En Terre Sainte, le rêve d'une cohabitation pacifique s'estompe

En Terre Sainte, la situation politico-religieuse ne cesse de se détériorer. Le «rêve d’une cohabitation pacifique» s’estompe chaque année un peu plus, explique Erwin Tanner. De retour de la dernière visite des Conférences épiscopales européennes, qui a lieu chaque année en janvier depuis 1998, le secrétaire général de la Conférence des évêques suisses (CES) rappelle l’importance de soutenir ces populations.

Pour Erwin Tanner, interviewé par kath.ch, la situation politique en Terre Sainte est «perceptiblement tendue». «L’avenir incertain et la méfiance communautaire façonnent le quotidien des populations de diverses traditions religieuses. Année après année, je constate que de nouveaux murs ont été érigés, assure-t-il. Le rêve d’une cohabitation pacifique entre personnes de différentes cultures s’éloigne toujours plus».

Le secrétaire général de la CES évoque également la difficulté que rencontrent les chrétiens. «Leur nombre diminue. Ils sont pris dans les tensions entre Israéliens et Palestiniens. Ils sont également confrontés à des difficultés économiques croissantes». Dans ce contexte, les pèlerinages représentent une lueur d’espoir. «Nous devons absolument le porter avec eux. Nous devons les soutenir avec des paroles claires et des actions tangibles».

Solution à deux Etats: la désillusion

Erwin Tanner assure que «les évêques tiennent à poursuivre le dialogue avec des acteurs politiques et religieux dans un climat de prudence et de charité» sans perdre de vue que certains souhaiteraient rallier les visiteurs à leur cause. «Vous pouvez vous informer de manière impartiale sur des questions complexes et parfois confuses tout en traitant les personnes rencontrées sur un même plan d’égalité, de justice et de dignité», assure-t-il.

La solution à deux Etats a également été évoquée. «La désillusion se répand. Malgré la résolution de l’ONU du 23 décembre dernier, la construction des colonies israéliennes se poursuit à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Les territoires palestiniens sont divisés, voire «perforés» par les colonies juives, ce qui empêche la cohérence nécessaire à la construction d’un Etat».

Ce sont également les conséquences du déménagement de l’ambassade américaine, de Tel Aviv à Jérusalem, qui ont été abordées. Si ce projet du nouveau président des Etats-Unis aboutissait, «il susciterait probablement une vague de violence, estime Erwin Tanner. Et la solution à deux Etats serait définitivement repoussée».

Au terme du voyage, les évêques en appellent à la responsabilité des chrétiens en Europe. «Celle de s’informer, de prier et d’agir afin que le dialogue, la justice et la paix soient promus en Terre Sainte», résume Erwin Tanner.


«Nous avons tous la responsabilité de nous opposer à la construction de colonies»

Une délégation de douze évêques européens s’est rendue en Terre Sainte en janvier 2017. Dans le communiqué final, il évoquent le «scandale» de l’occupation des territoires palestiniens. «Depuis cinquante ans la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza subissent une occupation qui viole la dignité humaine aussi bien celle des Palestiniens que des Israéliens». «Nous ne pourrons jamais nous habituer», font savoir les évêques.

«Nous avons tous la responsabilité de nous opposer à la construction de colonies, poursuivent-ils. Cette annexion de fait des terres compromet non seulement les droits des Palestiniens dans des territoires comme Hébron et Jérusalem-Est, mais, comme l’ONU l’a récemment reconnu, met également en péril les chances de paix».

L’évêque de Bâle, Mgr Felix Gmür de la Commission nationale suisse Justice et Paix, était sur place, accompagné d’Erwin Tanner, secrétaire général de la CES. (cath.ch/kath.ch/ms/pp)

Pierre Pistoletti

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