Evangile de dimanche: lumière du monde

«Vous êtes la lumière du monde!" Voyez-vous ça! Quelle  prétention, quel culot pour parler vulgairement! Comment ce ramassis de Galiléens, rassemblés un jour autour d’un prédicant ambulant pourraient-ils entendre sans rire cette déclaration qui leur est adressée. Et même nous autres, inscrits dans le sillage de ces pauvres Palestiniens, oserions-nous prétendre que nous sommes «la lumière du monde»? J’entends déjà les ricanements de nos voisins sans-Dieu ou sans religions.

Mais la difficulté se corse quand je mets en parallèle ce verset de l’évangile de Matthieu avec une affirmation solennelle que l’évangile de Jean met à deux reprises sur les lèvres de Jésus: «Je suis la lumière du monde«. Si c’est Lui qui est la lumière du monde, ce ne sont donc pas les disciples qui l’entourent sur la montagne, ni, à fortiori, nous autres qui prétendons prendre leur relève dans ce monde qui est le nôtre. Ou pour reprendre les mots du Prologue du quatrième évangile: «Le  Verbe était la vraie lumière qui en venant dans le monde illumine tout homme«. Et l’évangéliste de préciser en insistant que Jean-Baptiste n’était pas la lumière, mais seulement le «témoin de la lumière». Ce qui est bien différent.

Nous ne sommes que des porte-lanternes, non des sources lumineuses.

Voilà qui pourrait nous aider à comprendre ce paradoxe provocant du Sermon sur la Montagne. Le disciple ne peut être appelé lumière du monde que s’il réfracte ou reflète la lumière qui éclate d’abord sur le visage du Christ, «splendeur de la gloire du Père». Nous ne sommes que des porte-lanternes, non des sources lumineuses. Nous ne pouvons éclairer que si nous sommes nous-mêmes éclairés. Savez-vous que la Lettre aux Hébreux donne aux baptisés le nom d’»illuminés», ceux dont le pardon et la parole de Dieu font rayonner le visage de l’homme et le transforme en puits de lumière pour «ceux qui marchent encore dans la nuit et à l’ombre de la mort«. Voilà donc notre baptême pris au sérieux. Non pas une formalité familiale, ecclésiale à la rigueur, mais un flambeau lumineux qui brille dans le monde parce qu’il nous a d’abord illuminés.

Mais ne nous contentons pas de formules abstraites. Matthieu précise que ce sont nos belles et bonnes œuvres de baptisés qui éclairent la route de ceux qui sont encore dans la nuit. Et tout d’abord ceux qui logent dans notre propre maison. Vous vous  interrogez peut-être, comme cette grand-mère seule chrétienne pratiquante au sein de son giron familial, comment vous pourriez évangéliser les vôtres. Vous avez la réponse : illuminez votre foyer par des œuvres qui rayonnent de la joie évangélique. Le reste ne vous appartient pas. Et si, responsables dans l’Eglise, vous vous demandez comment vous pourriez briller sur la montagne, ce ne sera pas forcément par vos discours enflammés ou vos publications remarquées, mais par le courage et l’audace que vous aurez mis en oeuvre  pour témoigner de la liberté et de l’éternelle nouveauté de l’évangile.

Guy Musy | 03.02.2017


Matthieu 5, 13 -16

13 « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens.

14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.

15 Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.

16 De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.

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