Suisse: présentation du «Catéchisme de l’Eglise catholique» (161192)

« Un texte de référence sûr et authentique »

Lausanne, 16novembre(APIC) « Le catéchisme de l’Eglise catholique n’est

pas un météore, mais le fruit d’un longue histoire, le dernier acte du Concile », telle est la conviction de Mgr Pierre Mamie, président de la Conférence des évêques suisses et de Mgr Gabriel Bullet qui ont présenté lundi

matin, en avant-première à Lausanne, le nouveau catéchisme de l’Eglise catholique. L’ouvrage sera présenté officiellement le 7 décembre à Rome.

Le catéchisme de l’Eglise catholique offre une présentation « collégiale »

de l’enseignement du Christ dans un abrégé autorisé. Il est destiné en

priorité à encourager et à aider la rédaction de nouveaux catéchismes locaux qui tiennent compte des diverses situations et cultures, mais qui gardent avec soin l’unité de la foi et la fidélité de la doctrine catholique,

explique Jean Paul II dans la préface de l’ouvrage.

Pour illustrer la continuité dans laquelle s’inscrit le catéchisme, Mgr

Mamie avait amené un rayon de sa bibliothèque contenant les ouvrages nés du

renouveau de l’Eglise après Vatican II, depuis le missel de Paul VI jusqu’au code de droit canonique de l’Eglise latine publié en 1983. Après six

ans de travail intense, « ce texte de référence sûr et authentique », selon

les mots de Jean-Paul II, est aujourd’hui à disposition des pasteurs et des

fidèles. Mgr Mamie a souligné la collégialité du travail accompli. Les membres du comité de rédaction ne sont pas des gens de la curie romaine, mais

des évêques du monde entier ayant chacun une responsabilité pastorale. La

procédure de consultation a permis de recueillir 24’000 amendements, dont

111 de la part des évêques suisses, dont il a largement été tenu compte

dans la rédaction finale. Le président de la Conférence des évêques suisses

(CES) a prié les lecteurs de commencer par le dernier chapitre, celui consacré à la prière. C’est là que passe le souffle le plus fort qui permet

d’aborder le reste avec un regard de foi.

« Ce catéchisme nous obligera aussi à faire une réflexion en vue de la

préparation éventuelle de catéchismes particuliers pour la Suisse romande

adaptés à notre pays et à notre situation », a expliqué l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. « Ce que le cathéchisme dit de l’oecuménisme est,

par exemple insuffisant pour nous ». De même, les passages concernant la

drogue, le sida ou encore la question des étrangers méritent un enrichissement. « Il ne faut jamais oublier que la vérité divine ne peut pas être dite

toute entière avec des mots, toute la vérité de l’Evangile n’est pas dite

dans ce livre, » a encore insisté Mgr Mamie.

Un exposé parfois un peu scholastique

Mgr Bullet pour sa part a surtout salué l’ensemble « impressionnant et

remarquable » de ce catéchisme. Il n’est pas une affirmation qui ne soit

étayée par une citation biblique, par un texte conciliaire ou encore par

une référence à un saint ou aux pères de l’Eglise. Il a déploré néanmoins

l’ambiguité du mot catéchisme. Cet ouvrage est un exposé organique qui fait

abstraction des références culturelles, pédagogiques ou méthodologiques,

alors que dans l’acception courante, le terme catéchisme désigne plutôt un

ouvrage où le contenu et la méthode sont étroitement liés et adaptés à la

situation de chacun. Ambiguité renforcée par la très large diffusion de

l’ouvrage, voulue par le pape, l’éditeur Mame/Plon le distribuera à 220’000

exemplaires dans le monde francophone. Il sera disponible dans les grandes

surfaces et dans les gares. Il y a là un risque pastoral, admet Mgr Bullet.

L’absence d’adaptation aux réalités locales peut engendrer parfois un problème de rejet ou d’indigestion. Mais il serait également faux de donner

l’impression de vouloir cacher quoi que ce soit.

La partie concernant la morale est certainement déjà la plus discutée.

Même si le texte a tenu très largement compte des amendements proposés par

les évêques, Mgr Bullet estime que cette partie manque un peu du souffle

que l’on trouve dans celle consacrée à la prière. Une meilleure explicitation du cheminement et de l’évolution des personnes auraient été souhaitable. La complexité de la conscience humaine n’est pas toujours suffisamment

prise en considération, explique-t-il. Il serait cependant inacceptable et

injuste d’en tirer un paragraphe ou une phrase pour les critiquer et taxer

l’Eglise de rétrograde. Toutes les affirmations sont orientées autour de

deux axes: la dignité de la personne humaine et l’appel universel à la

sainteté. Des problèmes nouveaux comme la bioéthique, la peine de mort, la

légitime défense, l’antisémitisme ou encore le rapport entre la science et

la foi sont abordés. Pour Mgr Bullet, le catéchisme ne ferme pas l’ouverture, ne stérilise pas la recherche théologique ultérieure, il ne saurait

avoir le dernier mot en tout. Il est plutôt un état de la situation actuelle de l’enseignement de l’Eglise et ne préjuge pas de l’évolution de la

doctrine. « Il ne faut pas minimiser, mais il serait faux également de majoriser un tel document », ajoute-t-il en conclusion. (apic/mp)

« Catéchisme de l’Eglise catholique », Rome/Paris, 676 p. Mame/Plon Prix officiel 45,50 francs.

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