dieu avait parlé mais désormais Il envoie son propre Fils pour être le Verbe ! Mais « le Verbe était Dieu », ils ne font qu’un, comme le dira, avec force, plus tard, le même saint Jean. Et, de plus, au commencement, « le souffle de Dieu planait », l’Esprit-Saint. Voilà donc, dès le début, la Trinité, la lumière que Dieu appelait à la Genèse est, depuis cette nuit fulgurante. Jésus, l’Emmanuel, Dieu avec nous, « en Lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes… le Verbe était la vraie lumière ». Dieu avait parlé et on l’avait si peu entendu, alors Il envoie au cœur du monde ce qu’il a de plus cher, tout son Amour : son Fils unique pour donner la Vie et « la lumière qui éclaire tout homme ». La Parole de Dieu, le Verbe, s’est faite enfant, a pris notre chair, notre fragilité. Et il prend naissance, nous l’avons entendu cette nuit, dans le silence. Un silence éloquent parce que sa Parole a pris chair.

Jésus  conjugue la Parole du Père à tous les temps

Désormais, Dieu est Verbe ! Donc il donne sens à chaque phrase. Il donne sens à chaque vie d’homme. Jésus est Dieu, il est le Verbe. Accueillir sa Parole, c’est accueillir Dieu. Il conjugue la Parole du Père à tous les temps : au passé, en nous disant ce qu’il a été pour son Peuple ; au présent, en nous disant ce qu’Il est pour chacun de nous dans l’aujourd’hui de nos existences, dans l’ordinaire de notre quotidien et au futur, en nous disant ce qu’Il sera et l’Eternité qu’Il nous promet.

Ce Verbe, cette Parole, sont vie, sont lumière qui illumine et irradie tout homme. Cette Parole, comme l’enfant de la crèche, est à accueillir, à connaître, à aimer et à croire, c’est-à-dire à lui donner son cœur, elle est à fréquenter. Tel est Noël ! « le Verbe s’est fait chair ». Durant la nuit, saint Luc nous annonçait l’origine humaine de Jésus. Ce matin, saint Jean nous livre l’origine divine : « le Verbe était Dieu, l’Emmanuel est Dieu et Il a habité parmi nous ». L’Emmanuel est aussi homme. Désormais, l’habitation de Dieu est l’homme, en tout, excepté le péché.

La réponse d’amour de l’homme

Nous sommes là au cœur de l’histoire d’amour de Dieu pour l’homme. Le début était la Genèse et le sommet sera la Croix et la Résurrection. Mais pour qu’il y ait réciprocité dans l’amour, n’oublions pas ce que nous dit toujours le même saint Jean : « Dieu nous aime le premier », la réciprocité appelle la réponse d’amour de l’homme.

Saint Irénée dira : « le Verbe s’est fait chair pour que nous participions à sa divinité ». Il poursuit en disant : « le Verbe assuma notre nature, afin que lui, fait homme, fit des hommes dieux ». Et finalement, saint Athanase ira encore plus loin et dira : « le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous faire Dieu ». Alors oui, Joyeux Noël à chacune et chacun de vous. Joyeuse naissance et présence apaisante de l’Emmanuel en nos cœurs et en nos vies. Il agit en conjuguant ce Verbe qu’Il est à tous les temps. Il le conjugue toujours au temps le plus fort qui est l’AMOUR avec toutes ses déclinaisons possibles : la miséricorde, le pardon, la paix, la lumière, la joie, les dons et les fruits de l’Esprit-Saint.

Les ténèbres n’arrêtent pas la lumière

Le Christ conjugue, en lui, parfaitement le Verbe à tous les temps. Pour nous les hommes, la conjugaison est rendue encore difficile par nos ténèbres de la violence, de la haine, de la jalousie, de l’égoïsme. Mais les ténèbres n’arrêtent pas la lumière !

Jésus transparaît dans nos joies humaines, nos détresses et nos tendresses

« Un moine, Epiphane, devenu remarquable peintre d’icônes, voulait peindre le visage de Jésus. Mais il cherchait un modèle sans jamais pouvoir le trouver.

Un soir, il s’endormit, découragé, en répétant : « Je cherche, Seigneur, ton visage. Montre ton visage ». Un ange lui apparut et lui fit revoir certains visages rencontrés pendant ses longues recherches :

Telle est la beauté et la merveille de Noël : Jésus est le Verbe fait chair. Il est le tout de Dieu. Accueillons le Verbe en nous. Tournons-nous les uns vers les autres, ouvrons nos cœurs à tous, c’est bien cela Noël. Nous devenons, ensemble, par l’Emmanuel, « le Verbe fait chair habitant parmi nous ».

Il est Verbe dans les victimes innocentes des attentats et de la violence.

Il est Verbe dans la souffrance des chrétiens tués à cause de leur foi, martyrisés, chassés.

Il est Verbe dans la personne tordue de souffrance par la maladie ou la solitude.

Il est Verbe au cœur de l’amour blessé ou trahi.

Il est Verbe au cœur de nos joies et de nos fêtes.

 

A toutes et à tous, Joyeux Noël !


NATIVITE DU SEIGNEUR

Lectures bibliques : Isaïe 52, 7-10; Psaume 97; Hébreux 1, 1-6; Jean 1, 1-18


 

https://www.cath.ch/homelie-jour-de-noel-2016-jn-1-1-18/