N’abandonnons pas Amoris laetitia à ses détracteurs

Il y a quelque temps, j’écrivais un travail sur l’exhortation apostolique Amoris laetitia, ce texte écrit par le pape François après le synode des évêques de 2014 et 2015 sur la famille et la «joie de l’amour». J’étudiais même des numéros particulièrement sensibles (à savoir 301 à 303) qui ont beaucoup fait parler d’eux car ils touchent, entre autres, à la question tant commentée des divorcés-remariés. Le pape François y explique par exemple qu’il ne faut plus parler de «situations irrégulières», terme qui était (est) beaucoup utilisé dans l’Église pour parler des divorcés-remariés ou encore des personnes qui vivent en concubinage, etc.

J’ai été frappée par tout ce que cette exhortation pouvait contenir, révéler et proposer. Il me semble que c’est dans ce genre de textes qu’on perçoit avec force l’importance de la présence de l’Église dans notre monde, son aptitude à parler aux femmes et aux hommes de son temps, sa connaissance de ce qui fait une vie humaine, ses aspirations et ses faiblesses, ses déceptions et ses réussites.

«Cette méfiance surreprésentée à l’égard du texte final est bien loin de la réalité.»

En faisant mes recherches, j’ai été vite saisie par la façon dont l’exhortation est présente sur internet. La plupart des sites un peu travaillés ne font qu’exprimer leur mécontentement vis-à-vis du texte final, demandent au pape d’en modifier des passages ou ne visent qu’à susciter la polémique. D’autres encore appuient ou relayent activement les propos de 4 cardinaux hostiles au texte final et qui n’en finissent plus depuis de manifester leur désaccord.

Cette méfiance surreprésentée à l’égard du texte final est pourtant bien loin de la réalité. La pastorale du discernement à laquelle Amoris laetitia appelle porte déjà de nombreux fruits mais ils sont trop méconnus. Comme l’écrit si bien François: «Le discernement doit aider à trouver les chemins possibles de réponse à Dieu et de croissance au milieu des limitations. En croyant que tout est blanc ou noir, nous fermons parfois le chemin de la grâce et de la croissance, et nous décourageons des cheminements de sanctifications qui rendent gloire à Dieu. Rappelons-nous qu’ «un petit pas, au milieu de grandes limites humaines, peut être plus apprécié de Dieu que la vie extérieurement correcte de celui qui passe ses jours sans avoir à affronter d’importantes difficultés»» (n°305).

François l’a vivement rappelé: la sainteté est un chemin; notre élan vers Dieu est une dynamique qui ne peut pas être cristallisée à un instant T de notre histoire, que cet instant T soit un moment de grande grâce dans notre vie spirituelle ou de grande difficulté. Impossible de nous contenter de cet état de grâce ou de péché, puisque nous ne sommes pas arrivés au bout du chemin tant que nous vivons. François et avant lui Benoît XVI aussi ont des mots très durs pour ceux qui s’imaginent juste et croient pouvoir se complaire dans cet état. Au-delà de l’orgueil que cela représente, c’est avoir une conception bien naïve de la vie et de ses aléas.

Ce n’est donc pas parce que la pastorale du discernement se fait dans le secret des foyers ou des églises qu’elle ne s’est pas propagée un peu partout. Elle a invité chaque catholique à revoir l’accueil fait à ceux dont le chemin de vie est plus sinueux et surtout à faire son propre examen de conscience. Tous, nous avons à nous convertir sans cesse… Et nous sommes bien nombreux à avoir été émerveillés et réconfortés par ce magnifique texte d’Amoris laetitia. Alors n’ayons pas peur de le partager!

Marie Larivé | 31.01.2017

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