Michel Aoun en visite officielle au Vatican le 16 mars 2017

Le président libanais Michel Aoun sera reçu en audience privée par le pape François le 16 mars 2017, à l’occasion de sa visite officielle au Vatican, a confirmé le Bureau de presse du Saint-Siège. Il s’agit de la première visite en Europe du chef d’Etat libanais depuis son accession au pouvoir le 31 octobre 2016.

Outre la rencontre avec le souverain pontife prévue pour le 16 mars, un entretien avec le secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, est au programme de cette visite. Le président doit également participer à une messe à l’église Saint-Maron à Rome. Une réception sera ensuite tenue en son honneur à l’Institut Maronite.

Selon le quotidien libanais francophone L’Orient-Le Jour du 13 mars 2017, plusieurs sujets seront au cœur des discussions entre le président libanais, chrétien maronite, et le pontife. Les deux hommes devraient notamment échanger sur la situation des chrétiens dans le pays et dans tout le Proche-Orient, ainsi que sur leur exode en raison des conflits en Syrie et en Irak.

Préserver le rôle des chrétiens

A ce sujet, affirme le journal libanais, le président Aoun, 82 ans, devrait réaffirmer au pontife que «les chrétiens du Liban sont une constante du pays, et toutes les autres communautés religieuses insistent sur la nécessité de préserver leur rôle», malgré la diminution de leur importance démographique. Depuis la signature du Pacte national en 1943, les chrétiens alors majoritaires n’ont cessé de voir leur nombre diminuer jusqu’à passer en dessous de 50%, du fait de leur exode et de l’évolution démographique qui a vu la forte progression des chiites au cours des dernières décennies, désormais la communauté la plus nombreuse du Liban.

La place de ces réfugiés devrait donc être également au menu des discussions entre Michel Aoun et le pape François, «ainsi que les répercussions de ce déplacement massif sur la démographie et la densité carcérale, de même que l’infiltration de terroristes dans les rangs des réfugiés».

Alors que la population du Liban est estimée à environ 4 millions d’habitants, le pays héberge près d’un demi-million de réfugiés palestiniens et 1,8 million de réfugiés syriens, dont 28% sont âgés de moins de cinq ans.

Le poids des réfugiés

Selon L’Orient-Le Jour, Michel Aoun devrait ainsi demander au successeur de Pierre d’intercéder auprès des pays occidentaux, afin qu’ils œuvrent au retour de ces réfugiés dans leurs pays respectifs.

Concernant la politique intérieure du pays, l’ancien général Michel Aoun devrait revenir sur l’alliance entre les deux partis politiques chrétiens – son Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises (FL) de Samir Geagea – qui a permis son élection en octobre dernier, la candidature du fondateur du CPL étant finalement soutenue également par le courant du Futur, le Hezbollah et le Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt. Le pays était en effet resté sans chef d’Etat pendant près de deux et demi, depuis la fin du mandat de Michel Sleiman en mai 2014. Ce poste est constitutionnellement réservé à un chrétien maronite.

La candidature du fondateur du Courant patriotique libre étant finalement soutenue par les Forces libanaises, le courant du Futur, le Hezbollah et le Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt.

Un pays en «danger existentiel»

Selon Mgr François Eid, procureur du patriarcat maronite près le Saint-Siège, cité par le site d’information vaticane Rossoporpora le 13 mars, le Liban est actuellement en «danger existentiel». Et ce en raison de trois menaces: le conflit israélo-palestinien qui a «dégénéré en un affrontement israélo-arabe», notamment avec le Hezbollah; le «grave conflit politique entre sunnites et chiites»; le «risque d’infiltration terroriste», surtout dans les camps de réfugiés syriens. Mgr Eid a par ailleurs déploré que l’armée régulière libanaise soit «privée d’armes de qualité». Le prélat a ainsi fait part de ses craintes pour l’identité libanaise.

Lors de cette audience avec le pape, Michel Aoun devrait d’abord être reçu avec sa famille puis accompagné de la délégation libanaise. Selon L’Orient-Le Jour, le président du Liban devrait ensuite poursuivre ses entretiens avec le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, et Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États de la secrétairerie d’État. Le président Aoun souhaiterait que le Saint-Siège essaie de forcer Israël à se retirer des territoires qu’il occupe au Liban-Sud. Le rôle du Hezbollah dans la lutte contre l’État hébreu sera également évoqué. Alors que traditionnellement le président du Liban se rend à Paris pour son premier déplacement en Europe, Michel Aoun a choisi de se rendre au Vatican. Cette décision, explique encore le quotidien libanais, est due à la proximité des prochaines élections présidentielles françaises. (cath.ch/orj/imedia/xln/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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