Saint-Maurice ouvre la châsse aux mystères

«A l’occasion de sa restauration, nous espérons faire parler cette châsse», indique le chanoine Olivier Roduit, procureur de l’Abbaye de Saint-Maurice (VS), le 29 janvier 2017. Trois ans de travaux permettront peut-être d’en savoir plus sur le coffre qui contient les reliques de saint Maurice, notamment la date de sa fabrication.

Le premier des mille clous qui maintiennent les plaques d’argent a été enlevé, marquant ainsi le lancement des travaux de restauration de la grande châsse de l’Abbaye. Les panneaux en argent plaqués sur le coffre en bois vont être démontés puis nettoyés et restaurés. Les travaux, prévus sur trois ans et menés par Denise Witschard, conservatrice-restauratrice du trésor et Romain Jeanneret qui lui succèdera à ce poste, vont redonner tout son éclat d’origine à la châsse. La restauration effectuée à l’atelier de l’Abbaye, devrait également permettre de résoudre les énigmes liées à l’origine de l’artefact.

Une châsse qui reflète plusieurs époques

La restauration annoncée suit une étude historique préliminaire effectuée par le conservateur ad interim du Trésor de l’abbaye, le Professeur Pierre Alain Mariaux. «Cette châsse recèle encore bien des mystères, explique le chanoine. On y trouve trois groupes d’éléments bien distincts dont le style et l’agencement correspondent à différentes époques». Le Christ en majesté sur un des pignons (petit côté du coffre) et les deux grands côtés datent du 12è siècle. Les médaillons du toit remontent probablement au 17è siècle et la Vierge, visible sur l’autre pignon, n’est pas datée. Le travail devrait permettre d’en savoir plus sur ces différents éléments. L’étude sera menée en partenariat avec l’Université de Neuchâtel où enseigne le professeur Mariaux.

Datation précise du bois

Une autre phase du projet consistera à dater très précisément le bois avec lequel est fabriqué le reliquaire. Les archives de l’abbaye n’ont pas permis de dater exactement la constitution de la châsse. «Une théorie en fixe la fabrication au 17è siècle, une autre au 12è siècle», détaille Olivier Roduit. L’équipe va utiliser la technique de dendrochronologie, une méthode permettant de dater précisément le bois.

«Nous ne savons pas encore quand nous allons procéder à l’ouverture du coffre pour une ‘visite’ des reliques. Nous nous lançons dans une grande aventure. Nous avancerons au fur et à mesure des découvertes que nous ferons». L’équipe estime sans certitude que la dernière ouverture remonte au 17è siècle. «Nous le saurons précisément puisque nous devrions trouver dans le coffre un manuscrit donnant l’information». Des facteurs tels que l’état de conservation des ornements et du coffre vont être déterminants dans l’avancée des travaux.

La grande châsse restera à l’atelier durant les travaux et ne sera donc pas visible lors de la procession de la fête patronale de l’Abbaye, le 22 septembre. Les travaux sont devisés à 600’000 francs. «C’est une somme très importante pour la seule Abbaye. Nous envisageons de faire appel aux dons», confie Olivier Roduit. (cath.ch/bh)

Bernard Hallet

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