Daniel Pittet face au public

Une centaine de personnes se sont réunies le 16 février 2017 pour entendre le témoignage de Daniel Pittet. Une soirée débat au Collège St-Michel à Fribourg durant laquelle le public a participé activement. L’occasion pour le protagoniste de partager des révélations inédites.

La victime du Père Joël est pour la première fois face à un public. Il fallait s’attendre à des réactions explosives. Aux côtés de Daniel Pittet, Micheline Repond, qui a mis en mots son histoire dans le livre «Mon Père, je vous pardonne».

Le philosophe Georges Savoy, chargé de modérer la table ronde, demande d’emblée: «Qui êtes-vous?». «Je suis une femme, touchée par les sujets sensibles.», répond Micheline. «Je suis un pauvre type, comme je l’ai dit au pape, mais grâce au pardon, je suis devenu un homme debout», ajoute Daniel.

«Pour moi, vous êtes un mystère»

La parole est donnée au public, majoritairement féminin. Les commentaires sont bienveillants. Comme celui de cette participante: «Pour moi, vous êtes un mystère! Votre pardon m’intrigue! Comparé à vous, mon pardon est limité». Daniel Pittet confiera plus tard à cath.ch que cette dame a aussi été abusée. Durant la soirée, quatre victimes de pédophiles vont s’annoncer discrètement auprès de lui.

Un public varié

Les participants viennent d’horizons variés. Il y a des proches de Daniel, des amis de longue date, des curieux ayant découvert son histoire par les médias, des habitués des conférences du Centre spirituel Ste-Ursule, la presse et plusieurs congrégations religieuses. Malgré la présence de frères capucins, carmes, et de sœurs ursulines ou de St-Vincent-de-Paul, certains déplorent une faible présence de la part de responsables ecclésiaux et religieux.

«Pour moi, vous êtes un pauvre type…»

Par-dessus tout, le pardon de Daniel interpelle. D’autres interventions se font entendre dans l’aula. «Vous avez su intérioriser, non pas l’amertume, mais l’espérance», dit Michèle. «Pour moi, vous êtes effectivement un pauvre type… mais riche, lance Maurice. Riche d’avoir pu vous relever et développer l’amour des autres» Ou encore Joyce: «Vous osez montrer votre fragilité au monde, c’est un exemple pour nous».

Polyxéni, une étudiante en théologie, a été fascinée par la démarche de Daniel Pittet. Originaire d’Athènes, elle lui a proposé de traduire son livre en grec. «Il a accepté ma demande et va chercher un éditeur en Grèce», se réjouit-elle.

«Comme ça je peux mourir…»

Le quotidien de Daniel s’enflamme. Sa boîte aux lettres déborde d’une cinquantaine de lettres chaque matin. «Un des plus beaux courriers que j’ai reçu m’a été adressé par un certain cardinal Barbarin de Lyon«, relève-t-il. Le cinquantenaire a également reçu beaucoup d’appels téléphoniques de victimes ces derniers jours.
Parmi eux, il évoque celui d’une femme de 90 ans, abusée dans son enfance par son père: «Je n’avais jamais parlé. Je vous le dis aujourd’hui, comme ça je peux mourir». De nombreux témoignages bouleversants le mettent face à sa responsabilité de lanceur d’alerte, d’une certaine manière.

L’impact médiatique

De son côté, la journaliste Micheline Repond espère une prise de conscience générale en matière d’abus sexuels sur les mineurs. Etant donné l’impact médiatique de «l’affaire Pittet», elle redoute toutefois qu’il prenne une ampleur démesurée.

Organisée à Fribourg par le Centre spirituel Ste-Ursule, la table ronde a dû s’exporter d’urgence dans l’aula du Collège St-Michel. La salle habituelle n’aurait pas pu accueillir dignement la centaine de participants. Face à l’onde de choc médiatique produite par le livre-événement de cette semaine, les organisateurs se sont préparés d’éventuels débordements. Et Daniel Pittet d’avouer en fin de soirée: «J’ai eu la boule au ventre durant toute l’après-midi». (cath.ch/gr)

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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