Afrique: Déjà 3 millions de femmes et 500’000 enfants séropositifs (251192)

Terre des hommes lance sa campagne en faveur des « orphelins du sida »

Lausanne/Fribourg, 25novembre(APIC) Déjà 3 millions d’Africaines sont séropositives et l’OMS a estimé en 1990 à un demi-million les enfants infectés par le virus du sida. L’Afrique risque, dans une ou deux décennies,

d’être un continent peuplé de vieillards et d’orphelins si la progression

de la terrible épidémie n’est pas enrayée. Un tel scénario-catastrophe,

Terre des hommes/Lausanne veut contribuer à l’éviter par sa campagne annuelle lancée mercredi sur les thème des « orphelins du sida ».

L’Ouganda est l’un des 3 pays – avec la Tanzanie et le Rwanda – où Terre

des hommes a commencé une action de soutien aux associations locales qui

font face aux lourdes conséquences sociales de la pandémie et préparent

l’avenir dès avant la mort des parents, afin que les enfants puissent survivre et rester à l’école. Pour sensibiliser le public, l’organisation humanitaire a invité en Suisse une Ougandaise, Edith R. Natukunda-Togboa,

professeur de français à l’Université de Makerere, à Kampala.

« Seulement l’an dernier, nous avons perdu 40’000 personnes, victimes du

sida », témoigne la militante engagée dans la prévention du sida. Après

avoir visité les villages dans un certain nombre de provinces et étudié la

problématique des orphelins du sida, Edith Natukunda-Togboa estime que le

sida en Afrique est un sujet tellement tabou et marqué par l’environnement

et les traditions qu’une organisation étrangère ne peut pas intervenir sans

autre dans cette problématique.

Elle salue à cette occasion le fait que Terre des hommes soutienne les

organisations locales qui font de la prévention et de l’éducation populaire. C’est qu’il faut changer rapidement les mentalités: prôner la fidélité

au sein du couple et la responsabilité sexuelle, lutter contre les rapports

« à la légère » et contre des traditions qui favorisent la dispersion de la

maladie. Car on estime que certaines villes sont touchées à 20 ou 30 %,

comme Kampala ou la capitale rwandaise Kigali. Si les campagnes sont moins

affectées (on avance le chiffre de 12 % en Ouganda), les mouvements de populations et la destructuration sociale contribuent à propager le virus.

Toutes les couches socio-culturelles sont touchées. Ces derniers temps,

déjà 20 étudiants sont décédés officiellement du sida dans son Université

(qui compte 5’000 étudiants), sans compter des professeurs, dont le nombre

n’est pas connu parce que les familles maintiennent le silence sur la cause

du décès. Le fléau s’est répandu de diverses manières, essentiellement par

des rapports hétéro-sexuels sans contrôle, mais également par les transfusions sanguines avec des conserves de sang contaminées. Le pays se relève

d’une longue guerre civile destructrice qui a ruiné les infrastructures médicales. Beaucoup de malades et de blessés ont reçu à l’époque du sang non

contrôlé, faute de moyens. Aujourd’hui, les conséquences sont là.

Mais, dénonce l’intellectuelle de Kampala, certaines pratiques culturelles traditionnelles comme la polygamie ou les « rapports d’héritage » – quand

l’un des frères reprend la femme du frère décédé – favorisent la transmission du virus. Ces pratiques changent grâce aux campagnes d’éducation et à

la résistance de plus en plus grande des femmes, qui commencent à refuser

que l’on dispose d’elles sans leur consentement.

Une réalité nouvelle pour l’Afrique: la famille se disloque

Mais une réalité nouvelle pour l’Afrique, fruit du développement de la

« mercantilisation » des rapports sociaux et de la destructuration sociale

produite par la guerre, apparaît aujourd’hui: l’existence de véritables

orphelins. Les familles élargies – les clans – sont parfois tellement décimés par la maladie qu’ils ne peuvent plus prendre en charge les enfants

dont les parents sont décédés. Et plus grave encore, les liens se distendent, et l’on voit des veuves et des orphelins chassés de leurs terres, dépossédés de leurs biens.

Concernant les programmes de changements de mentalités que soutient le

gouvernement actuel, la promotion de la fidélité conjugale et de la responsabilité sexuelle est bien accueillie par la tradition africaine et les

Eglises chrétiennes. Quant aux campagnes pour le préservatif, elles suscitent des réserves dans certains secteurs, comme l’Eglise catholique. Mais

même là, souligne-t-elle, les mentalités changent et les Eglises font preuve aujourd’hui de davantage de compréhension et de miséricorde envers les

malades du sida et le discours n’en reste pas à la notion de culpabilité.

Reste que le préservatif est difficile à accepter dans la mentalité locale, et son efficacité dans le contexte ougandais est loin d’être totale.

Soeur Miriam Dagan, une religieuse franciscaine d’origine irlandaise – elle

même est gynécologue-obstétricienne et ancienne directrice de l’hôpital

catholique de Nsambya – a effectué une recherche dans le cadre du projet

sida à Kamwokya, dans la banlieue de Kampala: elle a rencontré 30 %

d’échecs! L’acte sexuel étant considéré comme un acte naturel, la tradition

africaine accueille difficilement le préservatif. D’où la nécessité en matière de prévention, conclut Edith Natukunda-Togboa, d’insister avant tout

sur les changements de mentalités et de comportements de la population.

(apic/be)

Pour soutenir l’action de Terre des hommes en faveur des orphelins du sida:

CCP 10-11504-8

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/afrique-deja-3-millions-de-femmes-et-500-000-enfants-seropositifs-251192/